Le 23 juin 2021, dans le centre de Lyon, une nonagénaire était renversée par une trottinette électrique. L'état de la vieille dame qui était autonome jusqu'à l'accident, s'est fortement dégradé. "Elle est révoltée. Elle veut que cet accident serve à quelque chose", selon ses proches.
"C'était quelqu'un de parfaitement autonome, indépendante, parfaitement valide et sans aucun problème de sénilité," a confié Christine Fornier, la fille de la nonagénaire renversée par une trottinette. Pour preuve, juste avant l'accident qui l'a expédiée aux services des urgences d'un hôpital lyonnais, la nonagénaire était venue dans le centre-ville par ses propres moyens, en bus et métro, depuis le 5e arrondissement. Aujourd'hui, elle ne cache pas son inquiétude pour sa mère, hospitalisée depuis le 23 juin dernier. Elle est passée d'une vie "totalement autonome et indépendante", à une situation "d'invalide". A ce jour, la vieille dame est encore alitée avec des fractures cervicales.
Elle a vu un bolide arriver. Elle a été projetée en l'air, elle n'a pas compris !
Le jour de l'accident, il était environ 10 h du matin lorsque la nonagénaire a été renversée par une trottinette électrique. La vieille dame a été violemment percutée alors qu'elle traversait la rue. L'accident s'est produit sur un passage piéton de la place Bellecour. Sur ce carrefour, situé à l'angle de la rue Gasparin, le passage piéton est protégé par des feux tricolores. Le choc a été violent : la vieille dame a été hospitalisée dans un état grave.
"Ma mère emprunte toujours les passages piétons où il y a un feu. Elle est toujours très prudente," affirme aujourd'hui Christine Fornier, trois semaines après l'accident. Elle est formelle : "ma mère en est persuadée, elle a traversé la rue au vert (pour le feu piéton)". De son côté, le conducteur et propriétaire de la trottinette électrique nie avoir grillé le feu rouge.
Vitesse excessive de l'engin dans cette zone 30? Non-respect du code de la route et des feux tricolores? Imprudence de la vieille dame? Une enquête devrait rapidement permettre de faire la lumière sur cet accident, notamment grâce aux images de des caméras de vidéosurveillance.
En attendant, l'état de santé de la vieille dame s’est détérioré peu après son accident selon ses proches. Elle ne retrouvera sans doute jamais sa mobilité. "Aujourd'hui, ma mère est révoltée. Elle commence à perdre le moral," s'indigne la fille de la nonagénaire.
Elle est révoltée contre la circulation un peu anarchique de ces engins qui vont trop vite. Elle veut que cet accident serve à quelque chose.
Une procédure a été lancée par la famille qui s'est portée partie civile. Elle s'est tournée vers un cabinet spécialisé. Mais les proches de la vieille dame, qui ne décolèrent pas, veulent aussi alerter les pouvoirs publics.
Quand l'assurance fait défaut...
Pour l'avocate de la famille, la difficulté consiste à composer entre une législation toute récente sur les trottinettes et des utilisateurs souvent peu informés, notamment en matière d'assurance. "Une trottinette électrique est un véhicule terrestre à moteur, soumis à une obligation d'assurance. Mais beaucoup de personnes l'ignorent et ne s'assurent pas," explique Marlène Druilhe, conseil de la famille de la victime.
Une grande partie de la population ignore qu'elle doit assurer sa trottinette. Pourquoi? Parce que c'est quelque chose qui s'achète extrêmement facilement en magasin, ce n'est pas précisé...
Or le défaut d'assurance est lourd de conséquences : "la victime va être privée d'un tiers solvable et va devoir se tourner vers un fonds d'indemnisation. Les procédures de prises en charge sont beaucoup plus longues," explique Me Marlène Druilhe. Le défaut d'assurance rime aussi avec double peine pour le propriétaire de la trottinette en cas d'accident responsable : "il encourt des poursuites et des sanctions pénales. Il va en outre devoir rembourser sa dette auprès du fonds d'indemnisation qui aura indemnisé la victime. Elle peut être colossale selon la gravité du préjudice," précise-t-elle.
Contrairement au parc privé, les utilisateurs d'une trottinette partagée bénéficient "automatiquement" d'une assurance. Elle est incluse dans les locations de trottinettes partagées.
Trottinettes partagées et vitesse : les opérateurs dans les clous
Pour rouler plus vite, certains propriétaires de trottinettes électriques n'hésitent pas à débrider leurs engins. Certains peuvent même rouler à plus de 50km/h. Or la vitesse maximale autorisée de ces engins, notamment sur piste cyclable, ne peut excéder les 25km/h. Les opérateurs ne s'exonèrent pas de ces règles et peuvent aller au-delà des obligations.
"Un véhicule partagé est un véhicule très contraint. La vitesse est bridée. La loi dit que c'est 25km/h. Notre flotte est bridée à 20km/h et on peut brider la vitesse par zone, notamment sur les rues piétonnes où la vitesse est limitée à 10km/h, comme la place Bellecour ou la rue Herriot," explique Manon Pagniez, directrice régionale de Dott, l'un des deux opérateurs présents à Lyon.
En matière de comportement, la représentante régionale de l'opérateur Dott l'assure, l'accent est mis sur la prévention. Des formations sont régulièrement organisées avec initiation en ville. "On a 5 accidents corporels légers tous les 1 million de trajets. C'est très faible comparé à d'autres modes de transports," affirme-t-elle.