Dans le cadre du festival des imaginaires Yggdrasil, qui se déroule à Lyon, l’astronaute de réserve Arnaud Prost est venu raconter son métier au public. A seulement 30 ans, l’ingénieur a déjà un parcours impressionnant et est bien placé pour pouvoir prétendre à un futur vol spatial. Un horizon qui fait aujourd’hui rêver de plus en plus de jeunes. Rencontre.
L’appel de l’espace. Quand il prend au corps, il est tenace. Les étoiles, c’est un rêve, une passion qu’Arnaud Prost a depuis qu’il est tout jeune enfant. A 30 ans seulement, il est devenu astronaute de réserve. Une originalité inventée par l’Agence spatiale européenne. En plus d’avoir sélectionné en 2022 des astronautes de carrière dans toute l’Europe, dont la française Sophie Adenot, l’agence a également nommé onze réservistes, susceptibles de devoir partir en mission en cas de besoin.
Sur le chemin de l’espace, Arnaud Prost est donc désormais bien placé. En plus de devoir rester prêt à embarquer, le jeune ingénieur de la direction générale de l’armement est devenu l’ambassadeur du vol habité. Son rôle, c’est de démocratiser le monde de l’espace et de susciter des vocations, notamment auprès d’un jeune public, déjà fortement enjoué par les succès de Thomas Pesquet. « C’est vraiment dans cette veine que l’on essaie de s’inscrire. C’est important d’avoir un rôle pédagogique, notamment avec les jeunes, de leur expliquer pourquoi c’est important d’aller dans l’espace, de leur communiquer notre passion pour l’exploration spatiale ».
Rester motivé
Raconter son parcours, ses espoirs, ses succès. Pour devenir réserviste, le français a été sélectionné parmi 22 000 candidats européens. « Le métier d’astronaute, il a de particulier qu’il y a très peu de places, il y a très peu de vols spatiaux. La sélection est donc très compliquée, il ne faut pas l’occulter, mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer. Le message principal, c’est qu’il n’y a pas de recette pour être sélectionné par l’Agence spatiale européenne, comme astronaute de réserve, ou pour aller dans l’espace. Quand on voit la diversité des profils qui ont été retenus, il y a vraiment de tout. Il y a des chercheurs, des docteurs, des pilotes, de tous les âges, de tous les sexes ».
Humble, tout en restant déterminé, il encourage sans relâche les nouvelles générations à aller au bout de leurs ambitions. « C’est vraiment important de dire aux gens et surtout aux jeunes que si c’est quelque chose qu’ils veulent faire, ils doivent poursuivre ce rêve. Et même si à la fin ils ne vont pas dans l’espace, moi je n’ai pas encore de garantie à l’heure actuelle d’y aller un jour, tout ce qu’ils vont réussir à gagner en chemin, l’effort qu’ils vont faire pour se rendre éligible à cette mission, ils vont en tirer des fruits et ça va leur servir dans leur vie ».
Continuer de rêver
Une leçon de philosophie, presque, à laquelle il ajoute l’importance de rêver. « Un autre besoin qui est essentiel, et notamment pour les jeunes générations, c’est de rêver. L’espace propose des projets qui demandent la collaboration de plusieurs nations, qui nécessite que tout le monde rame dans le même sens, et je pense que sur le plan inspirationnel, c’est très important. C’est un besoin qu’ont les nouvelles générations d’avoir du sens, d’avoir une direction dans laquelle aller et l’exploration spatiale, est vraiment un vecteur unique pour cela ».
Titulaire d’un master en astrophysique, sciences spatiales et planétologie, pilote de chasse et plongeur professionnel, Arnaud Prost a fait le choix de la science. La voie royale, selon lui, pour accéder au graal des passionnés de l’espace : le vol. Mais aussi la meilleure façon de s’accomplir tout en restant les pieds sur terre. « L’espace est non seulement un élément clé qui va nous permettre, dans le futur, d’avancer sur le plan technologique, et donc d’améliorer la vie, le quotidien sur terre, mais c’est aussi un élément essentiel de la sécurité, ça sauve des vies l’espace, les gens ne le savent pas assez. Parce que c’est un milieu exigent, parce que c’est un milieu qui techniquement demande le meilleur, que ce soit sur le plan de l’ingénierie, sur le plan humain, sur le plan de la collaboration, ça permet de faire des découvertes qui vont nous changer la vie ».
Désormais dans le vestibule de l’espace, Arnaud Prost doit se tenir prêt. S’il va continuer à exercer son métier actuel d’ingénieur, il est susceptible de rejoindre un vol à tout moment, il doit donc continuer à s’exercer, rester en bonne condition physique pour passer l'épreuve médicale annuelle de l'Agence spatiale européenne et surtout ne jamais arrêter de rêver.