Produire son électricité et la partager avec ses voisins, c’est possible. En Auvergne, la première expérience d’autoconsommation collective est opérationnelle depuis janvier 2019. Explications.
L’électricité en circuit court, produite sur place et partagée avec ses voisins… C’est le principe de l’autoconsommation collective. Un créneau appelé à se développer selon les spécialistes. Dans le Puy-de-Dôme, trois PME se sont lancées dans l’expérience. Une première en Auvergne.
L’idée est venue à Thomas Sallès, gérant de Systèmes Solaires, une entreprise qui conçoit, installe et exploite des centrales photovoltaïques à Cournon-d’Auvergne quand, en mai 2017, l’autoconsommation collective a été rendue possible légalement. "C’était tout l’intérêt de voir comment ça se monte et surtout après, de voir comment ça vit", dit-il, en admettant que tout n'a pas été facile.
"Jouer les cobayes"
Après deux ans de démarche, la constitution d’une personne morale avec deux de ses voisins présents sur la zone artisanale et la signature d’une convention avec le distributeur Enedis, l’expérience est officiellement lancée en janvier 2019. Concrètement, la PME a installé des panneaux photovoltaïques sur l’ombrière de son parking. Elle consomme ce qu’elle produit avec deux entreprises voisines, qui vendent de l’outillage spécialisé. « Il y en a une que je connaissais à titre personnel parce que j’ai acheté ma tondeuse là-bas, et l’autre, on est client pour notre activité. Je leur ai demandé s’ils acceptaient de jouer les cobayes pour cette opération », s’amuse Thomas Sallès.La capacité de production équivaut à 30 kilowatts. « Les compteurs électriques d’Enedis indiquent, demi-heure par demi-heure, la production et la consommation de chacune des 3 PME, ce qui permet de répartir la production entre les acteurs de manière optimale. Sur une année, chacun des consommateurs aura ainsi tiré 30 à 50% de sa consommation électrique des panneaux photovoltaïques installés par Systèmes Solaires », explique Enedis. En cas de besoin, le complément est facturé par le fournisseur d’électricité habituel.
Un dispositif qui implique d’être équipé de compteurs communicants, les fameux - et parfois décriés - compteurs Linky, car le calcul se fait quasiment en temps réel.
L'autoconsommation, un nouveau modèle ?
L’expérience intéresse Enedis car l’autoconsommation collective ne fait que démarrer mais elle est considérée comme une solution d’avenir, de plus en plus de particuliers aspirant à consommer ce qu’ils produisent. « En France, il y a environ 400 000 installations de panneaux solaires, photovoltaïques individuelles, c’est-à-dire sur le toit des maisons. La majeure partie revend l’intégralité de l’électricité produite. 10 %, soit 40 000 installations individuelles, sont sur le principe de l’autoconsommation. Et sur ces 40 000, la moitié au titre de la seule année 2018. C’est exponentiel », observe Pierre-François Mangeon, directeur territorial.L’intérêt de produire et consommer son électricité collectivement ? Cela peut permettre de financer une unité plus importante, d’optimiser l’investissement en implantant au mieux les panneaux pour une bonne exposition ou encore d’avoir une meilleure adéquation entre la production et les besoins de consommation (qui varient selon les acteurs, commerces, particuliers, école, etc.). En outre, quand l’électricité est consommée au plus près, il y a moins de déperdition… Aux partenaires regroupés en personne morale de s’entendre sur les modalités de mise en œuvre, niveau de répartition de l’électricité ou participation financière.
Thomas Sallès, lui, n’a rien demandé à ses voisins. Il espère que les connaissances acquises vont lui permettre d’accompagner l’ouverture de nouveaux débouchés. Bailleurs sociaux, copropriétés, communes, voire association de plusieurs profils… L’autoconsommation collective n’en est qu’à ses débuts.