C’est à la personnalité de Cécile Bourgeon, la mère, qu’était consacrée la 2e journée du procès de l’affaire Fiona devant les assises du Puy-de-Dôme. A la barre, elle est revenue sur son parcours chaotique, marqué par une dépendance aux drogues dures et à des relations toxiques.

« Mes parents ont divorcé quand j’avais cinq ans. Mon père était malade, il ne pouvait pas s’occuper de nous. Ca m’a rendu très triste, j’étais mal dans ma peau ». C’est par cet épisode que Cécile Bourgeon, frange relevée et lunettes à montures foncées vissées sur le nez, a commencé le récit de sa vie, interrogée par Dominique Brault, le président de la cour d’assises, pour le deuxième jour de ce procès.

La vie d’une petite fille pas très impliquée dans sa scolarité et qui redouble son CE2. La vie d’une collégienne qui fume ses premiers joints et cherche une orientation, sans « arriver à aller au bout de choses ». La vie d’une adolescente devenue adulte trop vite et qui, à 15 ans, se met en ménage avec son petit ami, Nicolas Chafoulais, enchainant les petits boulots, à la laiterie de Gerzat ou dans des bar-restaurants de Clermont-Ferrand. Une vie loin de sa mère avec qui elle ne s’entendait plus et loin d’un père qu’elle accuse « de l’avoir frappée et d’avoir eu des comportements déplacés, notamment en ayant eu des relations sexuelles avec sa compagne devant elle ». 

« La meilleure année de ma vie »

Trois ans après la rencontre avec ce petit ami dont elle était amoureuse, Cécile tombe enceinte et la vie semble enfin lui sourire. « Cette année-là a été la meilleure année de ma vie. J’ai obtenu un CAP, j’ai réussi mon permis et il y a eu la naissance de ma fille, Fiona». Pourtant, rapidement, la belle histoire tourne mal. « Après ça a dégénéré car la dope s’est mis dans notre couple, explique la jeune femme, d’une voix molle et monocorde. C’était devenu un cercle infernal ». Après avoir eu un deuxième enfant, le couple se sépare. Cécile Bourgeon part en cure de désintoxication avant d’être victime d’un viol en 2012, une agression qui a fait « basculer sa vie ».

C’est après cet épisode qu’est arrivé la rencontre avec Berkane Maklhouf, une rencontre dans un bar dont elle semble se souvenir précisément. « Nous avons passé l’après-midi place du 1er mai (ndlr : à Clermont-Ferrand), il faisait beau. C’était un vrai coup de foudre amoureux ». Rapidement l’homme s’installe chez elle, et la vie de la jeune femme change. « Vous ne voyez plus vos copines, lui rappelle le président. Pourquoi vous a-t-il écarté de vos copines ? ». Elle répond : « Il aimait bien qu’on reste dans notre cocon familial. Mais j’étais pas d’accord, j’avais envie de les voir ». 

« Berkane Makhlouf, c’est le père de mon fils ! »

« Il vous battait ? » poursuit le président. « Oui », répond timidement la jeune femme. Le président insiste. Mais elle minimise. Il perd patience : « Pourtant quand vous êtes arrivée en garde à vue, vous étiez dans un salle état ! Vous aviez des hématomes sur la joue, l’œil, les tempes, les jambes, il a fallu appeler un médecin ! » La jeune femme acquiesce. Et finit par lâcher que « lui tout seul lui avait plus mal que dix jeunes femmes qui l’ont tabassée en détention ». Tout en précisant qu’à l’époque, elle trouvait ça « normal » mais qu’aujourd’hui « elle avait compris que ça ne l’était pas ».

« Avez-vous toujours des sentiments pour Berkane Makhlouf ? » finit par demander Dominique Brault. Après un long silence, la jeune femme finit par murmurer « C’est le père de mon fils ». « Ce n’est pas ce que je vous demande ! Etes-vous toujours amoureuse ? » Encore un long silence. « C’est compliqué… C’est difficile… Je l’aimais très très très très fort. Ce qui nous a détruit c’est le mensonge ». « -Etes-vous toujours sous emprise ? -Je ne peux pas vous dire… »

Un peu après, l’expert psychologue dira d’elle « qu’en raison des violences qu’elle a subies toute sa vie, elle a toujours recherché des relations où elle était sous emprise. C’est une éponge, un buvard… On peut lui faire dire ce que l’on veut. Elle peut être totalement téléguidée. Par peur de l’abandon elle est capable de tout supporter ». « Est-elle capable de passer à l’acte ? » conclut le président. « Peut-être, avec des produits désinhibants… » 
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