Former les agriculteurs de demain : dans les coulisses du lycée agricole de Rochefort-Montagne (Puy-de-Dôme)

En 2020, la région Auvergne-Rhône-Alpes comptait près de 55 000 exploitations agricoles, dont plus de 7 000 dans le Puy-de-Dôme. Au lycée de Rochefort-Montagne, près d’Orcival, 180 élèves se forment aux métiers de l'agriculture et de l'environnement.

Dans le Puy-de-Dôme, département très agricole, trois lycées forment aux métiers de l’agriculture et de l’environnement. À Rochefort-Montagne, 180 élèves de la seconde au BTS alternent les cours en classe et les applications à la ferme. Certains sortiront du lycée diplômés d’un baccalauréat professionnel CGEA (Conduite et gestion d’une exploitation agricole) puis, s’ils poursuivent, d’un BTS agricole GPN (Gestion et protection de la nature).

Une ferme à taille réelle dans le lycée

Doté d’une exploitation à taille réelle en élevages bovins (vaches laitières) et ovins (viande), le lycée de Rochefort-Montagne offre aux élèves la possibilité d’apprendre sur place différents types d'agriculture de moyenne montagne (entre 800 et 1 100 mètres d'altitude). Grâce au temps consacré à la pratique, les élèves apprennent à conduire une exploitation de A à Z. Les élèves ont une journée professionnelle par semaine, le mardi, pendant laquelle ils apprennent en atelier et s'occupent de leurs 27 vaches laitières et de leurs quelque 300 brebis et moutons. Le reste du temps, deux ouvriers agricoles gèrent la ferme.

En classe, les élèves ont des cours variés : zootechnie (étude de l'animal), agronomie (étude du sol), agroéquipement, ou encore économie agricole. Tout est fait pour les préparer au mieux à leur futur métier.
Un laboratoire fromager leur permet également une spécialisation dans la transformation du lait en fromage fermier. Ils transforment les 5 000 litres de lait annuels de leur troupeau en fourme de Rochefort-Montagne. L'apprentissage de ce savoir-faire est un atout pour les élèves qui voudraient s'installer ensuite en Auvergne, où l'on compte 5 des 45 fromages certifiés AOP (Appellation d’origine protégée) en France : Saint-Nectaire, Bleu d’Auvergne, Fourme d’Ambert, Cantal et Salers.
Le lycée propose aussi à ses élèves les plus sportifs la section ski-montagne. Ski alpin, ski nordique, secourisme, randonnée : plusieurs fois par semaine, des excursions sont organisées pour former les élèves à devenir guide en montagne. Il est possible de se loger à l'internat du lycée : « C'est vraiment génial l'internat, l'ambiance est super, on s'amuse bien ! », affirme Nicolas, en première CGEA.
En seconde pro CGEA, six semaines sont réservées aux stages en exploitations. En première et terminale, 16 semaines supplémentaires permettent aux jeunes de se spécialiser aux côtés de professionnels.

En Auvergne, neuf lycées agricoles, dont trois dans le Puy-de-Dôme, forment les agriculteurs de demain.

Un lycée 100% bio pour former à l’agriculture de demain

Les axes pédagogiques des lycées agricoles sont donnés par le ministère de l’Agriculture. « Enseigner à produire autrement » est le mot d’ordre de ces dernières années et le proviseur du lycée, Bertrand Bissuel, est fier de son établissement : « Il faut avoir au moins un atelier sur l’agriculture biologique dans son programme. Mais nous, on est en avance, puisque tout est bio ! » Depuis 2011, la totalité de la ferme du lycée est passée à la production en AB (agriculture biologique). Dans la ferme attenante au lycée, les élèves pratiquent dans les conditions réelles d’une exploitation agricole. « Un véritable atout, assure le proviseur. Les élèves qui voudraient d’installer en agriculture bio à la sortie du lycée auront une vision un peu plus développée que dans d’autres établissements agricoles, sur le bien-être animal par exemple. » Pour l’instant, seuls 5% du territoire agricole du département sont consacrés à l’agriculture biologique.

Une formation diplômante et reconnue

Le bac pro CGEA permet aux élèves diplômés d’obtenir la Capacité professionnelle agricole (CPA). Cette certification leur permettra d’obtenir des aides pour s’installer par la suite, en reprise d’activité ou en création d’exploitation. Ce sont des aides financières et de formation indispensables pour se lancer : « Sans cette certification, on ne peut pas s’installer. » Thomas, élève de terminale CGEA, a déjà des plans pour son avenir : « Je ne vais pas continuer mes études, mais je vais travailler un peu avant de m’installer, pour voir autre chose. » Pour le proviseur du lycée, « Il vaut mieux faire un BTS derrière quand même. Maintenant, c’est presque le diplôme minimum requis, bien que dans les textes, un élève peut arrêter après un bac pro. »
À la sortie d’un bac pro, les élèves sont encore jeunes pour se lancer seuls. « En plus, à cet âge, les parents agriculteurs ne sont pas encore forcément à la retraite. », ajoute le proviseur. Thomas rejoindra le GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun) familial dans quelques temps : « Pour l'instant, mes parents ne peuvent pas embaucher de nouvel employé. » A l'inverse, Tristan, dans la même classe, n'en a pas fini avec les salles de classe : « Je compte poursuivre en BTS pour m'améliorer avant de me lancer. » Enchaîner avec deux années en BTS permet aux élèves de continuer à se former et de gagner en expérience. 

Une insertion professionnelle délicate

D’après le proviseur du lycée, 80% des élèves diplômés reprennent une activité, familiale ou via rachat. Il est difficile de partir de rien quand on ne vient pas de ce milieu-là. Seuls 15 à 20% des élèves diplômés créent une exploitation. « C’est compliqué de s’installer et de partir de zéro, explique Bertrand Bissuel. C’est un investissement énorme au départ, notamment en matériel, et quel que soit le type d’exploitation. » Malgré tout, environ 150 exploitations sont crées dans le Puy-de-Dôme chaque année.

Audrey, étudiante en terminale GCEA, a déjà un projet professionnel : « Je veux monter une exploitation de hors-sol bovin, ça se fait de plus en plus par chez nous. L’avantage, c’est que le lycée nous aide dans nos projets, au niveau financier notamment. »
D’après le ministère de l’Agriculture, trois ans après l’obtention de leur diplôme, « 76% des titulaires d’un CAP agricole, 82% des bacheliers et 90% des diplômés du BTSA » ont un emploi.

Certains élèves le reconnaissent, le métier d'agriculteur est difficile, tant financièrement que physiquement. Mais aucun n'échangerait sa place : « Agriculteur est un métier qui se perd, mais on a la chance d'être tous les jours dehors, d'être au contact des animaux, qui ont des sentiments, avec qui on a un vrai lien. », confie Nicolas, en première CGEA.
Evan, en première au lycée de Rochefort-Montagne, souhaite reprendre la ferme de son grand-père, à Nébouzat (Puy-de-Dôme) :

Comment postuler ?

Les demandes d’inscription au bac professionnel du lycée de Rochefort-Montagne, comme ailleurs, se font via la plateforme Affelnet, dédiée à l’orientation après le collège. Elles sont à formuler à la fin de la troisième ou en réorientation après une seconde ou première dans un autre lycée.
Concernant l’inscription au BTS agricole, la procédure passe par la plateforme Parcoursup, entre le 20 janvier et le 11 mars 2021.

 

Quels sont les visages de l’agriculture d’aujourd’hui ? Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe. Bonnes balades au cœur du monde paysan.

 

 

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