Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. Une guerre aux portes de l’Europe qui a marqué la vie de tous et qui a mis l’accent sur les solidarités. Même si elles se sont essoufflées un an plus tard, la mobilisation reste importante dans le Puy-de-Dôme.
C’est à travers le regard et les actions de Natacha Grougon que nous avons suivi cette actualité qui a bouleversé nos quotidiens. Elle vit en France, à Issoire dans le Puy-de-Dôme depuis 20 ans mais elle n’a pas oublié son pays d’origine. « Ça me déchire le cœur, je n’en peux plus, ce n’est pas possible, il faut que ça s’arrête » nous disait-elle le 3 mars, une semaine après les premiers combats. Dès le début de la guerre, elle est en contact avec sa famille et ses amies restées en Ukraine : « Ma copine m’a envoyé la photo de ses enfants. Elle m’a dit : Natacha, quand ça sera fini, s’il te plait, retrouve-les. Là j’ai passé la nuit à pleurer et j’ai pris la décision d’aller les chercher. Ce n’est pas possible que je récupère les enfants après, je récupère tout le monde ».
Ses parents mis à l’abri, elle va se battre pour ses amis et compatriotes. Lorsqu’elle lance un appel aux dons, la réponse est immédiate. En ce samedi matin son jardin et le garage de sa maison sont envahis par les bénévoles : des médicaments, des sacs de couchage, des vêtements et des produits de première nécessité en grande quantité. « Je suis touchée, énormément. Regardez le monde qui vient, c’est juste fou » dit-elle avec étonnement.
Mission accomplie
Puis c’est le grand voyage, 20 heures de route jusqu’à la frontière avec la Pologne au volant d’une camionnette chargée jusqu’au toit. Sur place la précieuse cargaison est transférée dans un autre véhicule, Natacha va pouvoir faire le trajet retour.
Mais son engagement ne peut pas s’arrêter là. Poursuivre s’impose alors comme une évidence. Elle crée une association dénommée « Pour l’Ukraine », aide une trentaine de réfugiés, mobilise autour d’elle pour aider à stocker le mobilier, préparer les colis et surtout trouver de l’argent.
En mai, une grande vente aux enchères exceptionnelle est organisée à Issoire, soutenue par Oleg Skripka, artiste vedette du rock en Ukraine qui vient jouer en Auvergne.
Mais au cœur de l’été, alors que la violence de la guerre ne faiblit pas, la solidarité s’essouffle. Natacha continue alors la tournée des pharmacies et elle en fait le constat : « Avant les gens venaient au dépôt, apportaient des médicaments, ce qu’ils pouvaient. Maintenant cette euphorie s’est estompée mais on est obligés de continuer et on essaye d’aller vers les gens ».
En novembre, l’automne arrive et le froid s’installe en Ukraine. Dans les cartons encore plus de nourriture et de vêtements chauds car « Depuis le 9 mars on ne lâche rien, on fait tout ce qu’on peut et l’hiver va être très compliqué pour les Ukrainiens qui ont déjà eu moins 6 degrés ».
Puis c’est un 4X4 qui va partir, l’association a pris en charge une partie des frais pour la voiture : « Elle va être repeinte en kaki et rapidement elle va rejoindre le front à Nikolaïev ».
La préfecture du Puy-de-Dôme recense 880 réfugiés dans le département et ils sont près de 500 en Haute-Loire. La Secrétaire d’Etat à la citoyenneté en France Sonia Backès estime qu'ils sont 115 000 Ukrainiens réfugiés en France. Il y aurait 20 000 enfants et 80% des adultes sont des femmes.
Quatre saisons sont passées, un an s’est écoulé et la guerre n’est toujours pas finie…