Alexandre Vincendet a annoncé qu'il déposerait plainte contre deux internautes qui le menacent physiquement sur un réseau social. Cette plainte du maire (LR) de Rillieux-la-Pape viserait aussi Abdelaziz Boumediene, président de l'association MSI, qui a pourtant condamné ces menaces.
L'association MSI (Mouvement pour une solidarité internationale) existe depuis de nombreuses années à Rillieux-la-Pape et s'est donnée pour objectif d'apporter une aide aux populations précaires. Abdelaziz Boumediene en est le président : "J'ai commencé à participer à mes premières actions de solidarité il y a 27 ans" explique-t-il. "J'ai fait partie des administrateurs de centres sociaux, membre des conseils de quartier. J'ai toujours été engagé". MSI mène aussi des actions locales, tous les jeudis à Perrache et les vendredis à la gare Part-Dieu. "Suite à la crise sanitaire, on a développé nos interventions, notamment à Rillieux. Ce contexte a développé une pauvreté sans précédent. On apporte une aide alimentaire aux familles en difficulté, aux réfugiés, à des personnes âgées isolées."
Depuis un an, l'association a lancé une distribution régulière de kits sanitaires et colis alimentaires rue Michelet à Rillieux-la-Pape. "Nos statuts rappellent que nous n'avons ni appartenance politique ni religieuse. A chaque fois, on demande une autorisation. D'abord on échangeait directement avec un directeur de service. Puis, depuis quelques mois, on devait envoyer notre demande en parallèle au cabinet du maire. J'ai bien gardé toutes les copies des mails." explique le président de MSI.
Deux versions différentes
Le 13 février, pourtant, le maire (LR) de Rillieux-la-Pape décide d'interdire cette distribution pour des raisons de sécurité sanitaire. Dans un communiqué, Alexandre Vincendet explique qu'il aurait plutôt proposé à MSI " de s’associer au Secours populaire, à la Banque Alimentaire, aux Restos du Cœur, ou encore au Secours Catholique, pour assurer sa distribution solidaire de colis alimentaires. Cette recommandation s’imposait au vu de l’état d’urgence sanitaire qui proscrit les rassemblements. Les associations dédiées savent assurer de telles distributions dans le strict respect des mesures sanitaires en vigueur. Malheureusement, le MSI a refusé toute collaboration." est-il expliqué.
Faux, rétorque Abdelaziz Boumediene. Pour lui, cette proposition n'a jamais existé. "A aucun moment, on ne nous a demandé de travailler avec le Secours catholique. Pour respecter l'interdiction municipale, nous avions simplement envisagé d'annuler notre stand de distribution et ré-organisé notre association afin d'aller déposer, directement, les colis chez les particuliers samedi prochain".
Au passage, MSI s'indigne de cette interdiction auprès de la presse, qui s'en fait l'écho. Un article " qui aurait fait perdre toute crédibilité au maire, ce qu'il n'a pas supporté" explique le président de MSI. L'article de presse, très partagé, aurait récolté un certain nombre de commentaires désagréables et ces menaces de représailles physiques. "Il n'attendait que cela. Que quelqu'un dérape sur les réseaux sociaux, pour pouvoir l'utiliser" explique Elise Sabin, bénévole occasionnelle au sein de l'association MSI et aussi... conseillère municipale d'opposition (ndlr : nouvelle élue non-encartée et adhérente anticor, millitant pour l'éthique). Selon eux, Alexandre Vincendet, qui a lancé récemment une épicerie solidaire soutenue par la Ville, n'accepterait pas le succès de la distribution organisée par MSI, à laquelle participent des élus qui ne sont pas de son bord.
Une plainte... de chaque côté
En tout état de cause, les menaces proférées par ces deux internautes sont probablement condamnables. "Et nous les condamnons fermement, comme toute forme de violence, de manque de respect ou d'insultes" réplique Abdelaziz Boumediene. "Mais on condamne aussi fermement cet amalgame avec notre association. Nous ne sommes pas une police morale, habilitée à contrôler tout ce qui est écrit dans les commentaires sur les réseaux sociaux, ni responsables. Les accusations de Vincendet sont mensongères et c'est de la pure diffamation." s'insurge-t-il.
Le maire Alexandre Vincendet annonce avoir déposé plainte lundi 15 février: "Ces menaces proférées sur Facebook révèlent la véritable nature de l’association, qui n’hésite pas à laisser désigner une cible sur les réseaux sociaux et à relayer les menaces. Aucune menace n’est anodine, elles peuvent entrainer des drames comme notre pays en a déjà trop vécus" explique-t-il dans son communiqué. Une mise en cause indigne, selon Abdelaziz Boumediene, qui compte lui-aussi porter plainte. "Notre seul but est de venir en aide aux familles, et à aucun moment nous n'avons participé à ces actes. En faisant cet amalgame, le maire cherche à se sauver la face. C'est une supercherie flagrante".
pour moi, c’était juste une blague
Suite à ces événements, l'un des individus mis en cause par le maire de Rilleux-la-Pape, Mr Vardon a exprimé le 16 février 2021 ses regrets dans un article paru sur le site de nos confrères du Progrès : "Farid Vardon vit en Auvergne et dit avoir « halluciné de la proportion que l’affaire prenait. Je ne connais même pas ce M. Vincendet, mais je lui ai aussitôt envoyé un message privé pour m’excuser car pour moi, c’était juste une blague, comme j’en fais souvent avec des amis. Si j’avais vraiment voulu menacer ce monsieur, je l’aurais nommé et j’aurais parlé à la première personne du singulier. Ça me servira de leçon : moi je suis capable de rire de tout, mais je m’aperçois qu’à l’heure actuelle, ce n’est plus possible ».