À quelques jours de la Toussaint, comment passer à côté du chrysanthème ? Cette fleur aux couleurs vives reste l'indéboulonnable des ornements de cimetières. Mais il s'en vend de moins en moins.
Avec les beaux jours de cette fin octobre, le temps est idéal pour fleurir les tombes des défunts. Pour cela, quoi de mieux que l'indémodable chrysanthème. Plus de 20 millions de chrysanthèmes sont achetés chaque année en France par sept millions de foyers. Ce qui représente un revenu de près de 180 millions d'euros.
Selon le réseau des nouvelles du marché (RNM) le prix moyen peut varier de 4,30 euros en moyenne pour un pot de Pomponette de 19 cm à 10,50 euros pour le pot de six à sept fleurs en coupe.
30 000 chrysanthèmes déjà vendus sur 40 000
Sous la serre baignée de lumière, René De Winter donne un dernier coup de collier. Le fondateur des serres De Winter à Mont-Saint-Sulpice (Yonne) sait que c'est le moment ou jamais de regarnir les étals de sa pépinière.
L'incinération, un frein pour le marché du chrysanthème ?
Si les premiers chiffres semblent satisfaisants d'un œil extérieur au secteur, il ne l'est pas. Le fait est que les ventes stagnent, "alors que les clients eux augmentent", complète René De Winter avant de se lancer dans une explication : "On vend de moins en moins de chrysanthèmes à cause de l’incinération. Ce n’est plus comme avant, il y a de plus en plus d’incinérations. Il n’y a plus de place dans les cimetières."
On arrive à maintenir la même quantité de chrysanthèmes qu’il y a des années, mais avec beaucoup plus de clients, donc cela baisse.
René De Winterfondateur des serres De Winter
En 2023, un sondage Ifop en partenariat avec Plaque décès donnait cette information : "Un Français sur deux préférerait être crématisé (50%) plutôt qu’enterré, une proportion qui a plus que doublé depuis 1970". Des chiffres qui confirment donc la tendance décrite par le pépiniériste.
Les traditions restent tenaces chez les seniors
Pourtant, parmi les clients qui circulent dans les allées le caddie chargé de fleurs, certains ont une idée claire de la place et de la fonction des chrysanthèmes. Un couple a rempli son chariot entièrement. Des pétales de toutes les couleurs se confondent sur la charrette métallique. Ce couple doit parcourir de nombreux kilomètres dans toute la France pour aller garnir les tombes de toute la famille.
"On marque tout le temps le premier novembre", assure l'homme. "J'estime que c’est logique qu’on ait au moins une pensée pour les amis qui ont disparu." Le couple de retraités accorde même la couleur au genre du défunt. "Si c’est une femme ce sera des chrysanthèmes fuchsia, et si c’est un homme il y aura une touche de jaune", confie la dame, en charge de la répartition des teintes.
Au regard des chiffres annoncés par René De Winter et de l'engouement des clients pour les plantes d'ornement, il semble que le chrysanthème sera encore le roi des cimetières pour la Toussaint, au moins cette année.