Laurent Gonon, l'un des piliers du combat des anciens verriers de Givors vient de disparaître. Décédé le 2 septembre 2024, cet ancien imprimeur retraité avait mis toute son énergie au service des anciens verriers victimes d'un scandale sanitaire et industriel.
"Et pourquoi on abandonnerait ? Ce sont des combats qui seront longs, c'est d'ailleurs là-dessus qu'ils comptent pour qu'on abandonne. Donc il faut poursuivre..."
Opiniâtreté et humilité. S'il ne fallait retenir que deux des qualités de Laurent Gonon, ce serait probablement celles-ci. Il vient de disparaître subitement à l'âge de 87 ans, à peine six mois après le décès de son épouse.
Le regard doux derrière ses lunettes, la moustache blanchie et la voix posée, Laurent Gonon était l'un des piliers du combat judiciaire épuisant que mènent depuis plus de 10 ans les anciens verriers de Givors (Rhône).
Un combat de plus de 10 ans
En 2001, alors que la direction de la verrerie veut fermer le site pour manque de rentabilité, cet ancien imprimeur devenu docteur en gestion est sollicité par les verriers pour étudier le dossier. Laurent Gonon les aide à formuler un contre-projet à la fermeture.
Malgré tout, la verrerie ferme en janvier 2003. "Mais on a reclassé tout le monde. Ça a coûté plus cher à la direction qu’un plan social. Un beau combat !" soulignait alors Laurent Gonon.
Mais à peine deux ans plus tard, les anciens verriers commencent à tomber malades. Ils sont de plus en plus nombreux à développer des cancers. Dès lors, Laurent Gonon va se battre à leurs côtés pour faire reconnaître devant la justice le lien entre l'activité professionnelle des verriers de Givors et la dégradation de leur santé, donc la responsabilité de leur ancien employeur. Plus de 10 années d'une bataille judiciaire pavée d'espoir et de désillusions et qui n'a à ce jour toujours pas abouti.
Un très grand monsieur
Jean-Claude Moioli préside l'Association des Anciens Verriers de Givors. Il connaissait Laurent Gonon depuis plus de 30 ans. L'annonce de son décès l'a atterré. "C'est un très gros choc, je ne m'y attendais pas du tout. C'est une perte énorme. Il nous a appris tant de choses, cet homme était un puits de science. Et humainement parlant, un très grand monsieur..."
Laurent Gonon, c'est le genre de personne qu'on ne rencontre qu'une seule fois dans sa vie...
Jean-Claude Moioli, président de l'Association des Anciens Verriers de Givors
Jean-Claude Moioli peine à contenir sa tristesse. "Surtout quand je pense qu'il est parti sans que le combat qu'il menait avec nous soit terminé, sans voir le résultat de tous ses efforts". Mais ce qu'il tient à souligner, c'est l'extrême qualité humaine de Laurent Gonon.
"Tous ceux qui l'ont rencontré étaient unanimes. Je me souviens d'un congrès syndical il y a quelques années où l'un des participants expliquait qu'il n'avait jamais connu de vrai patron de gauche. Je lui ai présenté Laurent, ils ont longuement parlé et je peux vous dire qu'après cette discussion, mon collègue n'en revenait pas d'avoir rencontré un homme comme celui-là..."
Les anciens verriers de Givors ont perdu un inestimable soutien, un compagnon d'une fidélité hors-normes. "Raison de plus pour ne pas abandonner notre combat. On le doit à tous ceux qui sont partis et à Laurent" conclut Jean-Claude Moioli.
Prochaine étape judiciaire : la décision de la Cour de cassation auprès de laquelle les anciens verriers de Givors ont déposé un pourvoi après que leurs demandes ont été rejetées par la Cour d'Appel de Lyon en mars 2024.