Coronavirus COVID 19. Tensions, libérations, matériel de protection : la situation dans les prisons d’Auvergne

La situation est complexe dans les prisons d’Auvergne, en raison du coronavirus COVID 19. L’inquiétude est présente chez certains détenus et surveillants. Samedi 28 mars, des masques ont été distribués aux surveillants, et des détenus devraient être libérés dès lundi 30 mars.

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Dans les centres de détention d’Auvergne, le coronavirus COVID 19 complique considérablement la situation. Afin de protéger surveillants et détenus des contaminations extérieures, la maison d’arrêt a reçu des masques chirurgicaux samedi 28 mars, et les a distribués au personnel : « On en a une soixantaine par jour, soit 2 masques pour les surveillants en journée complète et 1 pour ceux qui travaillent en demi-journée, on devrait pouvoir tenir une dizaine de jours avec notre stock », explique Benoit Daudé, surveillant pénitentiaire à la maison d’arrêt de Riom. A Moulins, des masques ont également été reçus : "La quantité que nous avons reçue n'est suffisante que pour 3 à 4 jours, il faudrait qu'on nous livre à nouveau rapidement", tempère Jihad El Hajoui, surveillant à la maison d'arrêt de Moulins.

Entre 50 et 150 détenus libérables

Entre 50 et 150 détenus seront également libérés progressivement à partir du 30 mars, afin de soulager la tension. En effet, si elle n’est pas en surpopulation, la maison d’arrêt de Riom est à se capacité maximale, soit 550 détenus. « Ne sont pas libérables les terroristes, les meurtriers ou les auteurs de viol et violences conjugales », précise Benoit Daudé. A Moulins, 4 détenus ont déjà été libérés. "Ce ne sont que des détenus au comportement exemplaire, et qui ont effectué la quasi totalité de leur peine", explique Jihad El Hajoui. Au total, cette libération pourrait concerner environ 5 000 détenus en France.

Tensions et manque de personnel

Avec la fin des parloirs et de nombreux surveillants absents pour des raisons de santé ou des raisons familiales, les conditions de travail des surveillants et de détention ont changé, selon Benoit Daudé : « On observe une augmentation des bagarres entre détenus mais aussi de jets de colis par-dessus les murs d’enceinte, que l’on attribue à l’interdiction des parloirs. On pense que certains détenus essayent de se servir de ce biais pour obtenir des stupéfiants ou des téléphones pour contacter leurs proches. Nous sommes en effectif très réduit, sur environ 250 surveillants, une cinquantaine de plus qu’en temps normal sont arrêtés, en raison de comorbidités ou de garde d’enfant. Cela rend la tâche très compliquée pour nous. »

A Moulins, près d'un tiers du personnel est absent : "On arrive à gérer pour l'instant, mais on est inquiets pour les jours à venir. Tout le monde est effrayé, à cran. On fait du mieu qu'on peut mais les détenus sont inquiets de nous voir aller et venir, d'autant que jusqu'à présent nous navions pas de masque. Quand on doit conduire un détenu d'un lieu à un autre, avec plusieurs grilles à franchir, on ne peut pas s'arrêter et se laver les mains. Ils ont peur de l'attraper et nous aussi", explique Jihad El Hajoui.

Limiter les regroupements 

La santé des détenus est aussi une préoccupation chez les surveillants. Le syndicat Force Ouvrière demande à ce que les détenus bénéficiant du système « porte ouverte » et qui circulent librement dans certaines ailes, soient remis dans leur cellule, afin de limiter les risques de contamination et de mutinerie. « Il est très difficile de limiter les regroupements, surtout lors des séances de sport ou des promenades. Comme les détenus s’ennuient, ils n’ont que ces activités et quand on a une cinquantaine de détenus à la fois qui font du sport, ça augmente les risques de contamination », alerte Benoit Daudé.

"Ils ont peur de mourir seuls en prison"

Pour l’heure, le seul cas suspect de coronavirus du centre de détention a été placé en confinement et ses tests se sont révélés négatifs, mais la peur est présente, selon Benoit Daudé : « Les surveillants ont peur de la contamination, et les détenus, ils ont peur de mourir seuls en prison. »

 
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