La France Insoumise a réussi à réunir un maximum de voix dans les villes de banlieues populaires autour de Lyon. Des villes, où les électeurs ont plus voté qu'en 2019.
À Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Villeurbanne, la France Insoumise arrive tête avec des scores au-delà des 20% des suffrages exprimés.
La stratégie du parti de Jean-Luc Mélenchon a donc fonctionné dans ces quartiers populaires où les réserves de voix sont nombreuses, compte tenu du fort taux d'abstention.
Mais avec 57,24 % d'abstention sur ce scrutin, les électeurs se sont beaucoup plus mobilisés qu'en 2019 puisque le taux d'abstention était un des plus élevés de France avec 79,2 % des électeurs qui ne s'étaient pas rendus aux urnes.
Pour Jaafar Greinch, militant associatif très impliqué à Vaulx-en-Velin, "beaucoup d'électeurs sont allés voter, à tort ou à raison pour soutenir la cause palestinienne". Selon lui, les personnes qui ont voté, c'est-à-dire moins d'un électeur sur deux, l'ont fait en réaction aux critiques de la France Insoumise pour ses positions affirmées de défense du peuple palestinien, et la normalisation du RN notamment sur les plateaux de télévision a joué un rôle dans le résultat du scrutin. "Il y a eu notamment une certaine mise en avant de Rima Hassan, (NDLR : élue députée européenne LFI, franco palestinienne, elle milite depuis de nombreuses années pour la création d'un État Palestinien)".
Dans son bureau de vote, Jaafar Greinch a croisé une électrice qui avait fait le choix de venir en avec un keffieh et des couleurs du drapeau palestinien. Mais ce qu'il retient, c'est surtout le taux de participation, lui qui pour les régionales, n'avait que 72 votes exprimés sur son bureau de vote et donc 5% des électeurs. "Quand des sujets sont importants, on peut donc mobiliser du monde, c'est une bonne nouvelle", estime-t-il même si au lendemain des élections européennes, il dénonce l'aberration que constitue pour lui la dissolution de l'Assemblée Nationale. À Vaulx-en-Velin, le député LR, Alexandre Vincendet, risque donc d'être concurrencé par une candidature LFI qui peut avoir ses chances compte tenu du contexte.
À Vénissieux aussi, les électeurs se sont plus mobilisés qu'en 2019. Dans un communiqué, la maire communiste de Vénissieux se félicite pour une victoire de la gauche dans sa commune et analyse ce résultat ainsi : "du référendum 2005, les Français disent non à l’Europe des marchandises, l’Europe de la finance et du libéralisme. L’Europe des lobbys et de la technocratie a dévoyé le projet de construction d’une Europe des peuples, d’une Europe sociale, de progrès et de solidarité.
À Villeurbanne, le député LFI Gabriel Amar a d'ores et déjà annoncé qu'il allait se représenter. Tout l'enjeu des élections législatives à venir les 20 juin et 7 juillet prochains de savoir si la France Insoumise peut gagner de nouvelles circonscriptions dans ces quartiers. Gabriel Amard en est convaincu et affiche une confiance qui dénote avec l'inquiétude générale suscitée par la dissolution de l'Assemblée Nationale : "la dissolution est la bienvenue" a-t-il déclaré après l'annonce du président de la République. "S'il faut retourner devant le peuple, nous le ferons la course de vitesse a commencé, il nous faut nous préparer à gouverner la France".
À Bron, où le maire est membre des Républicains, son parti n'arrive qu'en 5ᵉ position. Jérémie Bréaud n'y va pas par quatre chemins pour analyser le résultat de ce scrutin :
La macronie, c'est terminé ! Le président Macron, depuis 2017, s'érige comme le seul rempart face aux extrêmes. Il a voulu tuer la gauche traditionnelle et la droite traditionnelle, et s'ériger comme le seul rempart et au bout d'un moment la digue a explosé.
Jérémie Bréaud, maire LR de Bron
Dans les anciennes "ceintures rouges", convoitées et parfois conquises par la majorité présidentielle et les Républicains, la France insoumise a donc une carte à jouer indéniable pour les élections législatives avec une inconnue de taille : les électeurs vont-ils de nouveau se mobiliser ?
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