Deux ans après l'accident qui a coûté la vie à une jeune femme cours Vitton à Lyon, le tribunal correctionnel jugera le 22 octobre prochain le conducteur et un occupant de la voiture. La famille de la victime estime n'avoir pas été entendue et se dit victime d'un traitement discriminatoire.
Il aura fallu tout juste deux ans d'instruction et une guerre de procédure pour en arriver là. Les deux responsables présumés de l'accident qui a coûté la vie à une jeune femme, Anne Laure Moreno et qui en a grièvement blessé une autre au coeur de Lyon en octobre 2016 seront jugés le 22 octobre 2018, date anniversaire de la tragédie. Il s'agit du conducteur et du passager avant, qui avaient pris la fuite aussitôt après la collision mortelle.
La chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Lyon donne droit en définitive aux conclusions du juge d'instruction Patrick Audugé, vice-président du tribunal, qui étaient contestées par la famille de la victime tuée dans l'accident. Dans un premier appel, la chambre de l'instruction avait pourtant demandé très clairement au juge de revoir sa copie. Il lui était demandé de reconsidérer l'affaire sous un autre angle, en incriminant cette fois les quatre occupants de la voiture pour leur participation à cette virée mortelle.
Mais en définitive, au terme d'un bras de fer engagé par la famille Moreno et son avocat, Me Bohé, l'instance judiciaire finit par se ranger aux arguments du magistrat instructeur. Seuls le pilote de la Clio, Kialanda K, 26 ans, et son passager Saad. S, 27 ans, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour "homicide volontaire avec circonstances aggravées et blessures involontaires". Le conducteur roulait à très vive allure, sans permis, sans assurance et il venait de griller plusieurs feux rouges. De la drogue avait été saisie dans la voiture.
"Corporatisme judiciaire"
Eric Moreno, le père de la jeune femme, n' a pas de mots assez durs pour qualifier l'analyse du dossier et "le corporatisme judiciaire" qui a servi de toile de fond : "L'instruction a été bâclée, menée de manière partiale. Et maintenant, les représentants de la justice se renient. On a des fonctionnaires qui jugent avant d'instruire".
Il reproche par ailleurs au juge "un traitement discriminatoire". Ses demandes de rendez-vous n'ont pas abouti. Il estime ne pas avoir été entendu comme d'autres familles plongées dans le deuil après un accident mortel. Il observe par ailleurs que dans une affaire comparable, la justice lyonnaise a poursuivi et condamné non seulement le conducteur, mais aussi ses passagers.
Engagé dans un combat politique pour obtenir une reconnaissance de l'intention criminelle dans les accidents mortels commis par des chauffards, le président du collectif "Etsicetaitvous" entend bien obtenir un réveil des consciences. Une douleur qui lui fait dire aussi que sa fille a été "assassinée".