Guerre en Ukraine : "J’ai aidé plus de gens en une semaine qu’en toute une vie", le témoignage d’un bénévole rhodanien dans un camp de réfugiés

Noël Delaval et Camille Bertholon sont partis en Pologne la semaine dernière, seuls, avec une voiture remplie de dons. Là-bas, ils ont été recrutés comme bénévoles dans un camp de réfugiés à la frontière ukrainienne. Ils nous racontent leur quotidien.

Lorsque nous les avions rencontrés la semaine dernière, Noël et Camille bouclaient les valises. "On ne sait pas où on va, c’est l’inconnu, mais on sait qu’on pourra se rendre utiles". Ce jour-là, les deux habitants de Vaugneray, dans le Rhône, prenne la route. Direction, la Pologne. La voiture chargée de dons récoltés grâce aux réseaux sociaux. "Je pense que j’ai pu apporter plus d’aide ici que pendant l’intégralité de ma vie", témoigne aujourd’hui Noël Delaval, depuis Korczowa. C’est là, à la frontière ukrainienne, que Camille et lui ont pu se faire recruter comme bénévoles dans un camp de réfugiés.

"Imaginez un grand centre commercial dans lequel on a fermé toutes les boutiques". Noël plante le décor. "Il n’y a pas un centimètre d’espace entre chaque lit de camp, on est les uns sur les autres. Ici le Covid n’existe pas, les conditions sanitaires sont très mauvaises". Le centre a été mis en place par l’armée polonaise et il héberge actuellement 9000 personnes.

Aiguiller les réfugiés

A leur arrivée, les deux rhodaniens sont les deux seuls français sur place. Si, à certains endroits, les ONG sont très présentes, à d’autres, les bénévoles sont beaucoup moins nombreux. "On s’est retrouvés dans un chaos complet de personnes en détresse, qui avaient besoin d’aide. Les Ukrainiens traversent la frontière et ils ne savent pas que le train est gratuit pour eux, qu’ils ont automatiquement le statut de réfugié, qu’ils peuvent aller où ils veulent. On les aiguille, que cela soit pour trouver une carte sim ou un convoi", témoigne Noël.

Grâce à leurs appels sur les réseaux sociaux, ils sont rapidement rejoints par une quinzaine d’autres français. Leur mission : organiser le transport des réfugiés souhaitant se rendre vers la France. "C’est compliqué parce que les ¾ des réfugiés veulent aller en Allemagne, c’est juste à côté, et on peut facilement en revenir. Mais dès qu’on parle de France, d’Italie ou d’Espagne, pour eux c’est trop loin et ils ont l’impression que c’est un voyage aller sans retour".

A l’aide d’interprètes franco-ukrainiens, cet informaticien de 36 ans passe son temps à rassurer les familles de réfugiés. "On prend le temps qu’il faut pour leur expliquer comment cela va se passer et dans quelles conditions ils seront accueillis".

Un défi organisationnel

Un vrai défi, car le centre n’est pas du tout organisé. Aucun responsable de site, aucun fonctionnement pré-établi. "Toute la Terre est ici, les français, les italiens, les suédois et c’est difficile de coordonner toutes ces personnes", raconte-t-il.

Noël et Camille prennent donc les devants. Ils privatisent un  espace dédié aux réfugiés souhaitant se rendre en France, organisent des meetings points avec le drapeau français. A force de patience, ils arrivent à convaincre et Noël est désormais appelé par les mairies de nombreuses communes. "On prend contact avec moi et on me dit voilà, j’ai un bus de tant de places, vous pouvez me trouver tant de personnes ?". Sur les quatre cars de réfugiés arrivés à Metz cette semaine, Camille et Noël ont réussi à en remplir presque la moitié.

Un ascenseur émotionnel

"C’est une satisfaction personnelle, d’aider autant de personnes". Motivé par son histoire personnelle, la disparition de son père et l’implication de nombreuses personnes bénévoles dans les recherches, Noël a désormais le sentiment de la mission accomplie.

"C’est un ascenseur émotionnel, toute la journée, on ne fait que pleurer, je n’ai jamais eu autant de câlins de toute ma vie, énormément de mamans qui nous ont dit qu’on était des héros, qu’on était des anges. En terme d’émotions, on a eu notre claque".

La fierté. La compassion. Et la fatigue. "On dort 4h par nuit, on ne prend pas le temps de manger… On a un gilet jaune avec écrit french/english dessus et on ne peut pas se balader deux secondes dans les couloirs avant de se faire interpeller", explique Noël.

A Vaugneray, ses deux fillettes attendent son retour. Prévu dans le week-end. "Ça va être dur de rentrer, mais je ne peux pas ne pas revenir", prévient l’informaticien. Il a déjà été contacté par une ONG qui cherche à le recruter et espère garder contact avec tous les réfugiés qu’il a aiguillés vers la France.        

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