Une vidéo fait réagir les chercheurs spécialistes des glaciers. Il s'agit d'un extrait de l'émission "Sur le Front", présentée par Hugo Clément, où l'on découvre ce qui est présenté comme LA solution pour sauver les glaciers de la fonte.
Un canon à neige autonome capable de produire de la neige à très haute altitude. La pellicule de poudreuse protègerait la glace des rayonnements solaires. C'est une vidéo qui fait sourire les chercheurs grenoblois spécialistes de l'environnement... Un sourire amer.Dans la vidéo, on voit le présentateur dans les laboratoires de la Haute Ecole de Lucerne, en Suisse, découvrir le prototype d'un canon à neige "révolutionnaire".
Il serait capable, selon son inventeur, Dieter Muller, de fonctionner en autonomie en haute altitude et de recouvrir un glacier de neige artificielle, ce qui le protégerait des rayonnements du soleil.
Le canon doit être installé sur le glacier du Morteratsch, en Suisse, à 4000 mètres d’altitude. Un lac situé au-dessus du glacier servira de réserve d'eau. L'idée est d'envoyer cette eau par gravité vers le canon, et de la pulvériser sur la glace sous forme de neige.
"Partout où il y aura de la neige, le glacier arrêtera de fondre. Avec ce système on aura ralenti la fonte de 10-15ans. Il est même possible que le glacier se remette à croître", affirme le chercheur suisse dans le documentaire.
Ce prototype est-il susceptible de sauver les glaciers des Alpes ?
Loin s'en faut, selon des chercheurs grenoblois.
Pour Eric Larose, géophysicien à l'Institut des Sciences de la Terre, "c'est typiquement un remède qui est pire que le mal... De quels enjeux parlons-nous ? Quand on sait les surfaces gigantesques qu'il faut couvrir, il est complètement illusoire de penser qu'un canon peut être la solution. De plus, il est exceptionnel qu'il existe une réserve d'eau au-dessus d'un glacier. Ce n'est pas transposable ailleurs. Et puis, cela engage une industrie lourde et des dépenses d'énergie très importantes pour installer les canalisations à l'aide de l'hélicoptère."
Au centre d'étude de la neige, basé sur le campus de Saint-Martin d'Hères, Marie Dumont, spécialiste des propriétés optiques de la neige, estime que ce système peut agir comme un pansement sur un glacier donné.
Mais il ne peut représenter en aucun cas une solution globale : "encore faut-il qu'il y ait une certaine épaisseur de neige pour isoler la glace. Et que cette neige artificielle soit assez blanche pour renvoyer les rayons du soleil. Cela dépend de la taille et de la structure des flocons produits. Enfin, l'effet protecteur ne sera que temporaire si les températures restent élevées et que la neige produite fond rapidement."
A l’heure où il ne neige plus mais où il pleut sur les glaciers, produire de la neige artificielle semble en effet bien vain.