Traumatisées, les victimes des braquages témoignent à la barre des Assises de Riom

La cour d'assises du Puy-de-Dôme juge depuis lundi une affaire de braquages en série. Trois ans après les faits, les victimes sont venues raconter les agressions qu'elles ont subies. Les violences verbales et menaces de mort avec une arme ont laissé des traces indélébiles. 

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Elle a été agressée deux fois, et depuis, elle n’a toujours pas réussi à reprendre une vie normale. Appelée à la barre, une jeune femme témoigne, en larmes : « J’ai toujours des angoisses, j’ai peur du noir. J’ai développé des TOC, je vérifie sans arrêt que la porte de chez moi est bien fermée. Je ne peux toujours pas rester seule le soir ».

Chargée à l’époque de la maintenance des distributeurs de billets de plusieurs banques, cette victime a été agressée deux fois. La première à Moulins, en novembre 2011. Au petit matin, alors qu’elle s’apprêtait à entrer dans un distributeur de la caisse d’épargne, deux hommes lui ont couru après, l’ont rattrapé et lui ont arraché son sac à dos. Un sac à dos dans lequel se trouvait notamment le planning de toutes les interventions prévues sur les distributeurs de l’Allier et du Puy-de-Dôme.  « L’un d’eux m’a pointé une arme sur la tête », poursuit-elle.

S’il ne m’avait pas prévenu, je me serai pris le distributeur dans la tête…

Suite à cette agression, la jeune victime a décidé de reprendre le travail malgré son traumatisme. Mais quinze jours après, à Puy-Guillaume, elle a du à nouveau faire face à ses agresseurs. « Je suis entrée dans le local de la caisse d’épargne et j’ai commencé mon travail. J’ai entendu frapper et quelqu’un qui me disait de reculer ». La jeune femme se pousse et une voiture fonce alors sur le distributeur, faisant céder le système de verrouillage. « Un homme armé et cagoulé est rentré. Il s’est servi et m’a dit de ne pas paniquer que ça allait être rapide ». « Que ce serait-il passé si votre agresseur ne vous avez dit de vous pousser ? » lui demande le président. « S’il ne m’avait pas prévenu, je me serai pris le distributeur dans la tête… »

Suite à cette agression, la jeune salariée est passée du statut de victime à celui de suspect. Pendant quelques semaines, elle a été placée sur écoute et longuement interrogée par les enquêteurs, notamment sur son entourage. Un traumatisme supplémentaire même si elle a très rapidement été mise hors de cause. La jeune femme n’a jamais pu reprendre son travail et a du se faire suivre psychologiquement. « Je ne peux plus exercer les métiers que j’aurai aimé faire. J’avais réussi mon concours pour entrer dans la police… Je n’ai pas pu y aller ».

Attaqué dans le bureau de sa concession automobile, où il se trouvait avec trois de ses connaissances, un homme raconte lui aussi son calvaire. Mise en joue, menaces de mort… Lui aussi se souvient de la violence de son agression. « Après les faits, j’ai tout de suite fermé mon garage, car je ne pouvais plus vivre dedans. Je suis ensuite parti à l’étranger, je ne pouvais plus rester ici. Aujourd’hui encore, ça m’empêche de dormir, ça me réveille la nuit ».

Il m’a dit je vais te buter​.

« Au début, je pensais que c’étaient mes collègues qui me faisaient une blague ». Un peu plus tard, l’employée d’une des concessions automobiles braquée en novembre 2011 se souvient elle aussi. « Il était à peu près 18h45, deux personnes sont entrées brusquement. Elles portaient des cagoules, des lunettes très noires et des gants. Il m’a semblé voir un pistolet dépassé d’une manche de l’un d’eux, l’autre avait une sorte de bombonne… J’ai appris après que c’était une bombe lacrymogène ».

Très vite, les deux hommes lui demandent les clés de deux véhicules. « Je leur ai dit, ça suffit la plaisanterie. Ça les a énervés, et celui qui avait une arme l’a pointée sur ma tempe. Il m’a dit je vais te buter…». La femme prend alors conscience de la gravité de la situation.

« Ils savaient où étaient les clés. J’ai eu peur  qu’ils me frappent, qu’ils me tuent ». Des menaces qu’ils profèrent à nouveau, au moment de partir, après avoir récupéré les clés et les papiers de deux grosses cylindrées. « Ils m’ont dit que si je parlais, si je disais quoique ce soit, ils me retrouveraient et me buteraient, car maintenant ils savaient où j’habitais car ils avaient trouvé mon passeport qui était dans mon sac ».

Aux questions plus précises du président, concernant des détails dont elle pourrait se souvenir, la dame a parfois du mal à répondre. « C’est loin, s’excuse-t-elle, et vous savez j’ai tout fait pour essayer d’oublier ». Suite à cette agression, la victime a refusé tout arrêt de travail. « Si je m’étais mise en arrêt, je pense que je n’aurai jamais pu reprendre ». Elle a également refusé de se constituer partie civile. « Cette histoire, poursuit elle, je ne veux plus en entendre parler ».
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