Six accusés devaient être jugés ce lundi 23 janvier 2023 devant la cour d'assises de Lyon pour le braquage d'un fourgon en Suisse. Mais trois d'entre eux manquaient à l'appel, et l'audience a été renvoyée. Un mandat d'arrêt a été lancé.
Trois accusés ne se sont pas présentés devant la cour d'assises de Lyon le lundi 23 janvier 2023.
Plus de cinq ans après les faits, il va donc falloir attendre encore plusieurs mois avant que la justice française ne statue sur cette attaque.
Ces derniers devaient comparaître pour avoir participé à l'attaque d'un fourgon de transport de fonds en Suisse en 2017, et avoir mis la main au passage, sur un butin record de 40 millions d'euros.
Les faits remontant à 2017, les accusés encourent 30 ans de réclusion criminelle et avaient déjà réalisé la durée maximale de détention provisoire.
Ils devaient donc comparaître libres, mais trois d'entre eux ne se sont pas présentés à l'audience. Un mandat d'arrêt a été lancé à leur encontre.
Le procès, initialement prévu en novembre 2021, avait déjà été renvoyé, un accusé ayant contracté le Covid. La cour d'assises du Rhône avait alors estimé "nécessaire de juger les six accusés ensemble".
Un butin de 40 millions d'euros retrouvés dans une villa à Annecy
Les accusés, originaires de la région lyonnaise, avaient été interpellés en mai 2017 près d'Annecy (Haute-Savoie) quelques heures après cette attaque nocturne entre Genève et Lausanne.
Ils avaient été arrêtés en possession du butin, constitué de billets de banque de différentes devises entassés dans des sacs, de quatre lingots d'or, ainsi que plusieurs milliers de pierres précieuses.
Selon l'accusation, les suivis préalables de la police judiciaire, avec géolocalisation et vidéosurveillance, les saisies en flagrant délit opérées par la brigade de recherche et d'intervention (BRI) et les traces d'ADN sont autant de preuves accablantes de leur implication.
"Le rôle de chacun n'est pas pour autant établi avec certitude", estime un avocat de la défense.
Prévu sur dix jours, le procès s'annonce tendu.
Selon l'ordonnance de renvoi des juges lyonnais de la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS), l'attaque résulte d'une "organisation structurée et hiérarchisée", illustrant les spectaculaires incursions du banditisme lyonnais en territoire suisse.
Huit braquages en Suisse en sept ans
Renseignements précis, armement lourd, préparatifs, itinéraires de replis, interception de fourgon: ce mode opératoire a été utilisé dans huit braquages de fourgons en Suisse au cours des sept dernières années.
D'autres dossiers de ce type sont en cours d'instruction à Lyon. Parmi eux, celui de Chavornay qui concerne l'enlèvement le 8 février 2018 de la fille d'un convoyeur à Lyon. Pour que sa fille soit libérée, celui-ci devait détourner son véhicule dans le canton de Vaud.
Dans l'affaire jugée à partir de ce lundi, le groupe de suspects est accusé d'avoir intercepté un fourgon de la société Loomis sur une bretelle d'autoroute, près d'Eysins, entre Genève et Lausanne. En brandissant des fusils d'assaut, en utilisant trois véhicules volés, des gyrophares, des brassards de police pour les uns, des cagoules pour les autres.
Les convoyeurs ont été menacés et ligotés, puis emmenés dans les coffres de deux voitures. Pendant ce temps, un des braqueurs prenait le volant du fourgon jusqu'à un chemin rural situé près de Divonne-les-Bains (Ain), en passant la frontière franco-suisse.
Là, les braqueurs ont transféré le butin, avant d'incendier le fourgon et une des deux voitures. Ils ont aussi aspergé les convoyeurs d'un produit javellisé, afin de faire disparaître des traces compromettantes.
Quelques heures après l'attaque, les six hommes ont été interpellés dans une villa de Chavanod, près d'Annecy, en Haute-Savoie.
Des suspects surveillés pendant plusieurs mois
Pendant le procès, les enquêteurs de la brigade antigang de Lyon viendront exposer à la barre le travail d'investigation qui a permis ce flagrant délit d'anthologie.
Tout est parti d'un renseignement sur les projets d'un malfaiteur de la région lyonnaise connu pour des vols à main armée en Suisse. Plusieurs mois de surveillance de ses activités et fréquentations ont permis d'identifier cette villa comme un lieu pouvant servir de base de repli. Des recoupements ont ensuite permis d'y détecter la présence de sa bande quelques heures après l'attaque du fourgon dans le canton de Vaud.
Outre le butin, plusieurs armes ont été retrouvées sur place, dont cinq fusils d'assaut et de l'équipement utilisé pour le braquage. Des empreintes ADN de plusieurs suspects ont été relevées sur les objets saisis.
Le procès est programmé sur dix jours, avec un verdict attendu le 3 février.
Les accusés encourent une peine maximale de trente ans de réclusion criminelle pour vol à main armée en bande organisée, et la réclusion criminelle à perpétuité pour ceux en état de récidive légale.
Avec AFP