Aux prochaines municipales, Paul Chanal, 85 ans, doyen des maires du Puy-de-Dôme ne sera pas candidat à sa propre succession. L’âge et les ennuis de santé ont eu raison de sa vie d’élu. D’ailleurs, depuis 5 mois, il a cédé son fauteuil de maire à son premier adjoint. Sans regrets.

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Voilà plus d’un demi-siècle que Paul Chanal avait fait de la mairie de Chaumont-le-Bourg (241 habitants) sa seconde maison. A telle enseigne, qu’à titre honorifique, il est devenu le doyen des maires du Puy-de-Dôme, au terme d’un parcours classique : conseiller municipal, premier adjoint, puis maire depuis 1995. Jusqu’à ce jour d’octobre dernier où il doit se rendre à l’évidence. « Je ne vois presque plus de l'œil gauche, je dois me faire opérer de la cataracte. Lire mon courrier devenait impossible » souffle-t-il. A entendre monsieur le Maire, ce dernier mandat serait le mandat de trop.

Maire jusqu’au bout et maire à bout


« Déjà en 2014, je ne voulais pas me représenter mais tout le monde m’avait poussé, m’avait dit que j’allais m’ennuyer alors….Mais cela a été dur, j’étais à bout ». Surtout la dernière année : « Les administrés, ça va à peu près, ils ne sont pas trop méchants ici, mais il faut se battre pour les subventions et plus ça va et plus c’est compliqué ». A six mois près, Paul Chanal n’est donc pas arrivé au terme de son dernier mandat. Il occupe ses journées en passant encore, chaque jour, une tête à la mairie « pour faire la bise aux secrétaires et boire un café ». Il faut dire qu’il y est presque né. La maison de son enfance est de l’autre côté de la rue, à cinquante mètres de là. « Je suis né à Chaumont, c’est le médecin de campagne qui a accouché ma mère, il n’y avait pas de maternité à l’époque ». 80 ans plus tard, que ce soit à Ambert ou à Arlanc, les communes les plus proches de son village natal, il n’y en a toujours pas. « Il n’y a que mon régiment que je n’ai pas fait ici. Pendant 14 mois, sans permission, j’étais chauffeur à l’armée entre Dakar (Sénégal) et Bamako (Mali). Mais j’ai toujours voulu revenir ici à Chaumont ». L’ancien élu puise ses racines dans ce territoire du Livradois-Forez où la forêt constitue une ressource économique majeure.

« La mairie ? Juste bon à être embêté »



A l’aube des années 60, l’enfant du pays est alors âgé de 25 ans, il est fils de charron, et il décide de créer une scierie « avec trois ouvriers ». Aujourd’hui, « eux, ils sont 20 ! ». Eux, ce sont ses deux fils, Eric, Luc et leurs salariés. L’entreprise familiale irrigue le marché de la charpente en France, en Algérie, au Maroc et en Belgique. Mais cet héritage s’arrête aux portes de la scierie. Car ni Eric ni Luc ne veut prendre la relève de leur père à la tête de la collectivité : « La mairie, c’est juste bon à être embêté ! L’entreprise prend 100% de notre temps, alors le compte est vite fait, il n’y a pas de temps pour tout le reste » tranche Eric, l’un des co-gérants.

Paul Chanal a gardé son écharpe car c’est la sienne !


Comme une relique, dans le meuble de son salon, Paul Chanal a conservé son écharpe tricolore. Il y tient comme la prunelle de ses yeux. Dans son village, ne pas rendre son écharpe confinerait presque à une tradition. Paul Chanal s’en défend, comme le ferait un enfant: « Je n’ai pas rendu mon écharpe parce que c’est la mienne ! Je l’ai achetée avec mon argent car le maire précédent avait gardé la sienne ». Lui aussi. Il faut dire que cette bande de tissu tricolore, jaunie par 25 ans d’exercice, recèle bien des souvenirs. Rien que sur ces derniers mois, elle a été le témoin de mariages dignes de séries télés made in USA, plus ou moins abouties. « L’année dernière, j’ai marié un américain avec une fille de Hong-Kong, ici ! Ils étaient venus avec un interprète » s’en étonne encore l’ancien maire. Avant d’abonder : « J’ai même remarié un copain. Il avait divorcé d’avec sa femme, partie à Paris. Il a voulu se remarier avec elle, et maintenant tous les deux vivent à nouveau ici à Chaumont ! ». Comme quoi, après tout, il est bien des mandats qui ne demandent qu’à être relancés. Mais celui de Paul Chanal est déjà une histoire ancienne. On l’aura compris, sa décision a été prise sans… ciller.
 



 
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