Deux après sa mise en service, la raffinerie de pétrole de Feyzin (Rhône) s’embrase en 1966. Cette première catastrophe industrielle en France provoque la mort de 18 personnes dont 11 pompiers. Retour sur ce drame, 56 ans après.
Une erreur de manipulation sur une cuve de stockage de gaz. Le 4 janvier 1966, la raffinerie de pétrole de Feyzin est secouée par plusieurs explosions à cause d’une fuite de propane. Ce drame provoque la mort de 18 personnes dont 11 pompiers et 7 salariés. Ce mardi 4 janvier à 11h30, le SDMIS (Service Départemental-Métropolitain d'Incendie de Secours) organise une cérémonie d’hommage à Feyzin en présence des autorités et de pompiers retraités présents lors de la catastrophe.
Première catastrophe industrielle de l’après-guerre
L’origine de cet accident est une fuite de propane causée par une erreur de manipulation lors d’un entretien de routine dans une cuve stockant du gaz.
Ce jour-là, trois règles ne sont pas respectées : ne pas intervenir de nuit, porter des gants et ouvrir les vannes des cuves de jours.
Dans l’air, un nuage de gaz se forme puis se propage. Au contact d’une voiture qui roule à proximité de la raffinerie, l’épais nuage de gaz provoque un violent incendie. Quatre cuves de stockage de gaz explosent alors successivement. Des centaines d’habitations sont détruites et des pointes thermiques sont mesurées jusqu’à plus de 65°C.
"Ça été Hiroshima ce jour-là. On a presque rien retrouvé hormis les ceinturons de certains pompiers décédés. Sept du Rhône et quatre de Vienne. Heureusement que c’est arrivé le 4 janvier, le dernier jour des vacances scolaires. À côté de la raffinerie, il y avait l’école des Razes. Si les enfants avaient été présents ça aurait été un carnage" souligne Roseline Agustin, directrice adjointe - responsable des actions culturelles Musée des sapeurs pompiers Lyon-Rhône.
"Tout le monde en parle, encore aujourd’hui"
Grégoire Berquin, dessinateur de BD, a consacré un numéro spécial à l’événement dans le mensuel Les rues de Lyon publié en 2020. "L’idée c’était de faire connaître et de raconter cette catastrophe qui reste dans l’imaginaire des Lyonnais. Tout le monde en parle, encore aujourd’hui. Même moi qui ne suis pas Lyonnais, quand j’étais petit chaque fois qu’on allait dans le sud et qu’on passait à côté on parlait de cette catastrophe. Avec ma BD je voulais éclaircir un peu tout ça."
Des conséquences sécuritaires et géographiques
Pour le dessinateur, cet accident a montré des manquements à la sécurité et "l’absurdité de sa [la raffinerie] position géographique", proche d’une autoroute. "Après la catastrophe de Feyzin, il y a eu un changement de frontière. Feyzin qui était en Isère est passé dans le département du Rhône. A l’époque, les pompiers de Lyon étaient intervenus en premier parce qu’ils étaient les plus proches mais le secteur dépendait des pompiers de Vienne ce qui a posé des problèmes de commandements. Feyzin et plusieurs communes se sont donc retrouvées dans le Rhône pour simplifier les choses" explique Grégoire Berquin.
Site classé Seveso
Si la raffinerie de Feyzin existe encore, elle a depuis été classée Seveso. Une classification attribuée aux sites qui présentent d’importants risques industriels. La région Auvergne-Rhône-Alpes abrite d’ailleurs de nombreuses industries classées Seveso dans la "Vallée de la chimie".