Elections départementales dans le Puy-de-Dôme : la droite revendique la victoire

Dimanche 27 juin, se tenait le second tour des élections départementales dans le Puy-de-Dôme. Le scrutin a été serré et la droite est en passe de faire basculer le Conseil départemental de son côté. L’élection du président de l’assemblée a lieu jeudi 1er juillet.

Dimanche 27 juin, on votait dans le Puy-de-Dôme pour les élections départementales. Le département, longtemps fief socialiste, est sur le point de basculer à droite. L’Union de la droite, menée par Jean-Marc Boyer revendique cette victoire. Elu dans son canton d’Orcines, le leader de la droite indique : « C’est historique. Le Puy-de-Dôme, depuis 75 ans avait la même majorité et la même sensibilité, sauf la période de 1992 à 1998 ou Georges Chometon a présidé. Aujourd’hui c’est relativement historique d’avoir un basculement de cette manière-là dans le département du Puy-de-Dôme. On gagne 6 cantons, on en avait 10, ça fait 16. Il y a 31 cantons. Forcément, nous sommes majoritaires. Je ne compte pas peut-être quelques cantons de dissidents de la gauche et qui apparemment ne souhaitent pas intégrer le groupe PS. Mais ça c’est leur problème, ce n’est pas le nôtre. On n’a pas de scission dans notre groupe, on a toujours été unis. Avec une majorité, il n’y a pas de scission. Avant, il y avait une scission qui existait entre le président Gouttebel et toute la gauche, ce qui a provoqué l’éclatement de la majorité depuis 2 ans. C’était une ambiance absolument détestable. Nous sommes des gens très ouverts et nous sommes prêts à gérer le département avec toutes les personnes de bonne volonté qui voudront le faire ».
 

Ce soir, c’est toute l’Auvergne qui est à droite et au centre-droit

Il ajoute : « Ce soir, c’est toute l’Auvergne qui est à droite et au centre-droit. Il était temps que le Puy-de-Dôme vienne dans une cohésion. Avec la victoire éclatante de Laurent Wauquiez à la région, le département a tout à y gagner. On a une véritable opportunité pour le département du Puy-de-Dôme, que jusque ici nous avions du mal à avoir, car nous étions le seul département à ne pas être dans la majorité régionale ».
 

La gauche qui reconnaît sa défaite

Du côté des socialistes, menés par Alexandre Pourchon, le ton est beaucoup moins enjoué. Bien qu’élu dans son canton de Clermont-Ferrand 1, le leader de la gauche concède sa défaite : « C’est un coup dur. Il faut dire les choses comme elles sont. Je ne pratique pas la langue de bois. Avec des cantons perdus comme Saint-Eloy-les-Mines, Cournon-d’Auvergne, Brassac-les-Mines, Pont-du-Château, ça reste compliqué. J’ai une pensée pour ces femmes et ces hommes qui ont été candidats pour défendre notre politique départementale et qui ont perdu. Ils ont échu de peu, comme c’est le cas sur le canton de Clermont-Ferrand 5, à 3 voix près. Maintenant notre rôle est de continuer à poursuivre la bataille ».

Le rôle de Jean-Yves Gouttebel

Alexandre Pourchon explique en partie cet échec : « Jean-Yves Gouttebel a été l’un des éléments mais n’a pas été le facteur principal. La presque totalité de ses candidats ont échoué, dès le premier tour. Il a essayé de jouer encore un rôle mais aujourd’hui il fait partie du passé. S’il venait à réapparaître, cela ne ferait que confirmer les alliances contre nature qu’il a pu établir, avec la droite ou d’autres formations politiques. Le plus important est le sort des citoyens ». Il poursuit : « On verra jeudi pour la gouvernance future. Si d’aventure la droite prenait la présidence, on verra comment elle envisage de gérer cette assemblée départementale. Nous jouerons notre rôle d’opposition, mais constructive. L’objectif n’est pas de s’opposer mais de continuer à défendre les idées portées pendant cette campagne ».   

Le département n’est pas en passe de passer à droite, mais il passe à droite et au centre

L’ancien président du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, Jean-Yves Gouttebel, élu en 2004 avec les voix de la gauche mais qui a finalement soutenu le président Emmanuel Macron, livre son analyse : « Le département n’est pas en passe de passer à droite, mais il passe à droite et au centre. Ce n’est pas très surprenant. Un certain nombre de socialistes et d’élus d’extrême-gauche payent la guerre qu’ils m’ont livrée depuis quelques années. Je souhaite qu’il y ait un nouveau président qui soit rassembleur, car on a besoin de se rassembler pour défendre un département. On va voir un peu ce qu’il se passe dans les jours qui viennent ». A la question de savoir s’il n’avait pas semé la zizanie en soutenant Emmanuel Macron, Jean-Yves Gouttebel répond : « Bien sûr que oui. Tous mes ennuis sont venus du fait que j’ai soutenu et que je soutiens encore Emmanuel Macron. Ils n’ont pas compris qu’on pouvait avoir une position sur la politique nationale mais aussi être capable de gérer un département localement, en se rassemblant ». Il précise : « Quand je regarde le total des sièges, je pense qu’il n’y a pas de majorité qui puisse être contestée. Il y aura un groupe au centre-gauche, qu’animera Eric Gold. Les socialistes et les extrémistes de gauche sont minoritaires ». Il conclut : « Quoi qu’il arrive je dors bien. Pendant 17 ans, il y en a qui ont essayé de me faire passer des nuits blanches mais ils n’ont jamais réussi. Je souhaite que la nouvelle équipe soit capable de rassembler et d’avoir des projets pour le département ». L’élection du président de l’assemblée a lieu jeudi 1er juillet.

