Dans la station thermale de La Bourboule dans le Puy-de-Dôme, des passionnés rénovent un funiculaire actionné par la seule force de l’eau. Un système écologique, original et unique, mais hélas à l’arrêt depuis 1958.
Imaginez un funiculaire qui ne consomme aucune énergie pour hisser une trentaine de passagers depuis sa gare de départ à 890 mètres d’altitude jusqu’au plateau de Charlanne qui domine, 300 mètres plus haut, la station thermale de La Bourboule (Puy-de-Dôme). C’est l’industriel lyonnais Jean Claret qui l’a construit entre 1901 et 1902 et ce n’était pas son coup d’essai, puisqu’il est aussi le concepteur et fabricant du premier tramway de Clermont-Ferrand en 1889, le premier en France à avoir été électrifié.
En s’installant dans cette montagne auvergnate, Claret répondait à une riche clientèle de curistes qui délaissaient ainsi les longues promenades (7 à 8 kilomètres) à dos d’ânes, un funiculaire, ça faisait tellement plus moderne. D’autant que celui-ci utilise l’eau pour se déplacer. "Les deux voitures étant reliées par une poulie au plus haut, la voiture amont était chargée de 6000 litres d’eau provenant d’une source à proximité, ce qui la faisait descendre et entrainait vers le haut la voiture aval" explique William Le Garrec, un bénévole de l’association Fun Rail. "Mais comme il parcourt 580 mètres sur une pente moyenne de 50%, les freins n’auraient pas résisté" explique Richard Bazin, un autre bénévole de l’association."Les concepteurs ont alors divisé le trajet en deux, créant une gare intermédiaire pour transvaser l’eau".
De cette voiture amont il ne reste qu’un châssis rouillé, mais l’autre est précieusement restée dans la gare de départ. A l’arrêt depuis 1958, elle était en mauvais état avant sa restauration : "Pendant les 60 années d’exploitation, il n’y a eu que très peu d’entretien : il n’y avait qu’un frein sur 2 qui fonctionnait, le réservoir d’eau était percé par la rouille, le toit en toile était percé". Si depuis ce mois de septembre 1958 le funiculaire de Charlanne est à l’arrêt, c'est parce que ni la municipalité et ni le concessionnaire n’avaient voulu engager les frais de remise en état. Le site a été par la suite équipé d’une télécabine en activité de 1975 à 2012, elle aussi arrêtée en raison de pertes financières trop élevées.
De gros travaux en perspective
"La prochaine étape, ce sera de terminer la peinture, puis de débloquer toute la mécanique autour de la crémaillère". Mais très vite "L’objectif, c’est de rénover l’ensemble de la façade de la gare, notamment la grande porte cochère et la belle mosaïque en hauteur. L’important est bien de protéger l’intérieur pour accueillir les visiteurs et permettre le travail des bénévoles" indique Didier Lavergne. "Ce funiculaire, il est unique en Europe, ça on en est sûrs, et sans doute dans le monde".
L’association a recueilli 5 000 euros grâce à une campagne de financement participatif lancée au début de l'été 2021, mais il en faudrait 60 000 rien que pour les travaux du bâtiment.
"C’est un équipement qui fait partie du patrimoine bourboulien" dit Violette Eyragne, adjointe au Maire. "On a tous envie de remonter dans les voitures de ce funiculaire". Mais pour l’instant, les travaux sont d’une telle ampleur que déplacer la seule voiture qui subsiste, ne serait-ce que sur une vingtaine de mètres avec un treuil, serait déjà une victoire pour l’association Fun Rail. Il reste pour tous la visite de la gare et de l’exposition qui explique le principe ingénieux mis au point par Jean Claret.
