En Savoie, des pompiers ont été réquisitionnés le vendredi 25 juin 2021 pour mettre sous pli des professions de foi pour le second tour des régionales, une mesure qui est mal passée, après des dysfonctionnements dans l’acheminement de la propagande électorale au premier tour.
Ils l'ont fait bon gré mal gré, mais pour les syndicats, la "goutte fait un peu déborder le vase". Lors de la distribution des professions de foi lors du premier tour, c'est la société privée Adrexo qui était sur la sellette. Cette fois, c'est une autre société privée, Koba Election, qui n'aurait pas prévu assez de bras pour la mise sous pli.
Résultat : ce sont les agents de la préfecture eux-mêmes qui s'y sont collés dans la dernière ligne droite, et la préfecture de Savoie a décidé de réquisitionner des sapeurs-pompiers de Savoie, alors de garde dans les casernes. De quoi faire grincer des dents les syndicats des pompiers professionnels.
« Les sapeurs-pompiers sont-ils les pis-aller de la fonction publique ? », interroge le syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels (SNSPP-PATS), en dénonçant une « gabegie morale » dans un communiqué transmis à la presse, précisant que la préfecture a fait valoir une loi de 1983, portant droit à l'obligation des fonctionnaires, qui impose un devoir d'obéissance aux pompiers.
Le syndicat a décidé de saisir le ministère de l'intérieur sur la question.
Ce n’est pas aux pompiers de pallier les carences de l’État
Au total une dizaine de pompiers professionnels et volontaires, de garde vendredi dernier dans une caserne de La Motte-Servolex près de Chambéry, ont été réquisitionnés tout l’après-midi pour remplir les enveloppes, aux côtés d’agents de la préfecture.
Selon Yann Périno, qui préside la section savoyarde du syndicat, la société privée - Koba Élection - chargée de la mise sous pli « n’avait visiblement pas rempli son rôle » mais « ce n’est pas aux pompiers de pallier les carences de l’État ».
« Koba n’avait pas recruté assez d’intérimaires, ils étaient sous-dimensionnés », a confirmé un porte-parole de la préfecture, précisant qu’une trentaine d’agents de l’État avaient également été mobilisés. « Tout le monde met la main à la pâte », a-t-il dit.
A l'issue du 1er tour, déjà, les couacs criants de la distribution des professions de foi des candidats avait soulevé un tollé, jusque dans les rangs du Sénat, où Gérald Darmanin avait été sommé de s'expliquer.
Le 25 juin, le préfet de la Savoie assurait que les professions manquantes seraient acheminées jusqu'à la veille du scrutin, et qu'elles étaient à défaut disponibles via internet sur le site de la préfecture...
Dans les départements alpins, depuis le début de la pandémie du Covid, les SDIS étaient déjà en première ligne, non seulement pour les interventions d'urgence, mais aussi sur le front de la vaccination.