Les menaces d'émasculation et de décapitation dont parle le maire de Rillieux "n'ont ni queue ni tête", selon un avocat

Nouvel épisode dans la bataille que se livrent des habitants de Rillieux-la-pape et le maire (LR) Alexandre Vincendet. L'avocat de Cyril Gonzalez, mis en cause par le maire, menace d'attaquer ce dernier pour injures publiques. Le maire demande des excuses publiques et évoque l'émoi de ses proches.

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Le lundi 15 février, dans un communiqué de presse relayé sur sa page Facebook, le Maire (LR) de Rillieux-la-Pape Alexandre Vincendet annonce avoir déposé plainte contre Abdelaziz Boumedience, président de l'Association MSI (Mouvement pour une Solidarité Internationale), ainsi que trois autres personnes, pour "menace de mort, complicités, incitation à la violence et outrage."

Cette plainte, est-il alors expliqué, fait suite à des "menaces de décapitation et d’émasculation proférées à son encontre et publiées sur les réseaux sociaux". Contacté ce matin, Alexandre Vincendet tient à confirmer que sa plainte a bien été déposée lundi (comme nous l'avons bien écrit dans notre publication précédente).

Parmi les personnes visées, le président de MSI, Abdelaziz Boumediene s'est insurgé mardi 16 février dans un article précédent contre une mise en cause qu'il estime "mensongère et diffamatoire". Il y rappelle, au passage, qu'il n'a "pas participé aux commentaires dénoncés par le maire" et qu'il "condamne toute forme de violence ou de manque de respect".

Une position que rejette Alexandre Vincendet. "Sur la page Facebook où il y a ces commentaires, Monsieur Boumediene a liké. Vous savez, liker, ça veut dire "j'aime"... Et quand on aime, ça veut dire qu'on cautionne. J'ai une capture d'écran où il like... Et après il l'a enlevé. Les captures d'écran sont dans la plainte. C'est un like sur l'article. Et monsieur Boumediene a relayé sur certains groupes Facebook des dizaines de fois des informations disant "il faut se mobiliser, Vincendet ne veut pas donner de nourriture aux pauvres etc..." On a jeté un nom en pâture", martèle-t-il. "Des fois, y'a pas de conséquences, là il y en a eu. Chacun doit assumer ses responsabilités.(...) Quand on like les uns et les autres, qui essayent de remuer l'agressivité envers un élu de la République, et que derrière, ça dérape..."

Concernant l'interdiction municipale de distribution alimentaire adressée à MSI, au sujet de laquelle le président de l'association a nié toute proposition de la mairie de collaborer avec d'autres organismes, Alexandre Vincendet précise qu'un mail, envoyé le 11 février à 16h36 par le Directeur délégué à la sécurité à M.Boumediene confirme qu'il a bien été "proposé à MSI de collaborer -pour des raisons sanitaires- avec d'autres associations, comme les Restaurants du coeur ou le Secours catholique. Ce qu'il nie au départ, mais il change de version dans la presse dans le cours de la journée."

Menaces réelles ou commentaires qui dérapent ?

Nouvel épisode ce mercredi 17 février, c'est cette fois l'une des trois autres personnes- Cyril Gonzalez- mises en cause et nommées dans le communiqué du maire, qui réagit vivement, par le biais de son avocat. Ce dernier explique que "monsieur Cyril Gonzalez conteste fermement les accusations portées contre lui et dénonce une instrumentalisation aussi irresponsable qu’indécente de vulgaires commentaires postés sous l’une de ses publications Facebook."

Selon maître Basson-Larbi, son client s'est contenté de relayer sur son compte Facebook un article de presse dénonçant le choix du maire d'interdire une distribution solidaire organisée par l'association MSI. "Ce faisant, Monsieur Cyril Gonzalez n’a fait qu’user de sa liberté d’expression dans le cadre d’un débat d’intérêt général utile dans une société démocratique." explique son avocat. Et estime que, de fait, il n'est pas responsable des commentaires qui ont été ajoutés sous ce post. Sauf qu'Alexandre Vincendet explique qu'il possède des captures d'écran qui montrent que Cyril Gonzalez aurait lui-aussi "liké" avec un coeur le commentaire "Du coup...la tête alors"...

Aucune menace n’est anodine, elles peuvent entrainer des drames comme notre pays en a déjà trop vécus.

