La fin de l’hiver et le retour de la verdure dans les massifs du Puy-de-Dôme sonnent le réveil des marmottes. Ces dernières sortent de six mois d’hibernation. Pour les observer dans le massif du Sancy, il y a des spots stratégiques. Il est également important de prendre quelques précautions afin de ne pas les perturber dans leur milieu naturel.
Les marmottes sont sorties de leur "bouchon", composé de terre et d’herbes, qu’elles ont confectionné à l’entrée du terrier pour se protéger du froid durant l’hiver. C'est ainsi qu'Éric Vallé, conservateur de la réserve naturelle de la vallée de Chaudefour, dans le massif du Sancy en Auvergne, décrit le terrier du mammifère.
Les marmottes ont mis fin à une hibernation de six mois, commencée mi-octobre. Au dixième mois de l'année, "dès que la température baisse en dessous de 12 °C, toutes les activités cessent en dehors des terriers", indique le conservateur.
En avril, une fois dehors, ces dernières vont chercher de la nourriture une quinzaine de jours avant la période de reproduction. Après, une gestation d'environ cinq semaines, les femelles vont donner naissance à une portée "de deux à quatre petits". Les marmottons sont observables au début de l'été, "à l'entrée de leur terrier".
Où les observer dans le massif du Sancy ?
Éric Vallé liste "plusieurs endroits" où elles sont visibles dans le massif du Sancy. "Il y en a dans le Val de Courre", dans la montée du col. C'est ici que Julien Dimnet, photographe amateur, les a découvertes par "surprise", ce samedi 6 avril, le matin. "En marchant, je les entendais. Puis, je les ai vues dans les crêtes".
En effet, Éric Vallé rapporte qu'il y a plus de chance de les voir le matin et le soir. Surtout, lors de la rosée. Elles profitent de cette dernière pour s'abreuver d'eau en mangeant les herbes, puisqu'elles ne boivent pas.
Il existe également au-dessus du téléphérique de Super Besse, en allant vers Mont-Dore, dans les vallons, un autre spot pour les observer. Pour les repérer, il est généralement conseillé de scruter les pierriers. "Elles adorent" ces zones afin de mieux être positionnées pour repérer les prédateurs. "Il faut aussi des prairies pour qu’elles puissent manger", ajoute Éric Vallé.
Enfin, il est possible de les entendre pour annoncer un prédateur. Lorsqu'elle voit par exemple un rapace, "elles vont effectuer un sifflement rapide". Alors que quand elles vont voir un homme, "ça va être un sifflement plus dans la durée".
Le PGHM du Mont-Dore à l'origine d'une portée
Les marmottes, présentes dans le Sancy, viennent des Alpes. Elles sont issues de "plusieurs introductions". Éric Vallé raconte l'une des premières, au début des années 80, grâce au peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Mont-Dore.
"Un des membres du PGHM, originaire de la Vanoise (en Savoie) a ramené avec lui une marmotte blessée, puis deux autres en 1980. Ils les avaient mises dans un enclos. Ce qu’ils avaient oublié que les marmottes ça creuse. Les marmottes se sont enfuies de leur enclos et sont allées coloniser le puy de Champbourguet", lors du printemps 1981. Un impact qui a été relativisé par une étude sur la répartition de la marmotte alpine dans le massif du Sancy, réalisée par des étudiants de l'université de Clermont-Ferrand, en 2008.
une tendance à la baisse du nombre de marmottes
Éric ValléConservateur dans Réserve naturelle nationale de la Vallée de Chaudefour
Dans le massif du Sancy, les marmottes se situent au-dessus de 1 400 mètres d'altitude. Il est constaté par rapport aux autres années, "une tendance à la baisse du nombre de marmottes", indique Éric vallé. Les naturalistes avancent trois hypothèses pour expliquer ce phénomène. Le dérangement, la prédation par le renard, et aussi le changement climatique qui impacte la température en montagne.
"La taille des portées a tendance à diminuer, car les femelles dépensent plus de réserves lors des hibernations du fait d’une isolation plus faible" à cause du manque d’enneigement, détaille le conservateur.
Les marmottes possèdent deux terriers
En cette mi-avril, les marmottes sont sorties de leur terrier d'hiver. Il est composé d'une "entrée principale et des sous-entrées", détaille Eric Vallé. La plus profonde mène à "la chambre d'hibernation". À côté, se trouve une autre entrée, "où les marmottes vont faire leur besoin, toutes les trois quatre semaines". C'est ainsi que l’hibernation est entrecoupée de période d’éveil.
Durant l'été, elles vont réaliser un autre terrier, en cas d’éventuel danger, pour aller plus vite se protéger à l’intérieur.
Quelles sont les règles à respecter quand on en croise ?
"Ce qu’on demande, c’est de rester sur les sentiers balisés pour ne pas les déranger. Et de ne pas venir avec un chien, même tenu en laisse. Ce sont les deux préconisations pour les observer", insiste Éric Vallé.
Il ne faut non plus leur donner à manger. Le conservateur raconte une autre anecdote, celle de personnes les ayant nourries dans le Queyras, dans les Hautes-Alpes. Conséquence, "les marmottes sont devenues énormes et elles ne pouvaient plus se reproduire." Alors lors de vos prochaines promenades, faites le moins de bruit possible. Repérer les et admirez-les de loin. N'oubliez pas votre paire de jumelles pour avoir plus de chance.