Viktoriia Kirukhina a quitté l'Ukraine en mai 2022, quelques mois après la guerre entre l'Ukraine et la Russie, laissant sa vie, ses amis et une partie de sa famille derrière elle. Cette année, il s'agit du troisième Noël qu'elle passe sans sa grand-mère et ses cousins.
En ce 25 décembre, Viktoriia Kirukhina, vingt-quatre ans, témoigne de sa "tristesse" pour sa grand-mère qui a souhaité rester à Kryvyï Rih, sa ville natale, dans le sud de l’Ukraine. "Elle a sa maison, et elle y a toujours habité. Mais, il y a des explosions et elle n’a plus d’électricité. Elle a peur, et moi aussi", s’inquiète la jeune femme.
"À Vannes, je suis en sécurité, ma famille et mes parents aussi", reconnaît-elle, pensant à sa grand-mère et à ses cousins, restés au pays. Il s’agit du troisième Noël qu’elle passe sans sa grand-mère. "Je lui parle tous les jours au téléphone."
À Vannes, je suis en sécurité, ma famille et mes parents aussi
Viktoriia Kirukhinaréfugiée ukrainienne en Bretagne
Cette année, elle continue de célébrer Noël en se tenant à la coutume ukrainienne : "nous préparons douze plats différents, c’est la tradition. Chaque famille a ses propres recettes. (...) Ici, en France, il n’y a pas du tout la même nourriture", sourit-elle.
"Je voyais les flashs des explosions, j’avais vraiment peur"
Viktoriia avait seulement vingt-deux ans et résidait à Kiev lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Des premières heures, elle décrit une constante inquiétude, puis une difficulté pour s’approvisionner en nourriture. "Ensemble, avec mes amis, nous étions proches et optimistes. On se serrait les coudes."
Puis viennent les explosions, elle qui vivait alors près de Boutcha dans la banlieue de Kiev, où de nombreux civils ukrainiens ont été massacrés. "Nous nous sommes réfugiés dans le métro pendant presque une semaine", se rémémore-t-elle, dans un très bon français.
Fuyant les bombardements, elle et son compagnon Anton quittent alors la capitale pour rejoindre, Kryvyï Rih, ville dont elle est originaire, située à quelques encablures de Dnipro.
Si les supermarchés y étaient en revanche ouverts, elle raconte y avoir aussi ressenti la guerre, la ville étant "à une centaine de kilomètres de Kherson, alors occupée par les Russes". Avant d’ajouter : "j’entendais les sirènes, et la nuit, je voyais les flashs des explosions. J’avais vraiment peur."
Malheureusement, la guerre n’étant pas finie, nous sommes donc partis en France rejoindre un ami
Viktoriia Kirukhinaréfugiée ukrainienne en Bretagne
Avec sa mère, Viktoriia finit par quitter l’Ukraine pour rejoindre sa sœur à Dubaï, aux Émirats arabes unis, avant de rejoindre Paris en mai 2022. "Malheureusement, la guerre n’étant pas finie, nous sommes donc partis en France rejoindre un ami."
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Elles restent chez lui quelques jours avant de rejoindre la Bretagne, pour s’installer à Vannes, dans le Morbihan. Elle évoque un changement de vie "difficile" pour sa mère, qui avait "son appartement et un travail" en Ukraine.
"Ne parlant pas bien français, c'est difficile pour elle de trouver un travail". Aujourd’hui, Viktoriia vit avec ses deux parents, ainsi que son compagnon qui l’a rejoint l’année dernière.
Elle espère "un arrêt des souffrances"
Viktoriia espère une fin rapide de la guerre, "un arrêt des souffrances". "Trop de gens perdent leur maison ou perdent la vie", énumère la jeune femme.
"C’est trop dur là-bas, j’espère que cela va s’arrêter", conclut Viktoriia qui désire revenir en Ukraine pour retrouver sa famille et ses amis. Un espoir empreint d'une certaine appréhension : "Les Russes pourront toujours attaquer, comme en 2022."