Déconfinement : pourquoi certaines mairies ne rouvriront pas leur école dans le Puy-de-Dôme

Toutes les écoles ne rouvriront pas leurs portes le 11 mai prochain, ni la semaine d'après. Certaines communes du Puy-de-Dôme refusent de faire coïncider déconfinement et reprise des cours. Elles repoussent donc la rentrée scolaire au 1er septembre prochain.
 

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Comme tous les maires, Jean-Pierre Sauvant s’est plongé dans le protocole sanitaire publié par le ministère de l’Education Nationale. Soixante-trois pages dans sa première version, 54 dans sa version définitive, de préconisations et de mesures à mettre en place pour l’accueil des élèves en toute sécurité. Mais rapidement, la tâche paraît impossible à l’élu de Chadeleuf au sud de Clermont-Ferrand. Son école en regroupement pédagogique avec Pardines et Sauvagnat-Sainte-Marthe compte 105 élèves.
« Il y a un certain nombre de conditions matérielles qu’on n’est pas en mesure de remplir. Par exemple les problèmes de distanciation d’1 mètre, les problèmes de circulation dans les locaux, les problèmes de nettoyage des poignées de portes, des interrupteurs… En plus nous avons deux personnels municipaux et une enseignante qui n’auraient pas repris. » S’ajoutent l’impossibilité de faire fonctionner la cantine et les transports scolaires. Autant de raisons qui ont pesé dans la balance. Le maire de Chadeleuf a donc pris un arrêté municipal le 2 mai dernier : « la réouverture de l’école de Chadeleuf est reportée au mardi 1er septembre 2020 »

Position partagée par la commune de Saint-Floret à quelques kilomètres de là. Maguy Lagarde non plus ne rouvrira pas l’école. Pour cette maire responsable de l’accueil de 45 enfants (RPI avec Saint-Vincent), « ça n’est pas raisonnable de faire prendre des risques à des enseignants ou des personnels communaux ainsi qu’aux enfants quand on n’a pas toutes les règles sanitaires exigées par l’Etat. » En l’occurrence c’est surtout la distanciation qui pose problème : « 4 m2 par élève ça n’est pas possible dans nos locaux… On ne peut accueillir que très peu d’élèves… et alors comment choisit-on quel élève on accueille en priorité ? Ou c’est pour tout le monde ou c’est pour personne. Je ne vois pas pourquoi certains devraient venir et pas d’autres. »
 

Le soutien des parents d’élèves

« On a pris cette décision la mort dans l’âme en concertation avec les enseignants » explique Jean-Pierre Sauvant, le maire de Chadeleuf après avoir vérifié qu’aucun enfant n’était en rupture avec son enseignant. « Notre souci, ce sont les enfants. A partir du moment où on s’est assuré qu’aucun enfant de la commune n’était perdu dans sa scolarité, on n’a pas tergiversé. Si on avait eu des enfants en rupture, on n’aurait peut-être pas agit comme ça. »

A Saint-Floret également, l’école à distance semble plutôt bien fonctionner. « Ca m’a vraiment fait mal au cœur de garder l’école fermée mais je regarde d’abord la sécurité des enfants » précise Maguy Lagarde. La maire de Saint-Floret épluche le courrier dans lequel elle reçoit le soutien de la plupart des parents d’élèves. « « J’ai bien pris connaissance de l’arrêté municipal et salue la décision pour le bien-être de tous"… lit-elle en exemple… C’est une maman qui nous répond ça. « Nous croyons très fort aux vertus de l’école pour tous, soyez assurés de tout notre soutien… »  Dans 80% des cas, les parents d’élèves sont satisfaits de notre décision. »

Une rentrée en septembre... ou avant

«  Ceux qui rouvrent les écoles je leur tire mon chapeau. C’est très bien quand on peut le faire, mais quand on a un doute, il vaut mieux ne pas le faire » estime la maire de Saint-Floret. Ces communes souhaitent mettre à profit les mois qui viennent pour préparer au mieux une rentrée en septembre.  « J’ai acheté par exemple des essuie-mains électriques, il faut encore les poser. Je vais continuer à acheter de quoi sécuriser la rentrée de septembre » explique-t-elle.

A Chadeleuf aussi, le maire regrette le délai imparti : « c’est beaucoup trop court pour mettre sur pied tout le protocole sanitaire ! » La commune souhaite profiter de l’été pour s’organiser mais n’exclut pas d’ouvrir son école dans trois semaines. « On a prévu de faire un point fin mai. Si la situation évolue favorablement, on sera en mesure d’ouvrir les 4 dernières semaines. On y verra plus clair."
 

Souplesse et dialogue

Mais pour l’instant, les arrêtés municipaux indiquant la non-réouverture des écoles n’ont pas reçu l’aval de la préfecture. Même si Emmanuel Macron en visite dans une école des Yvelines le 5 mai dernier a ouvert la porte à une certaine souplesse pour décaler la date de reprise, l’objectif est bien d’ouvrir toutes les écoles au mieux et au plus tôt.

Pour Anne-Gaelle Baudouin-Clerc, préfète du Puy-de-Dôme, le choix par principe de ne rouvrir qu’en septembre n’est pas acceptable : « On va prendre contact avec ces maires et tenter de les convaincre que ça n’est pas raisonnable. » Selon elle, ce sont surtout des écoles en zone rurale qui se montrent réticentes. « Un dialogue va avoir lieu de façon systématique avec les maires pour faire le point et vérifier que les conditions ne peuvent pas être réunies pour ouvrir l’école. Parfois il y a un manque d’information. Il y a encore quelques fausses idées qui circulent sur la question des masques, des conditions de fonctionnement. »
Quoi qu’il en soit, les maître-mots de cette rentrée si particulière sont souplesse et adaptabilité… Il y aura à peu près autant de situations sur-mesure que d’écoles… soit presque 500 cas particuliers rien que dans le Puy-de-Dôme.  « On va devoir apprendre à vivre avec ce virus. On ne va pas priver d’école toute une génération pendant des mois et des mois. C’est cette responsabilité la qui me semble au cœur du sujet » conclut la préfète du Puy-de-Dôme
 
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