Ce mardi 18 décembre, l'ambiance était plutôt tendue au tribunal administratif de Grenoble. Les associations qui militent pour l'arrêt des travaux du tram E ont dénoncé des "pressions énormes". Le rapporteur public a revu sa copie.
Alors qu'il y a deux mois, dans son réquisitoire, le rapporteur public (équivalent du procureur) soulignait les nuisances et les dangers de pollution du projet de tram E, cette fois le magistrat ne s'est plus opposé à la déclaration d'utilité publique au cours de cette nouvelle audience. Dans une salle archi comble, cela n'a pas manqué de provoquer des réactions."Le public a grondé", rapporte Jean Hirigoyen, mandataire des associations qui militent contre la nouvelle ligne de tram. Selon lui, "le rapporteur public 's'est couché'. Il lisait un texte, exactement comme si on le lui avait mis entre les mains. A le croire, alors qu'il disait tout l'inverse, tout est parfait maintenant avec le tram et le SMTC a bien apporté des solutions compensatoires aux personnes impactées..."
"Les plaidoyers qui ont suivi ont été très 'tranchés'", poursuit-il, "les avocats étaient ahuris d'un tel rebondissement. Il y a même eu des digressions sur la démocratie en France et le départ de Depardieu. Ah, c'était très vivant !". L'avocate de la Préfecture n'a rien dit. Quant à celui du SMTC, il était hérissé comme un hérisson", termine Jean Hirigoyen en souriant.
Le jugement du tribunal administratif sera rendu le 15 janvier 2013, mais les opposants affirment ne pas avoir dit leur dernier mot.
Les opposants au tram E sentaient 'le vent tourner'
"On est très impatients d'entendre ce que le rapporteur public a à dire aujourd'hui", expliquait Jean Hirigoyen avant l'audience. "Nous avons appris en interne qu'il y a eu un revirement à 180°".
Les requérants demandent "l'annulation du projet, faute d'examen par le SMTC (Syndicat mixte des transports en commun) de solutions alternatives". Ils considèrent que "la ligne du tram E ne résoudra en rien les problèmes d'embouteillage de l'A480", et parlent d'abus de pouvoir. L'avancement des travaux (déjà 100 millions d'euros engagés sur les 358 millions programmés) n'étant pas pour eux un argument.
"Ce qu'on craint, c'est une demande d'étude d'impact, bidon... Il faut dire qu'il y a des pressions énormes dans ce dossier. C'est tout de même le premier chantier de l'Isère. Et puis il y a les élections en 2014", rajoute Jean Hirigoyen.