"Entre liberté et sécurité", sept sapeurs-pompiers de la Loire attendaient beaucoup d'une décision du tribunal administratif. Ils espèrent pouvoir réintégrer leur caserne après avoir été suspendus. En cause : leur barbe qui pose la question de la sécurité.
Le tribunal administratif de Lyon, saisi en urgence, a pris le temps d'écouter les parties. La décision devait être rendue sous 48 heures. D'un côté, des sapeurs-pompiers. De l'autre, leur hiérarchie. La décision est tombée ce jeudi 7 mars. La requête des pompiers a été rejetée. En cette fin d'après-midi, les motivations du juge des référés n'étaient pas encore connues. Les pompiers devraient en savoir plus dès demain matin à la lecture complète de la décision.
Les soldats du feu suspendus ont à présent 15 jours pour introduire un recours devant le Conseil d'État. Ce dernier pourrait bien ne pas se prononcer avant 2 à 3 mois. Les pompiers auront-ils la possibilité d'attendre aussi longtemps ? La question est posée.
Un risque pour la santé ?
Pour l'avocat du SDIS de la Loire (Service Départementale d'Incendie et de Secours), ces pompiers "sont des gens méritants, à qui l'on doit la protection". La protection, selon lui, c'est d'éviter un risque sur les interventions, notamment les inhalations de fumées. En portant une barbe, la fumée pourrait passer à travers leur masque. Depuis début février, les sept agents se présentent, non rasés, chaque jour à leur caserne. Chaque jour, ils sont renvoyés chez eux.
"Il y a urgence"
Le référé suspension de ce jour visait à annuler cette décision de leur hiérarchie. "Il y a urgence" selon l'avocate des pompiers. "Urgence financière, car ils ne sont plus rémunérés, urgence dans l'intérêt du service qui fonctionne avec des effectifs en moins".
"Entre sécurité et liberté"
Le port de la barbe a suscité les débats. "On a en main la vie des gens. Si ceux qui sont au service de la sécurité des autres ne veillent pas à leur propre sécurité, ça pose un problème", selon l'avocat du SDIS.
On est à l'équilibre entre deux objectifs : la sécurité des agents et la liberté qu'on ne conteste pas, mais qui est peu compatible aux interventions avec masques. Si un cancer se développe, on ira chercher la responsabilité de la hiérarchie.
Philippe Petit, Avocat du SDIS de la Loire.
Une barbe bien taillée
Pour Marie Cochereau, qui défend les pompiers, "en droit, rien n'empêche un sapeur-pompier de porter la barbe. C'est une liberté fondamentale, à condition qu'elle soit bien taillée" a-t-elle expliqué à la sortie de l'audience. "La barbe n'est pas une question de sécurité" a-t-elle ajouté.
La barbe ne pose pas de difficulté dans d'autres départements. Au regard des équipements que peuvent porter les agents, comme les masques FFP2 ou les ARI (Appareil Respiratoire Isolant - NDLR), la barbe n'est pas un obstacle.
Marie Cochereau, avocate des sapeurs-pompiers.
Placés en "service hors rang" depuis le 16 février dernier, les sept pompiers attendent désormais de savoir si la justice va les autoriser à retrouver leurs collègues pour des interventions sur le terrain, afin d'assurer la sécurité de leurs concitoyens. Rasés ou pas.