Depuis le 11 mai, le centre pénitentiaire de Riom (Puy-de-Dôme) qui héberge 449 détenus est en phase de déconfinement. Les parloirs et les activités quotidiennes ont repris avec l’objectif prioritaire de conserver l’anneau sanitaire protecteur mis en œuvre pendant le confinement.
Lieu de privation de liberté, habitué à vivre en retrait de la société, le centre pénitentiaire de Riom dans le Puy-de-Dôme a dû s’adapter dès le 17 mars à un second isolement imposé par le coronavirus Covid 19.
"Le déconfinement est un sujet de préoccupation pour conserver l’anneau sanitaire que nous avions mis en place pendant le confinement. Il va désormais devoir fonctionner différemment. C’est une nouvelle séquence qui a commencé, on est sur une situation apaisée et sécure" explique Stéphane Scotto, le directeur interrégional des services pénitentiaires pour le secteur Lyon Centre Est.
Des parloirs aménagés
Les parloirs qui permettent un contact avec les familles, un sujet très sensible pour les détenus, ont repris après le 11 mai avec des aménagements. "A Riom, ils n’ont pas été installés dans de grandes pièces (salles d’activités ou gymnases) comme cela a pu se faire ailleurs en France mais dans les salles d’attente plutôt que dans les box habituels. Cela permet de concilier l’impératif de mise en relation, de respect des règles sanitaires et de contrôle de la sécurité pénitentiaire. Certes le nombre de demandes a fortement diminué, mais c’est autant de reprises de contacts. On vit ici un phénomène comparable à ce qui se passe dans les Ehpad" dit Stéphane Scotto. "L’arrêt des parloirs du jour au lendemain ça pouvait se comprendre au début du confinement mais ne plus voir leurs familles, les représentants du culte et les visiteurs ça a été difficile, comme un isolement supplémentaire dans l’isolement" dit Jean-Marie Seffray secrétaire de la section du Puy-de-Dôme de l’association nationale des visiteurs de prison (ils accompagnent actuellement une trentaine de détenus à la prison de Riom)."C’est environ 10 fois moins de parloirs qu’avant, c'est à dire une dizaine le premier samedi" précise Jérôme Plazanet, secrétaire régional de l’UFAP, "c’est vrai que la formule intéresse peu les détenus qui préfèrent plus d’intimité". "Cela oblige à beaucoup d’attention pour éviter les contacts physiques, car s’il y en a, il faut que le détenu passe en quatorzaine dans le quartier d’accueil, or on n’a que 20 places à Riom. Comprenez bien qu’on est dans la même situation que dans la société, mais avec plus de contraintes" dit Nicolas Machette membre du bureau régional USIP – FO."Mais ça ne fait pas entrer dans la zone de détention des personnes extérieures" complète Ludovic Chaumont, secrétaire local de la CGT Pénitentiaire.
Une reprise progressive des activités
"Les ateliers ont repris et on a aussi un peu plus de soins médicaux" dit Ludovic Chaumont. La possibilité de travailler et de se former, c’est un des autres piliers qui animent le programme de réinsertion active dans l’établissement."A la différence de Moulins (dans l’Allier) et Valence (dans la Drome) qui ont confectionné des masques pendant le confinement, à Riom l’activité a repris progressivement au cours de la semaine du 11 mai. On y fabrique désormais des hygiaphones portatifs pour la protection contre coronavirus" explique de directeur interrégional. "La formation est relancée et c’est un signe fort, y compris pour nos partenaires comme la région Auvergne-Rhône-Alpes sur le volet formation".
"Cela reprend progressivement" dit Nicolas Machette, "par petits groupes, par bâtiments, en jours décalés. Nous on ne voudrait pas trop se presser, prendre toutes les précautions car plus on invite de personnes extérieures plus c’est risqué et il faut vraiment éviter que le virus rentre, donc on reste un peu au ralenti comme partout d’ailleurs".