Depuis un an déjà et le début du conflit, de nombreuses familles ukrainiennes ont trouvé refuge en France. En Haute-Loire, près de 500 personnes sont accueillies, notamment dans le village de Pradelles, au sud du département : six familles cohabitent dans les bâtiments d’un village vacances.
A Pradelles, village d’à peine 500 habitants de Haute-Loire, on accueille une vingtaine d’Ukrainiens. Sergueï était mineur dans le Donbass. Lorsque les Russes ont envahi sa province, il était trop âgé pour intégrer l’armée ukrainienne, alors il a pris les armes et s’est engagé dans une résistance clandestine. Mais pour protéger sa famille, il a finalement rejoint la France. Sergueï Matey raconte : « Moi, en Ukraine, je suis sur la liste noire pour les Russes. Ils m’ont identifié comme faisant partie de la résistance sur place. Si ils m’attrapent, il n’y aura pas de procès, je serai exécuté ».
"On travaille ensemble et on se soutient les uns les autres"
Sergueï est le seul homme accueilli à Pradelles. Il est venu en France avec sa femme et son petit-fils et tous ces expatriés se serrent les coudes au quotidien. C’est le cas de Ludmyla : elle a laissé son mari et son métier d’enseignante en Ukraine. Ici, elle travaille dans une usine de champignons. Ludmyla Holovienko explique : « On travaille ensemble et on se soutient les uns les autres. Quand il faut garder les enfants des autres ou aller les chercher à l’école, mais aussi pour échanger des objets du quotidien. Par exemple, il n’y a qu’une famille qui a un four, alors on se relaie pour l’utiliser si on fait un gâteau ».
Les enfants à l’école, les adultes au travail : tous ont besoin d’une échappatoire pour ne pas toujours penser au pays et aux proches restés sur place. En attendant de les retrouver le plus vite possible, la débrouille et l’entraide sont leur seule boussole. Ludmyla Hodakovska précise : « Cette voiture, je l’ai achetée en mon nom mais elle est au service de tout le monde. Toutes les filles participent aux frais du gasoil, de l’assurance et des réparations. Ici, sans voiture, on est comme sans bras ou sans jambes. On s’en sert pour aller au travail, emmener les enfants ou faire des courses ».
"Le corps est là mais l’âme et toutes nos pensées sont toujours en Ukraine"
Il n’y a pas d’école aujourd’hui alors Maryna a pris sa journée pour profiter de ses deux filles, Mira et Bella. Elles ont rejoint la France depuis Kharkiv avec le deuxième couloir humanitaire en mars 2022. Maryna Shapovalenko indique : « Le corps est là mais l’âme et toutes nos pensées sont toujours en Ukraine. On est en permanence en train de regarder les infos et surveiller les nouvelles. On s’appelle régulièrement avec nos proches et nos amis restés au pays. En fait notre esprit est toujours là-bas. Ici ce n’est pas comme en Ukraine. C’est tranquille, c’est bien. La seule chose à laquelle on ne s’est toujours pas habitué, c’est le bruit des avions. Pour nous, c’est un signe d’alerte et on a peur à chaque fois qu’un avion passe ».
Dans le ciel de Haute-Loire, pas d’avions mais des bulles avec lesquelles jouent les enfants : le symbole d’une paix que tous espèrent retrouver le plus vite possible.
Un JT spécial Ukraine sur France 3 Auvergne
Le 24 février 2022, la guerre éclatait en Ukraine, aux portes de l’Europe. Un an après, le JT de 19 heures de France 3 Auvergne du vendredi 24 février sera réalisé en direct d'Issoire, dans le Puy-de-Dôme, dans un restaurant tenu par Natacha Grougon et son mari. Elle est l’une des figures emblématiques de la solidarité envers l’Ukraine. Natacha est installée en Auvergne depuis 20 ans mais n’a pas oublié son pays d’origine. Depuis le début du conflit cette habitante a offert son aide, en envoyant des colis et en accueillant des réfugiés.
Le journal reviendra également sur cette année de solidarité en Auvergne et sur les convois humanitaires organisés. Il évoquera un rassemblement vendredi après-midi à Issoire, en présence des Ukrainiens accueillis dans la ville.
Propos recueillis par Maxime Pitavy / France 3 Auvergne