Des futures colonies en manque d’animateurs. Le métier attire moins depuis la crise de la COVID. Quelque 23 500 jeunes ont été formés en 2020 par l’Union Française des Centres de Vacances (UFCV), contre 30 000 en temps normal. On fait le point sur la situation en Auvergne-Rhône-Alpes.
Un phénomène paradoxal. " D’un côté, on a des séjours de vacances qui se remplissent vraiment bien, et de l'autre, il manque des animateurs." C’est le constat dressé par Céline Janique, responsable des formations BAFA/D de l’Union Française des Centres de Vacances (UFCV) Auvergne-Rhône-Alpes. En effet, le secteur de l’animation, comme de nombreux autres, rencontre des difficultés de recrutement. Les animateurs comme les directeurs manquent à l'appel, " particulièrement les animateurs diplômés".
Un manque de 36% pour les séjours adaptés
La présence de ces derniers est essentielle. Si une structure peut embaucher des animateurs non diplômés, ceux en possession d'un BAFA ou en formation d'un BAFA, doivent représenter un nombre suffisant afin de répondre à la réglementation d’encadrement. Cette problématique est directement liée à la crise. "Durant la COVID, on a nettement moins formé d'animateurs. Il y a eu beaucoup de sessions annulées […] donc ça se reporte forcément sur les accueils collectifs de mineurs" relate la responsable des formations BAFA de l'UFCV d'Auvergne-Rhône-Alpes.
Ces structures ne sont pas les seules à souffrir du manque d’encadrement. Dans la région, les séjours adaptés, pour les personnes en situation de handicap, sont aussi impactés. Une situation nouvelle que décrit Céline Janique. "On sait aujourd'hui, que sur les séjours adaptés, à l’échelle nationale, on a à peu près 64% de nos équipes qui sont constituées. Et il manque à peu près 36%. Ce qui représente quand même 500 animateurs. C'est 7% de plus que l'année précédente."
Déjà face à cette situation en 2021, le phénomène était moins palpable du fait du nombre de séjours moins important. Cette année, "on est à nouveau sur une saison classique" explique Céline Janique, donc "ça se ressent encore davantage".
Le salaire peu attractif parmi raisons de ce phénomène
La baisse du nombre de jeunes formés n’est pas la seule raison des effectifs diminués. Celle qu’invoquent ces derniers est le salaire non attractif, même s'ils sont très intéressés par l'animation. Céline Janique raconte les retours qu'elle a eus. "Avant, ils faisaient le choix de se dire 'je fais Juillet/août en animation'. Maintenant ils font plus le choix de se dire 'je vais faire une colo en juillet, mais je vais plutôt faire une mission intérim dans laquelle je gagnerai plus le mois d'après' ". Par ailleurs, obtenir son BAFA est coûteux. En fonction du type de formation (pension complète, demi-pension, externat), celle-ci varie entre 750€ et 1000€.
Pour faire face à cette pénurie, plusieurs aides ont été mises en place, par la région et les départements. "La CAF du Puy de Dôme a revu son aide à la hausse". Des accompagnements qui s’ajoutent au dispositif de l’Etat. Ce dernier donne une aide financière de 200 € pour tous ceux ayant entamé une formation BAFA entre 2020 et 2021, sans aucune condition de ressources. Le but, les inciter à finir leur cursus.
Avec ces aides, Céline Janique veut croire à une remontée des effectifs. Et certaines données donnent espoir. "On a repris une année classique sur les formations. Je pense que déjà l'année prochaine, on devrait avoir une situation qui s'améliore. On voit qu'on a énormément d’inscrits sur nos formations". De plus, la question du salaire des animateurs fait désormais l’objet d’une des mesures soumises au secrétariat d’État à la Jeunesse.