"On est un peu en sommeil" : l'expression est de Victor Bosch, le directeur du Radiant-Bellevue, salle de spectacle de Caluire-et-Cuire, près de Lyon. Il était l'invité d'"Entre-deux", ce mercredi. Son théâtre a dû beaucoup réduire la voilure face aux contraintes de la pandémie.
"C'est catastrophique ? Oui et non", répond Victor Bosch. "On s'adapte, on propose des petites formules, des spectacles qui font venir le public dans des proportions qui respectent les distanciations sociales. Ce n'est pas les rendez-vous dont on a l'habitude : des têtes d'affiches, des concerts, des artistes qui font venir du monde, de la jeunesse..."
Concrètement, la programmation initiale du Radiant-Bellevue, à Caluire, prévoyait quelque 185 spectacles sur la saison 2020-2021. Mais face aux exigences du protocole Covid, son directeur a dû revoir très sévèrement sa copie. Premiers sacrifiés : les concerts debout, interdits. Seuls les spectacles assis ont pu être maintenus et, parmi eux, pas les plus prestigieux, pas les plus populaires : trop chers pour être rentabilisés lorsqu'il faut laisser des sièges vides.
Des artistes solidaires
Certains artistes de renom ont tout de même accepté de faire un geste. "Nous allons accueillir les 23 septembre, une pièce avec Pierre Arditi et Michel Leeb, et comme elle était archi-complète, ils ont accepté de faire deux séances le même jour et pour le même cachet... Je trouve ça très élégant de leur part". Même démarche pour Benjamin Biolay, au mois de novembre, qui jouera deux fois pour le prix d'un concert.Malgré tout, le nombre moyen de dates à l'affiche de l'établissement a terriblement chuté : passant de 25 en moyenne à 4 ou 5 par mois, avec une jauge de 1100 personnes réduite à un peu plus de 600. Le manque à gagner est important et l'établissement a recours au chômage partiel pour une partie de son personnel permanent (une douzaine de postes).
Mais c'est surtout le recours aux intermittents du spectacle (techniciens de plateau, du son, de la lumière, ou autres) qui a plongé. "Là où on faisait 350, 400, parfois 500 feuilles de paye par mois, on en fait peut-être 20 ou 30", précise Victor Bosch. "Les intermittents souffrent, comme tout le monde".
Une compensation de l'Etat ?
Seul espoir, dans ce marasme : des négociations en cours, entre les entreprise de spectacle vivant et le ministère de la Culture, en vue d'une aide financière pour pallier le manque à gagner dû à la distanciation sociale. "Ils partent du principe que, sur une jauge de 1100 personnes, ce manque à gagner représente 30 %, et ils sont prêts à en prendre en charge 40 % si on continue à jouer", explique le directeur du Radiant. "C'est une très bonne initiative. On va voir comment tout cela va se mettre en place, c'est la seule solution".
Une solution pour maintenir, coûte que coûte, des spectacles vivants. D'autant que le public est au rendez-vous : pas de demande de remboursement, auprès du Radiant. Les spectateurs acceptent de patienter en cas de report et, d'après Victor Bosch, l'ambiance est particulièrement chaleureuse, malgré la distanciation sociale : l'envie de culture est bel et bien là.