Des couteaux Laguiole fabriqués à Chabreloche, près de Thiers, dans le Puy-de-Dôme, apparaissent dans la série sud-corénne « Squid Game » de Netflix. La gérante de la petite coutellerie familiale n’en revient toujours pas de cet immense coup de projecteur.
C’est LA série événement du moment, « Squid Game ». Cette fiction sud-coréenne a battu le record du meilleur démarrage sur Netflix, avec plus de 110 millions de foyers touchés dans le monde en 17 jours. Dans cette série violente, 456 personnes avec des problèmes d’argent participent à des jeux d’enfants pour espérer toucher un pactole. Mais les perdants de chaque jeu sont exécutés sur-le-champ. Dans les deux derniers épisodes, des couteaux français apparaissent à l’écran, comme l'a indiqué le journal Le Parisien. Oui mais pas n’importe lesquels, des couteaux Laguiole fabriqués à Chabreloche, près de Thiers, dans le Puy-de-Dôme, dans la coutellerie Jean Néron. Un expert d'une chaîne YouTube spécilisée dans la coutellerie, "Knives and stells"a même affirmé, captures d'écran à l'appui, que les couteaux à l'écran étaient bien des produits thiernois. Voici sa démonstration.
L’entreprise de Chabreloche a 3 spécialités : la coutellerie de table, les utilitaires de cuisine et les couteaux à huître.
On est sûrs que c’est bien notre couteau qui est dans la série
Catherine Néron, la gérante de l’entreprise, explique comment elle a appris la nouvelle : « On l’a appris par un contact professionnel. Il nous a indiqué qu’il avait vu la série et qu’il était persuadé d’avoir reconnu nos couteaux. Il travaille chez le découpeur qui réalise le découpage des lames. Après cela, j’ai reçu un message d’un spécialiste des placements de produits. Il avait fait des recherches et était tombé sur nous. On a vérifié et c’est bien nos produits ». La gérante est formelle : « On est sûrs que c’est bien notre couteau qui est dans la série. Il n’y a aucun doute à avoir car tous nos couteaux sont poinçonnés dans le métal. Dessus, on voit distinctement « Laguiole. Jean Néron. Made in France ». On est absolument certains que ce ne peut être que nos articles. Les couteaux utilisés sont issus de notre gamme Laguiole de table ».
La Corée du Sud est un gros marché pour nous
Catherine Néron n’en revient toujours pas de voir ses couteaux exposés devant un large public : « J’ai été très agréablement surprise. Je me suis dit qu’on a beaucoup de chance car on a un distributeur coréen qui fait très bien son travail. Il a finalement trouvé le bon filon pour développer les ventes ». L’entreprise auvergnate réalise 40 % de son chiffre d’affaires à l’exportation. Catherine Néron souligne : « La Corée du Sud est un gros marché pour nous. On travaille beaucoup avec l’Asie malgré ce qu’on peut penser. On exporte aussi à Taiwan et au Japon. Depuis le début d’année on a déjà dû fabriquer pour la Corée du Sud près de 150 000 couteaux sur un total de plus 1,8 million de couteaux ».
Des conséquences à attendre
La gérante s’attend à quelques retombées avec ce joli coup de publicité que lui offre la série : « Je pense que c’est un impact publicitaire immédiat et inattendu. C’est un coup d’éclairage sur notre entreprise. Nous sommes une petite structure familiale. On a 22 salariés. On n’a pas du tout l’habitude d’être médiatisés. Je pense que ça peut avoir une incidence sur nos ventes. J’ai appris que les acteurs de la série portaient des baskets Vans et que suite à cela, les ventes avaient augmenté de 3 000% ». Elle poursuit : « Nous ne vendons pas directement aux particuliers, nous ne vendons qu’aux professionnels. On ne peut pas mesurer présentement l’incidence. Mais au niveau du marché coréen, il y a une forte demande. Nous sommes obligés de restreindre face à cette explosion car nous travaillons avec beaucoup de pays dans le monde, nous devons répartir notre fabrication, pour répondre le mieux possible à tous nos clients. Le marché coréen a commencé à devenir important après le confinement. Ce fameux virus a dynamisé notre activité. C’est peut-être lié au fait qu’on est sur un créneau porteur, celui de la cuisine ».
Quelques craintes
Mais la chef d’entreprise redoute de ne pas être en capacité pour répondre à une forte demande suite à cette exposition mondiale : « On est déjà au maximum, on fait tout ce que l’on peut. A moins de changer de dimension, cela risque de devenir compliqué. Depuis cet accroissement, nous avons réussi à augmenter vraiment notre production, de près de 20%. Mais c’est encore insuffisant, et pourtant on a eu recours à des procédés qu’on n’avait pas utilisés jusque-là, comme la sous-traitance chez les confrères ». La PME de Chabreloche a réalisé un chiffre d’affaires en 2020 de 2 millions d’euros. La série « Squid Game » pourrait bien avoir une incidence sur les ventes. Catherine Néron tient à apporter une précision de taille : « Au sujet de l’utilisation qui est faite des couteaux, je laisse le téléspectateur averti en juger. Nous vendons des couteaux à utiliser pour la table et non pour la violence ». Le message est passé.