Ce jeudi soir, sur France 2, Envoyé spéciale diffuse un documentaire sur la pollution aux perfluorés au Sud de Lyon. Mardi 10 mai, une diffusion avait déjà eu lieu, à la maison de l'environnement. A Pierre-Bénite, l'information a circulé, les habitants et leur maire réagissent.
Au terme d'une enquête qui a duré 2 ans, le journaliste Martin Boudot lève le voile sur la présence massive de perfluorés autour de l'usine d'Arkéma de Pierre-Bénite. Ces composants chimiques aussi appelés polluants éternels sont présents dans les objets du quotidien mais surtout dans le sol, l'eau et l'air de Pierre-Bénite au sud de Lyon.
Leur concentration dépasse largement les normes établies par d'autres pays européens (la France n'ayant toujours pas établie de norme pour les mesurer et alerter sur leur présence).
A Pierre-Bénite, le bouche-à-oreilles a fonctionné après une première diffusion du reportage de Martin Boudot, les habitants réagissent.
Des habitants inquiets et parfois résignés
Ali Bennour est pierre-bénitain. Cela fait 13 ans qu'il cultive ses légumes dans les jardins partagés qui avoisinent l'usine Arkéma et qu'il les consomme. L'annonce d'une pollution de la terre l'angoisse au point que son carré potager ne constitue plus son havre de paix. "Je suis retraité, je dormais presque ici, explique-t-il en désignant son jardin, j’étais tous les jours là. Et tout ce que j’ai planté je l’ai mangé. Là, j’ai arrêté depuis deux jours, je n'y touche plus."
Dans la commune qui compte quelque 10 000 habitants, les effets d'une telle pollution inquiètent, notamment aux abords des écoles. "Les usines, c’est bien, mais voilà c’est dangereux, déclare Agnès Araujo devant la grille du groupe scolaire. Et moi qui ai un petit garçon de 10 ans, diabétique depuis l’âge de 4 ans je me sens très TRÈS concernée."
La ville s’est construite autour des usines chimiques... Tout le monde se doute bien que la pollution est latente
Alain Foncachon, pierre-bénitain
Un peu plus loin, Abdelouahab Sadouni, lui aussi vit à Pierre-Bénite, lui aussi a entendu parler du reportage et de ses révélations. S'il refuse de céder au catastrophisme il n'est pas réellement rassuré. "Ça nous interpelle. On n’en a parlé avec ma femme. Après on s’est dit qu'il y a des habitants qui ont vécu 80 ans voire plus et qui ne sont pas tombés malade, c’est rassurant mais au fond ...c’est inquiétant" conclut-il.
D'autres comme Alain Foncachon, tentent de relativiser. "La ville s’est construite autour des usines chimiques, ça ne date pas d’il y a 20 ans ou 10. C'était il y a 60, 70 ans. Donc, tout le monde se doute bien que la pollution est latente."
Des autorités sanitaires mutiques
Faut-il fermer le stade contaminé ? Prendre des mesures préventives ? La mairie a déjà posé ces questions mais est toujours dans l'attente de réponses. "On est absolument accompagné de personnes ! s'insurge Jérôme Morage, l'édile LR de Pierre-Bénite. Quand on demande des réponses on n'en obtient pas. Y a-t-il un danger ? Oui ? Non ? Y a-t-il des mesures à prendre ? Toutes ces questions, nous les posons depuis deux ans, nous n’avons jamais obtenu de réponse."
La mairie ouvrira la maison du peuple aux habitants pour découvrir au moment de la diffusion du magazine le reportage. L'"Alerte aux polluants éternels" mis au jour dans le reportage d'Envoyé spéciale risque de résonner encore dans le Sud de Lyon.