Alexandre Vincendet Maire de Rillieux-la-Pape

De son côté, l'avocat minimise par ailleurs la gravité de ces commentaires, qu'il estime "relever plus du commentaire du café du commerce que de la réelle menace de commettre un crime ou un délit au sens du Code pénal." Alexandre Vincendet avait lui plutôt considéré qu'il s'agissait de "menaces de mort proférées sur Facebook, qui révèlent la véritable nature de l’association, qui n’hésite pas à laisser désigner une cible sur les réseaux sociaux et à relayer les menaces. Aucune menace n’est anodine, elles peuvent entraîner des drames comme notre pays en a déjà trop vécus."

Alexandre Vincendet soigne son image et sa popularité auprès de son électorat potentiel

Maître Basson-Larbi avocat de Cyril Gonzalez

Pour maître Basson-Larbi, le maire de Rillieux-la-Pape surferait "d’une part et de façon indécente, sur le douloureux souvenir de la décapitation de Monsieur Samuel Paty et, d’autre part, sur l’actualité relative aux menaces visant les élus locaux." Il replace également ces échanges sur un plan politique et estime qu'Alexandre Vincendet "a vu là l’occasion de clouer (des habitants) au pilori médiatique tout en soignant son image et sa popularité auprès de son électorat potentiel. L’élu de la République a utilisé certains commentaires sous la publication de monsieur Gonzalez pour tenter de lui nuire et pour régler ses comptes avec le Président de l’association MSI, qui n’a pas même commenté cette publication et que Monsieur Gonzalez ne connaît pas."

Menace de plainte pour injure publique

L'avocat va plus loin et estime que son client se réserve le droit de déposer plainte à son tour pour dénonciation calomnieuse, atteinte à la vie privée, diffamation publique et injure publique. Il rappelle que, dans son communiqué, Alexandre Vincendet a évoqué cette formule : « quand des esprits faibles parlent à d’autres esprits faibles... », ce qui, selon lui, relèverait de l'injure. "Si Monsieur Gonzalez se sent visé par le fait que je dis, de façon générale que, quand des esprits faibles parlent à des esprits faibles, on peut arriver à des drames, qu'il dépose plainte, c'est un état de droit." répond le maire. 

Plus globalement, sur cette plainte, Alexandre Vincendet explique : "Ils font ce qu'ils veulent. En attendant, les faits ont été caractérisés. J'ai bien été menacé. Il n'y a rien de drôle (...) Je vais vous dire : je ne porte pas plainte que pour moi. J'ai une famille. Et une femme qui, depuis 3 jours, est inquiète. Et un enfant en bas âge, scolarisé dans la commune. Vous voulez que mon fils rentre de l'école traumatisé ? " Il précise que, depuis son communiqué, il a reçu "des messages de soutien de tous bords, de centaines et de centaines d'élus, maires, présidents de métropoles, parlementaires de tous les partis. Même la députée de la 7ème circonscription... ou Bruno Bernard, dont je suis un farouche opposant. Je porte donc plainte pour tous ces élus qui sont, aujourd'hui, jetés en pâture" ajoute-il. "Aujourd'hui, les uns et les autres déposent des plaintes et font les outrés. Moi j'attends des excuses publiques. Ce qui s'est passé est gravissime, ce ne sont pas des propos de comptoir. C'est très facile de rire jusqu'au jour où on pleure. A force d'armer les esprits, on arme les gens tout court."

La police va entendre les différentes versions

Pour l'heure, Cyril Gonzalez, impliqué dans le monde associatif sportif local, et déjà dans une relation tendue depuis quelques temps avec la mairie d'après son avocat, pourra prochainement s'expliquer car il est déjà convoqué par le commissariat de Rillieux-la-Pape. Ce que nous a confirmé le maire: "La justice a été saisie. J'ai cru comprendre  que le Parquet avait demandé à ce que toutes les personnes soient entendues (...) visiblement des auditions sont en cours. La justice prend les choses au sérieux. Elle fera son travail. Si elle décide de m'entendre, je répondrai avec grand plaisir." Affaire à suivre.

Une manifestation "pour appeler à l'apaisement et dénoncer la décision de la mairie d'interdire la distribution de l'association MSI" doit avoir lieu samedi après-midi. Elle se déroulerait en dehors de Rillieux-la-Pape, à la demande de la préfecture. Les colis alimentaires seraient ensuite déposés directement chez les bénéficiaires "afin de respecter la tranquillité républicaine", précise Abdelaziz Boumediene.

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