Pouvoir d'achat : "Quand je fais les courses, je fais attention", confie Jeanne, retraitée du Puy-de-Dôme

Mercredi 31 mars, une journée d’action nationale pour la défense des retraites aura lieu. Parmi les manifestants à Clermont-Ferrand, Jeanne Herody, bientôt 70 ans, explique comment elle vit avec 1 140 euros de retraite.

Pour alerter sur l’érosion de leur pouvoir d’achat, 9 organisations syndicales et associations de retraités (CGT, FO, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC, Ensemble et solidaires, FGR-FP, LSR) appellent à des manifestations un peu partout en France, le mercredi 31 mars. Un rassemblement aura notamment lieu à Clermont-Ferrand, à partir de 14 heures, au carrefour des Martyrs. Jeanne Herody, retraitée âgée de 69 ans, fera partie du cortège. Depuis près de 12 ans, elle mène une retraite paisible à Viscomtat, dans le Puy-de-Dôme, dans la montagne thiernoise. Elle vit seule.

 Je n’avais pas 14 ans quand j’ai commencé à travailler

Sa vie professionnelle a démarré très tôt. Elle raconte : « Je n’avais pas 14 ans quand j’ai commencé à travailler. Après mon certificat d’études, j’ai travaillé dans la coutellerie : je faisais de la fabrication, c’est-à-dire polir, monter, affiler. J’ai appris sur le tas. Je ne peux pas dire que j’ai beaucoup progressé au sein de l’entreprise. J’ai quand même pris une qualification mais ce n’était pas grand-chose. Je me suis interrompue de travailler pendant 3 ans car j’ai eu 3 enfants. J’ai choisi de les garder puis j’ai repris à mi-temps quand j’avais 30 ans. Après, quand mes filles ont été grandes, j’ai repris à ¾ de temps puis à plein temps ».

A 14 ans, 20 ans, 25 ans, on ne pense pas à la retraite

Aujourd’hui à la retraite, Jeanne confie : « J’ai pris ma retraite à 58 ans et demi. Je touche 1 140 euros net. Ce n’est pas beaucoup pour vivre décemment. Pour vivre correctement, il faudrait une retraite à 1 500 euros ». Elle avoue ne pas avoir trop anticipé sa retraite finale au fil des années : « Mes 2 premières années de travail n’ont pas compté en cotisations parce que c’était trop faible. Mais ça a compté dans mes trimestres pour avoir ma retraite anticipée. A 14 ans, 20 ans, 25 ans, on ne pense pas à la retraite. On entendait nos parents dire qu’on n’arriverait jamais à la retraite. Je n’étais pas dans cette démarche car j’aime bien profiter de la vie. Je voulais bien vivre. On ne pense pas à la retraite. C’est 15 ans avant de la prendre qu’on commence à y penser et à se demander combien on va toucher. J’étais peut-être un peu naïve. Je n’avais pas mis de côté pour anticiper. Il a fallu un peu aider mes enfants à s’installer. J’ai pu mettre un peu de côté avec mon départ à la retraite. Dans la coutellerie, je touchais 1 250 euros en fin de carrière. Quand on fait la route pour aller travailler, il ne reste pas grand-chose ».

La nécessité de faire attention

Jeanne doit faire attention aux dépenses et calcule son budget avec minutie. Elle explique : « Je dépense beaucoup pour les charges de la maison, les assurances, l’essence. L’essence revient chère quand on veut se déplacer et qu’on est à la campagne. Le plein est vite passé ». Elle poursuit : « Quand je fais les courses, je fais attention. Je regarde les produits qui arrivent en fin de date et qui sont en promotion. Il y a des choses que je n’achète jamais. Je ne prends que le nécessaire. Je m’autorise très peu de gourmandises, seulement lorsque les enfants viennent, à cause de mon budget. Pour arriver en fin de mois, il faut faire attention. C’est une obligation ». Aujourd’hui le quotidien de la retraitée est bien rôdé : préparer du bois, bécher le jardin, tondre, marcher, lire, faire le ménage. Quand la situation sanitaire le permettait, elle s’autorisait de rares petits écarts : « J’allais à la cafeteria à Thiers car j’ai une fille qui y travaille. Autrement, je ne faisais jamais de restaurants. J’allais parfois manger une pizza mais ce n’était pas souvent ».

Des petites astuces pour réduire les dépenses

La retraitée est aujourd’hui la grand-mère de 5 petits-enfants. Elle essaie de les satisfaire, malgré son budget limité : « J’essaie de leur faire des petits cadeaux. C’est une priorité. Aujourd’hui on trouve des choses sur Le Bon Coin ou sur Vinted. Je leur donne parfois un billet ». Afin de faire des économies, la retraitée a recours à de petites astuces. Elle indique : « Mon budget est serré. Mais je fais beaucoup de choses par moi-même. En ce moment, je n’achète pas de salade. Il y a de la doucette sauvage, des pissenlits. Je fais du jardinage. Chaque fois que je peux gagner un euro, ça allège le budget. Mais quand on a une maison, on sait qu’à un moment, il faudra acheter de la peinture pour les volets ou refaire la bordure du toit. Il faut mettre un peu d’argent de côté. Pour la santé, on est remboursé mais dès l’instant où on va chez un médecin spécialisé, il y a des dépassements d’honoraires ».

Je vis avec ma retraite au jour le jour

Avec sa retraite, Jeanne a appris à compter le moindre euro. Elle s’estime pourtant chanceuse : « Je ne voudrais pas qu’on prenne cela comme une plainte car j’ai la chance d’être à la retraite. Quand on s’est séparés avec mon mari, j’ai gardé la maison. Je ne paie pas de loyer mais j’ai des charges. Cela permet d’améliorer un peu ma retraite : je n’ai pas 500 ou 600 euros à sortir par mois. J’ai la chance d’être à la campagne donc je peux me débrouiller, même si je ne vais pas au cinéma par exemple. Je touche 1 140 euros mais je sais qu’il y a des personnes qui ont moins. Mais je vis avec ma retraite au jour le jour. J’essaie d’équilibrer les comptes. Je pense qu’il y a des personnes pour lesquelles ce doit être plus difficile. Que ma retraite soit revalorisée me permettrait de moins compter ». Moins compter, c’est donc tout ce qu’espère Jeanne. Elle espère bien le demander mercredi 31 mars en allant défiler dans les rues de Clermont-Ferrand.

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