Le bilan d'étape de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise fait état d'au moins 10.000 victimes en France. "Ce chiffre me bouleverse, me fait froid dans le dos" a réagi sur notre antenne ce 4 mars 2021, l'archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay.
Monseigneur Olivier de Germay a repris les rênes du diosèce de Lyon, succédant ainsi au démissionnaire cardinal Barbarin, suite à la tourmente de l'affaire Preynat et des agressions sexuelles commises par l'ancien curé. Le nouvel archevêque de Lyon reconnait qu'à son arrivée, il a tout de suite "senti que ce diocèse a vécu un traumatisme".
"Ce traumatisme, c'est d'abord celui des victimes et je crois qu'on prend de plus en plus conscience de la profondeur de ces blessures qui ont été infligées", enchaîne immédiatement Mgr Olivier de Germay.
Les abus sexuels au sein de l'Église représentent le coeur des travaux d'une Commission indépendante qui devrait rendre son rapport en septembre 2021. Mais ce 2 mars, un point d'étape de la Ciase fait état d'au moins 10.000 victimes dans les diocèses français depuis 1950.
"Ce chiffre me bouleverse, ça me fait froid dans le dos."
À l'évocation de ces 10.000 victimes d'abus sexuels dans l'Église selon la Commission indépendante, monseigneur Olivier de Germay s'est dit bouleversé à titre personnel. "Le chiffre est énorme, même s'il s'agit d'une projection. Surtout lorsqu'on sait les traumatismes que cela peut engendrer. Cela nous conforte dans cette conviction qu'il faut vraiment poursuivre le travail de prévention qui a été engagé", commente l'archevêque de Lyon.
Que doit faire l'Église face au traumatisme des victimes ? À cette question, le primat des Gaules débute sa réponse en citant les victimes qui "disent de ne pas réparer l'irréparable".
"Ce qui est certain, c'est que nous devons prendre conscience de ce traumatisme, et puis en tirer les conséquences", poursuit monseigneur Olivier de Germay, en rappelant qu'une cellule d'écoute est désormais en place dans tous les diocèses, et qu'un travail de prévention est également engagé, lors de la formation des futurs prêtres. Et d'ajouter, "aujourd'hui dès qu'il y a une affaire qui implique un prêtre ou une personne en responsabilité dans l'Église, on fait un signalement".
"Le diocès a fait le choix de faire en sorte que toutes les victimes (de Preynat) soient indemnisées"
Interrogé sur les suites de la condamnation de Bernard Preynat et de son insolvabilité, Mgr Olivier de Germay a confirmé que 169.000 euros ont été accordés à quatorze victimes de l'ancien curé, pour qui les faits étaient prescrits dans cette affaire.
"Nous avons au niveau canonique fait en sorte que, même pour les victimes pour lesquelles les faits étaient prescrits, qu'elles puissent être indemnisées" rappelle l'archevêque de Lyon.
Les sommes ont été versées en décembre 2020, via un fonds exceptionnel de l'Église qui s'était tourné vers des "donateurs ciblés" pour l'abonder.
En ce qui concerne les sept autres victimes de Bernard Preynat, parties civiles lors du procès de l'ancien prêtre, elles vont être indemnisées par le biais d'un fonds de garantie de l'État.
Vers d'autres changement au sein de l'Église ?
"On va attendre le rapport de la Ciase en septembre, qui fera des préconisations", a déclaré le primat des Gaules. Selon Mgr Olivier de Germay, "ce drame est trop important pour qu'on puisse regarder cela de façon trop légère. Donc, bien sûr que s'il y a des conséquences à tirer, des choses à changer dans le fonctionnement de l'Église, il faudra le faire".
Du 22 au 24 février, les évêques de France devaient se réunir lors d'une assemblée plénière exceptionnelle, afin de poursuivre leur réflexion sur les abus sexuels et la responsabilité de l'Église.