"On a tout perdu en perdant notre maman" : les filles de la victime restent sans réponse au procès de l'EHPAD Orpéa de Loos

En mars 2023, Yvonne Daize, 96 ans, a perdu la vie dans un EHPAD géré par le groupe Orpéa à Loos (Nord) en chutant d'un lève-personne. Deux ans plus tard, ses deux filles espèrent enfin comprendre les circonstances de la mort d'Yvonne, persuadées d'une négligence de la part d'Orpéa. Le délibéré sera rendu le 12 février 2025.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Une affaire macabre qui s'est déroulée il y a pratiquement deux ans. En mars 2023, Yvonne Daize, pensionnaire des Cotonnières, un EHPAD de Loos géré par le groupe Emeis (ex-Orpéa) est décédée suite à une mauvaise chute. Un aide-soignant en intérim était chargé de la déplacer de son lit vers un fauteuil roulant. Mais alors qu'elle se trouvait sur le lève-personne, la nonagénaire est tombée de tout son poids sur le sol. Un accident qui lui a valu un bras cassé et, surtout, un traumatisme crânien qui a conduit à sa mort onze jours plus tard.

Plusieurs questions se posent alors : le matériel était-il défaillant ? Yvonne a-t-elle chuté à cause d'un spasme comme le disait l'aide-soignant ? Ou s'agit-il d'une défaillance venue d'Orpéa ? Le procès ouvert ce mercredi 8 janvier 2025 devait lever le voile sur ces interrogations. Mais au sortir de l'audience, le flou est resté complet pour la famille de la victime.

Un problème de sangle ?

"Je n’ai pas de réponse. Je ne sais toujours pas comment ma mère a pu tomber, comment elle est réellement morte." Marie ne tient pas en place dans la salle des pas perdus. Après de nombreuses heures d'attente, la retraitée ne se satisfait pas de l'argumentaire avancé par la directrice de l'EHPAD et l'aide-soignant qui se trouvait sur place lors du décès. Selon la directrice, que les parties civiles accusent de ne pas avoir engagé assez de personnel qualifié, tous ses employés étaient présents au moment des faits. Celle-ci atteste également que l'intérimaire engagé, dispose de nombreuses années d'expérience et de plusieurs qualifications.

L'aide-soignant en intérim certifie de son côté qu'il avait bel et bien attaché les quatre sangles du lève-personne lors de la chute d'Yvonne, qui se serait "jetée sur la gauche" selon ses dires. Une enquête a prouvé que le matériel utilisé n'était pas défaillant... Ainsi, le problème relèverait donc forcément d'une mauvaise utilisation de ce lève-malade.

Malgré tout, les réponses restent insuffisantes et incomplètes pour les filles d'Yvonne, qui se disent déterminées à aller au bout de ce procès, particulièrement éprouvant.

Plusieurs manquements chez le personnel

Marie et sa sœur Martine en sont sûres : leur mère a été victime de négligence. "Quand on allait voir maman ce n’étaient jamais les mêmes têtes, toujours des intérimaires. Et c’est bien le problème : par manque de personnel on prend des personnes qui ne sont pas formées et habituées aux locaux, aux gens, au matériel et à l’encadrement du lieu", dénonce Martine, ancienne sage-femme désormais à la retraite.

On voyait bien la différence avec le personnel habitué, qui savait que si maman pleurait c’est qu’il y avait quelque chose, que si elle appelait c’est qu’elle en avait vraiment besoin.

Martine, fille d'Yvonne Daize

Pour elle, le manque de personnel qualifié chez Orpéa, qui a causé plusieurs drames similaires à celui d'Yvonne Daize, est un manquement devenu systémique chez ce groupe. Un traitement que dénonce d'ailleurs le journaliste Victor Castanet dans son livre Les Fossoyeurs, vaste enquête sur la dérive des EHPAD gérés par Orpéa, qui avait posé le doigt sur de nouveaux dysfonctionnements lors de sa sortie, en 2022.

Tirer un trait sur un traumatisme

Aujourd'hui, les deux sœurs sont unies dans la douleur de ce procès, qui soulève de terribles souvenirs. Toutes deux sont obligées de replonger dans des photos, des témoignages et une histoire lourde, qu'elles espèrent pouvoir bientôt refermer.

"Nous, ce qui nous brasse, c'est la souffrance dans laquelle notre mère est décédée. Elle a gémi, c’était une horreur. On n’a que ces images maintenant dans notre tête, aux urgences, le visage tuméfié", livre Marie, qui fulmine. "On a tout perdu en perdant notre maman, donc on ira au bout coûte que coûte."

Au cours de l'audience, les parties civiles ont réclamé 50 000 euros d'amende à l'aide-soignant et à la directrice. Le délibéré sera rendu le 12 février 2025.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information