Lundi 18 novembre, les blocages reprennent pour les agriculteurs. Exemple des frères Damien et Romain Chauffour, céraliers et éleveurs près de Lezoux, dans le Puy-de-Dôme, qui s'apprêtent à se mobilisent à nouveau.
Damien et Romain Chauffour, agriculteurs dans le Puy-de-Dôme, sont en pleine période de semis. Mais dès ce lundi 18 novembre, leurs tracteurs quitteront les champs pour rejoindre les ronds-points. Déçus par les promesses non tenues, ils ont décidé de manifester à nouveau. « On n’a pas été entendus la première fois, donc on recommence », déplore Damien Chauffour. « Les intempéries ne nous ont pas aidés. À mes yeux, les prix ne sont toujours pas corrects. On veut une simplification administrative et une meilleure rémunération. On ne veut pas travailler plus de 50 heures par semaine pour être payés comme des salariés au SMIC. »
“Promesses non tenues” et "concurrence déloyale"
Son frère, Romain, partage ce constat et énumère les promesses non tenues selon lui : « La simplification administrative n’a pas eu lieu, la loi EGALIM n’est toujours pas appliquée dans les grandes surfaces et les industries agroalimentaires, le coût de production n’est pas respecté. On aurait voulu au moins deux SMIC pour la rémunération des agriculteurs ». À cela s’ajoute la possible signature d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, perçu comme une « concurrence déloyale » par de nombreux agriculteurs. L’agriculteur indique : « On est soumis à des normes environnementales et à des conditions pour les aides d’élevage qui ne sont pas les mêmes que celles des pays du Sud. Nous, on peine à nous rémunérer avec des charges énormes, tandis que d’autres pourront importer de la viande à bas prix, sans respecter les mêmes normes sanitaires ».
"La manifestation est la seule solution pour avancer"
L'année est particulièrement difficile pour les deux frères. Le printemps pluvieux a réduit les rendements en céréales, et l'une de leurs bêtes a été abattue, probablement à cause de la fièvre catarrhale. Malgré les blocages à venir, ils devront s'occuper de leur exploitation, car novembre est une période chargée. « En élevage, on va entrer dans la période des naissances », explique Romain Chauffour. « Il y aura beaucoup de naissances, donc une surveillance et des soins accrus pour les animaux. On aura moins de travail dans les champs ».
Pour l’instant, les frères n'ont pas de visibilité sur la durée de la mobilisation, mais ils sont prêts à rester aussi longtemps qu’en janvier, si nécessaire. « On est une corporation solidaire. Si on a besoin d’aide sur l’exploitation ou de remplaçants pour manifester, on le fera. De toute manière, on n’a plus rien à perdre. Il y a des exploitations au bord de la faillite. La manifestation est la seule solution pour avancer ».
Les deux frères espèrent que le gouvernement répondra à leurs revendications et comptent sur le soutien du Premier ministre, Michel Barnier, ancien ministre de l’Agriculture, pour les défendre.
Propos recueillis par Yoann Dorion / France 3 Auvergne.