Catastrophe de Feyzin : "j’étais jeune sapeur-pompier, je sortais de l’école. C’était mon premier feu" se souvient Maurice

Une cérémonie en mémoire des onze sapeurs-pompiers décédés lors de la catastrophe de Feyzin s’est tenue ce mardi 4 janvier. Comme chaque année depuis 56 ans, Jean Meunier et Maurice Vincent, pompiers retraités, assistent à la cérémonie. Témoignages.

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Une erreur de manipulation sur une cuve de stockage de gaz. Le 4 janvier 1966, peu après 6h30 la raffinerie de pétrole de Feyzin était secouée par plusieurs explosions à cause d’une fuite de propane. Ce drame a provoqué la mort de 18 personnes dont onze pompiers et sept salariés.

Le SDMIS (Service Départemental-Métropolitain d'Incendie de Secours) organisait ce mardi une cérémonie d’hommage à Feyzin en présence des autorités et d’anciens pompiers présents lors de la catastrophe.

 "J’ai été brûlé à la main, blessé aux fesses et j’ai perdu un morceau d’oreille"

À 7h20, Maurice Vincent 26 ans est envoyé sur le site de Feyzin. "J’étais jeune sapeur-pompier, je sortais de l’école. C’était mon premier feu. Je suis parti direction la raffinerie, tout content" se souvient le retraité de 83 ans.

À l’école, Maurice apprend une multitude de manoeuvres à appliquer sur le terrain en cas d’incendie : localiser le feu, se mettre autour et employer des techniques précises. Mais  ce 4 janvier 1966 "c’était la débandade, il y avait des tuyaux dans tous les sens".  

Quand il arrive de Lyon, il découvre une cuve tenue par quatre pieds sous laquelle le feu brûle. Le bruit est infernal. Quelques instants après, deux pieds lâchent. La cuve se couche et explose. Maurice est projeté par terre : "J’ai été brûlé à la main, blessé aux fesses et j’ai perdu un morceau d’oreille" détaille le retraité.

Après avoir aidé un camarade en feu qui se roulait dans l’eau, Maurice donne l’alerte. "Il y avait un monsieur qui allait au boulot en voiture le long du canal. Je lui ai crié de vite faire demi-tour en lui disant qu’une autre cuve allait péter".

Depuis son « aventure » comme il la qualifie, Maurice dépose chaque année une gerbe de fleurs au nom des brûlés de la catastrophe.

"J’ai 81 ans, et la catastrophe de Feyzin, c’est comme si c’était hier"

Le 4 janvier 1966, Jean Meunier est lui-aussi de service à Lyon et appelé en renfort. "Arrivé à la hauteur de la raffinerie tout était en flammes. Quand on est arrivé sur la place de Feyzin, il y a eu la deuxième explosion. Celle qui a été fatale pour mes camarades" se souvient Jean, âgé de 81 ans.

L’octogénaire décrit une atmosphère chaotique où tout le monde cherche à s’enfuir. "Quand on se trouve devant une telle catastrophe, on ne sait pas ce qui va nous attendre. On est dans l’inquiétude constante".

À Feyzin, la solidarité s’organise rapidement. Si des ambulances évacuent les blessés vers l’hôpital, des habitants prennent dans leurs voitures personnelles les victimes. Des renforts sont envoyés de Vienne, Givors ou encore Marseille pour maîtriser les flammes. Ce jour-là, "tout le monde était monopolisé". En même temps que les explosions sur le site de Feyzin, d’autres pompiers sont mobilisés sur un important feu d’usine à Vaise. 

"C’est un événement qui marque la suite de sa carrière. Moi j’ai 81 ans. Feyzin, c’est comme si c’était hier. L’avoir vécu, ça ne peut pas s’oublier" insiste Jean Meunier, aujourd’hui président de l’association des retraités de Sapeurs-Pompiers du Rhône et de la Métropole de Lyon.

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