Des cantons perdus par la gauche

Le Puy-de-Dôme, dont le conseil départemental était aux mains de la gauche depuis près d’un quart de siècle, est peut-être sur le point de basculer à droite à l’issue du second tour des élections départementales, dimanche 27 juin. A ce stade, l’alliance de la droite et du centre pourrait bénéficier de 16 cantons sur 31. « On a notamment la bascule d’un certain nombre de cantons emblématiques de la gauche et notamment le canton de Cournon-d’Auvergne, le canton de Saint-Eloy-les-Mines, celui de Brassac-les-Mines ou encore celui de Clermont 5, le canton de Jean-Yves Gouttebel (NDLR : le président sortant, qui a choisi de ne pas se représenter), qui est quand même un canton de gauche », cite le politologue et président de l’Université Clermont Auvergne Mathias Bernard.

C’est un tournant

Pourtant, le Puy-de-Dôme est un bastion historique de la gauche : « C’est un résultat, s’il se confirme, qui est tout à fait historique. Au cours des 60 dernières années, le Puy-de-Dôme n’a été gouverné par une majorité de droite que pendant 9 ans, entre 1973 et 1976 puis entre 1992 et 1998. Cela fait plus de 23 ans qu’il y avait plus ou moins la même majorité qui dirigeait cette assemblée. C’est un tournant », insiste Mathias Bernard. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce résultat et, parmi elles, une majorité divisée : « Il y a des divisions internes de la majorité sortante élue en 2015, qui s’est déchirée au cours du mandat. Il y a eu également un certain nombre de divisions dans certains cantons et notamment à Brassac-les-Mines, qui ont rendu difficile l’établissement d’une dynamique unitaire pour la gauche. »

L'effet des régionales

Mais ces divisions ne suffisent pas à expliquer ce revers de fortune, selon le politologue : « Il y a également eu, dans les facteurs de la victoire de la droite puisque c’est non seulement une défaite de la gauche mais aussi une victoire pour la droite, deux facteurs importants. Il y a, d’une part, la confirmation d’une dynamique de progression de la droite que l’on constate depuis les élections municipales de 2014, notamment sur la métropole clermontoise hors ville de Clermont. Il y a d’autre part la corrélation de cette élection avec l’élection régionale. Il y a eu sans doute un effet d’entraînement du vote Wauquiez aux régionales. On voit bien que l’électorat de droite s’est moins abstenu que l’électorat de gauche. Sans doute que l’électorat de droite s’est motivé à aller voter aux élections régionales et il a donc aussi voté aux départementales. Ça peut expliquer l’amplification de la bascule dans certains cantons, cet effet d’entraînement. C’est la conjonction de ces paramètres qui permet d’expliquer ce mouvement de bascule important ».

 Il n’y a pas eu de prime au sortant parce qu’il n’y avait pas de sortant, ni vraiment de majorité sortante

Au total, ce sont 8 cantons qui ont été ravis par la droite sur les 31 que compte le département, « c’est plus du quart des cantons qui bascule », indique Mathias Bernard. Grande gagnante de cette élection, l’abstention au premier tour s’élevait à 63,89% et à 62,60% au second tour. Ainsi, dans certains cantons, l’écart est très faible. Par exemple, Clermont 5 est pris par la droite, à 3 voix d’écart. « Dans toute élection, il y a des cantons ou des circonscriptions qui se gagnent à quelques voix près mais c’est certain que plus l’abstention est forte, plus le nombre de voix est réduit et où on retrouve des écarts assez ténus ». Quant à la "prime au sortant", qui profite souvent à la majorité en place lorsque le taux de participation est faible, elle n’a pas pu bénéficier à la gauche. « Il n’y a pas eu de prime au sortant parce qu’il n’y avait pas de sortant, ni vraiment de majorité sortante. Effectivement, la majorité de Jean-Yves Gouttebel avait explosé, lui ne se représentait pas, un certain nombre de ses proches ne se représentaient pas non plus comme Pierrette Daffix-Ray par exemple à Saint-Eloy. L’abstention a sans doute favorisé la droite puisqu’on voit qu’il y avait une mobilisation plus forte de l’électorat de droite que de gauche ». Une tendance similaire est constatée dans le département de l’Allier où 4 cantons sur 19 basculent à droite.

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