Les stations de ski de moyenne montagne souffrent des changements climatiques. Dans le Sancy (Puy-de-Dôme), elles se diversifient pour conserver une activité l'hiver malgré un enneigement devenu aléatoire.
Face au manque de neige récurrent, les stations de ski de moyenne montagne doivent se diversifier au risque de voir leur activité décliner. C’est tout un pan de l’économie hivernale qui est fragilisé. Luc Stelly, directeur de l’office de tourisme du Sancy, dans le Puy-de-Dôme, explique comment les stations du Sancy relèvent le défi.
Quelles sont les conditions d’enneigement de cette saison ?
C’est très aléatoire, très changeant. On a eu de la neige très tôt, dès le mois d’octobre avec même des chutes de neige assez conséquentes. Mais il y a eu des changements météo, du réchauffement, de la pluie, ce qui fait que les stations n’ont pas pu garder cette neige. On a des changements climatiques très rapides, en quelques heures, quelques jours, qui font qu’on a du mal à travailler la neige pour garantir de bonnes conditions aux skieurs.
Comment voyez-vous évoluer les hivers ces dernières années ?
Il y a des phénomènes qui sont locaux : le beau temps par exemple au mois de décembre avec du froid dans les vallées et un peu plus chaud en altitude. A plus long terme, on constate bien que la durée de froid est moins intense et moins longue, que la neige tombe de façon plus aléatoire. Ce qui est flagrant, ce sont des changements météo très rapides. Il n’y a pas de grandes périodes de froid ou de chaud, ça change très très vite.
Ces changements menacent-ils l’activité des stations de ski ?
Le ski, c’est vraiment un point d’attraction pour la réservation des vacances d’hiver. On sait que les gens viennent en station pour le ski mais aussi pour les animations et les commerces. Donc le ski a un impact économique très fort. Dans le Sancy, ça représente 2 500 emplois pour 9 000 habitants. Donc pour nous, c’est important de conforter le ski mais aussi de proposer une multitude d’activités autour. On a la chance dans le Sancy de travailler aussi beaucoup l’été. 65% de l’activité touristique a lieu en été. C’est une complémentarité très importante. Il faut du ski et d’autres activités pour garantir des séjours agréables pour les vacanciers.
Comment garantir l’ouverture des domaines skiables ?
D’abord avec beaucoup de technicité. On travaille la neige naturelle quand elle est là et la neige de culture en complément avec des techniques de plus en plus efficientes. On travaille avec moins d’énergie, moins d’eau pour produire plus de neige. On a amélioré nos connaissances du manteau neigeux. Les dameuses, par exemple, sont équipées pour mesurer en temps réel la surface de neige, l’épaisseur de neige pour aller en chercher à un endroit, la travailler à un autre, ne pas en rajouter s’il n’y en a pas besoin. On est sur la gestion technique d’une matière première pour pouvoir proposer des pistes aux skieurs.
Une stratégie technique mais aussi une stratégie de diversification… par quoi ça passe ?
D’abord par un changement d’état d’esprit. Dans le Sancy, la très grande majorité des prestataires a compris qu’il faut s’adapter très vite. Être capable pour un même prestataire de proposer de l’accrobranche dès le début des vacances et puis s’il neige, de la location de skis ou de skis de fond par exemple. Être capable de proposer des tyroliennes qui fonctionnent l’été comme l’hiver. L’idée c’est donc de pouvoir s’adapter très rapidement, de proposer de gros investissements qui vont fonctionner toute l’année pour les rentabiliser, mais aussi de palier les changements météo rapides.
Avec une vraie prise de conscience écologique ?
On ne va pas enneiger toute la montagne. D’abord parce que ça ne serait pas rentable et puis parce qu’il y a une vraie conscience des variations climatiques. Donc on peut faire un certain nombre de choses mais pas n’importe quoi. Aujourd’hui les stations se posent la question du respect de l’environnement. Ca veut dire peut-être un de ces jours produire de l’énergie, on est allé voir d’autres stations qui ont mis en place du solaire ou de l’hydroélectrique. Tout le monde est maintenant conscient qu’il faut à la fois sécuriser le ski et proposer des choses qui soient acceptables pour l’environnement.
Comment imaginez-vous le Sancy dans 10 ans ?
Sans doute comme une réserve naturelle dans le sens naturalité, espaces préservés avec une vraie qualité de vie. Je pense que la qualité de vie, c’est ce qu’on proposera aux touristes dans 10 ans dans le Sancy.