Retour sur un coup d’éclat de la résistance auvergnate : la libération de la prison de Riom. Le 13 août 1944, déguisés en officier allemands, les résistants se sont fait ouvrir les portes de la maison d’arrêt de Riom (Puy-de-Dôme), libérant ainsi 114 prisonniers promis à la déportation ou à l’exécution.
Aujourd’hui vide et désaffectée, la maison d’arrêt de Riom, près de Clermont-Ferrand, était sinistrement pleine à l’été 1944. Françoise Fernandez est historienne, et elle revient sur cette période sombre de la région : « La population carcérale a complètement changé pendant l’été. On trouve essentiellement des gens qui ont été arrêtés pour "intelligence avec l’ennemi" comme on disait à l’époque, des gens qui ont été raflés par la milice autour de Clermont, et qui sont en attente de déportation dans le meilleur des cas, voire d’exécution ».
Parmi les prisonniers se trouvait Jean Zylberman. À l’époque jeune résistant, il avait pu fuir le Mont-Mouchet le 11 juin pour se réfugier chez ses parents à Vic-le-Comte où il se croyait en sécurité : « J’avais été dénoncé par des Français, qui avaient signalé que j’étais revenu du Mont-Mouchet. D’un seul coup à 6 heures du matin, on a défoncé la porte de ma maison, et des agents de la Gestapo ont surgit. Ils m’ont embarqué, ainsi que mes parents, et nous ont amenés à la prison de Riom ».
En cellule les conditions matérielles ne sont pas faciles mais pour tous ces prisonniers, le plus éprouvant c’est l’ignorance de ce qui les attend, se souvient Jean Zylberman : « On n’osait pas parler, car on savait que des agents de la Gestapo se trouvaient parmi nous pour écouter ce qui se disait ».
« Une opération d’un culot extraordinaire »
À l’extérieur, les résistants apprennent qu’un convoi doit emmener les détenus de Riom en déportation le 13 août. Les deux principaux groupes du secteur, FTP et Corps Franc, décident, malgré leurs désaccords antérieurs, d’organiser ensemble une évasion massive. « Le Corps Franc de Riom est venu assurer la protection de l’opération en quadrillant les rues qui sont autour, et d’un autre côté les FTP qui sont entrés dans la prison pour évacuer les prisonniers. Un commandant est arrivé, habillé comme un agent de la Gestapo et a demandé à se faire ouvrir les portes de la prison. C’est une opération d’un culot extraordinaire », raconte Françoise Fernandez.
Ayant sans doute bénéficié de complicité parmi les gardiens français, l’opération est un magnifique succès. Sans qu’aucun coup de feu ne soit tiré, 114 prisonniers, dont 16 femmes, sont libérés cette nuit-là.