Ce mardi 16 juin, une table-ronde a eu lieu à Paris, avec les parties prenantes du dossier Arjowiggins. Il s'agissait d'étudier la reprise du site pour le spécialiser dans la chromatogénie, afin de supprimer les résines fluorées des papiers à usage alimentaire. Le rendez-vous n'a rien donné.
Les discussions du jour au ministère de l'Economie et de l'Industrie n'ont finalement pas permis de trouver une solution économique et financière pour concrétiser rapidement le projet de reprise de la papeterie Arjowiggins de Charavines. "Les porteurs du projet n'ont pas convaincu", témoigne Jean-Paul Bret, président de la Communauté de communes du Pays Voironnais qui a participé à la réunion. L'heure est donc au statu quo. "Le ministère va financer une étude de marché sur ce produit novateur qu'est la chromatogénie. Il s'agit de vérifier que le marché est bien là", explique encore l'élu qui estime que "tout ça aurait pu être fait depuis longtemps!". L'étude ne rendra pas son verdict avant le 15 juillet. "On croit à ce projet, on a bon espoir que cet audit soit positif", a malgré tout déclaré Julien Ricardi, délégué CGT du site de Charavines, en sortant de la réunion à Bercy.
Interview Jean-Paul Bret
C'est aussi l'idée de Jean-Pierre Barbier, le président "Les Républicains" du Conseil départemantal de l'Isère qui dit déplorer cette issue: "Les salariés et leurs familles sont les premières victimes de l'impasse dans laquelle se trouve le dossier (...) Malheureusement, l'Etat, via la BPI (Banque Publique d’Investissement) n'a pas été à la hauteur. La BPI détenait les clés du dossier. Sa contribution pouvait permettre de boucler financièrement le plan de reprise. Tel n'est pas le cas. L'Etat porte une responsabilité importante dans la situation dans laquelle nous nous trouvons."
Néanmoins, Jean-Pierre Barbier affirme que "des marges de progrès existent encore tant du côté du repreneur, à qui il appartient de peaufiner son projet, que du côté de la BPI qui doit aussi faire les efforts nécessaires pour que l'industrie papetière perdure."
Le projet
Le projet présenté prévoit la reprise de 80 salariés sur les 158 du site pour produire du papier d'emballage alimentaire à l'aide d'une technique innovante baptisée chromatogénique qui se substitue aux traitements actuels.Selon Les Echos, cette "exclusivité mondiale" aurait un fort potentiel sur le marché des emballages alimentaires, en croissance de 6% par an.
Le projet nécessite en effet un investissement de 17 millions d'euros. Et la Banque publique d'investissement (BPI), actionnaire de Sequana, a été sollicitée pour prendre une participation.
En avril 2014, le papetier Sequana, maison mère d'Arjowiggins, avait annoncé un plan de restructuration prévoyant la cession de deux sites en France (Charavines, en Isère, et Wizernes dans le Pas-de-Calais) ou, à défaut, leur fermeture.