Saint-Nectaire : la magie du bois transformé en pierre ... grâce à l'eau

Un artisan auvergnat responsable des fontaines pétrifiantes de Saint-Nectaire et un sculpteur stéphanois collaborant depuis plusieurs années verront deux de leurs créations exposées au Musée des Arts Décoratifs de Paris à l'occasion des journées européennes des métiers d'art du 29 mars au 3 avril.

A Saint-Nectaire, depuis sept 

générations, la famille Papon transforme l'eau en pierre grâce à une technique d'incrustation étonnante. Un moule est fabriqué en gutta percha, une matière cousine du latex qui est quasi-réutilisable à l'infini. Cette "gomme" est appliquée sur une matrice afin d'obtir une sorte de négatif qui va durcir à température ambiante avant d'être déposé sur l'échelle de pétrification.

  

Depuis des années, Eric Papon collabore avec des artistes. Parmi eux, le stéphanois Romain Langlois, adepte du bronze, mais qui a été fasciné par cette technique. Ensemble, ils ont réalisé un certain nombre de pièces, dont quelques unes seront exposées à Paris au Musée des Arts Décoratifs à l'occasion des journées européennes des métiers d'art du 29 mars au 3 avril. L'une d'elle a été moulée à partir d'un morceau de tronc d'arbre, mais pas n'importe lequel.

J'ai choisi un morceau d'arbre qui avait toute une histoire, une histoire comme des hiériglyphes qui était racontée dessus. On a besoin de se rapprocher de ce morceau pour comprendre que c'est du bois, pour comprendre cette histoire créée par les insectes qui l'ont mangé. Mais en même temps, la calcite est là pour nous dire non, je ne suis pas du bois, je suis creux, j'ai des stalactites qui ont poussé dedans... Donc, je suis quoi au juste ?"  Romain Langlois, artiste

La Gutta Percha, cette matière qui sert pour les moulages, est de plus en plus difficile à trouver. Le peu de pays producteurs remplacent en effet les arbres à gutta par des palmiers pour l'huile de palme. Du coup, l'artiste et les responsables des fontaines veulent, grâce à un financement participatif, organiser un voyage en Indonésie pour tenter de convaincre les fabricants de maintenir la production.

Cette opération est menée en partenariat avec kisskissbankbank, plateforme de financement participatif, et les ateliers de Paris qui veulent développer les projets pour les métiers d'art.