"Ils n'ont rien à perdre à demander, ils ne risquent presque rien, dans le pire des cas, le surveillant pénitentiaire leur dit non et c'est tout ", constate le surveillant riomois. "J'ai l'exemple d'un détenu qui travaillait en cuisine et qui a demandé au cusinier un sachet de levure, alors qu'il n'a pas le droit. D'abord, ça a été de la levure, puis des cigarettes, puis du cannabis. Ils vous tiennent en menaçant de vous dénoncer, de vous faire perdre votre emploi, donc les surveillants se taisent."
Des surveillants parfois fragiles
Il ne se dit pas surpris, car les commissions de discipline concernent près de 20 surveillants pénitentiaires chaque année, sur les 26 000 que compte le pays. "Le problème vient de la sélection à l'entrée. Certains candidats ont un profil psychologique jugé défavorable par les psychologues et on les embauche quand même, par manque de personnel", regrette Benoît Daudé.Selon lui, l'appat du gain ou encore les soucis extérieurs peuvent facilement entraîner les surveillants les plus fragiles psychologiquement dans l'engrenage du trafic avec les détenus.
Failles de sécurité
Mais les trafics proviennent aussi de failles de sécurité et de contrôle. A Riom, les détenus ont trouvé des méthodes originales : "Certaines personnes sautent le grillage qui entoure la prison et lance des colis par dessus le mur d'enceinte pendant la nuit", constate Benoît Daudé. Il constate également l'émergence de petits téléphones portables de plus en plus sophisiqués qui ne sonnent pas au portiques de détection et permettent non seulement de passer des appels mais aussi d'aller sur internet."Il n'y a plus de fouille systématique après un contact avec l'extérieur, forcément les objets passent plus facilement". Pour Benoît Daudé l'administration est en retard face à l'évolution des techniques des prisonniers.