Selon une enquête menée par 2 journalistes de l'agence Premières Lignes, pour Envoyé spécial, pas moins de 200 000 personnes seraient concernées par une pollution aux perfluorés. Les perfluorés, aussi appelés PFAS, sont désignés comme des polluants éternels. Autour de Pierre-Bénite et l'usine Arkéma, la pollution atteint des niveaux inquiétants.
Ils sont partout, depuis les années 40, les PFAS ou perfluorés ont envahis notre quotidien.
Signalés comme dangereux depuis 2009, ils sont particulièrement présents dans la vallée de la chimie.
Que sont les perfluorés?
Les perfluorés, aussi appelés PFAS, font partie d’une famille de composés chimiques synthétiques. Fabriqués artificiellement par l’homme, les PFAS se déclinent en plusieurs milliers de molécules qui contiennent, comme l’indique leur nom, du fluor.
Ce fluor confère à la molécule plusieurs particularités.
- La molécule a des liaisons atomiques robustes et résistantes. C'est leur robustesse qui va rendre leur utilisation om.
- Les PFAS ont des propriétés antiadhésive, anti-graisse, anti-feu, du ciré jaune à la poêle à frire en téflon, des mousses d'extincteurs au maquillage résistant à l'eau, du fil dentaire à certains dispositifs médicaux, les PFAS ont envahi notre quotidien et nos organismes.
Des polluants éternels
Les molécules sont tellement résistantes qu'elles peuvent demeurer éternellement dans la nature. En effet, aucune bactérie n'attaque les perfluorés, à tel point qu'ils ne se dégradent pas et restent à l’état de PFAS pour très longtemps.
L’enquête à découvrir dans envoyé spécial, jeudi soir sur France 2, se base sur des prélèvements d'air, d'eau et de terre, effectués autour de Pierre-Bénite. Leurs analyses mettent au jour des résultats inquiétants. La pollution aux PFAS serait présente jusque dans le lait maternel.
Aux Etats-Unis et dans d'autres pays européens des normes ont été mises en place. Elles fixent les seuils de dangerosité. La France n'en a toujours pas, ce sont donc les normes néerlandaises qui ont été utilisées par les journalistes.
Dans le sol du stade, le prélèvement révèle une présence de perfluorés 86 fois supérieure à ce qu'autorise les normes hollandaise.
"Dans l’eau, explique Martin Boudot, journaliste à l'origine du reportage, on a retrouvé 36 000 fois plus de perfluorés entre la valeur en amont et la valeur en aval du site industriel (Arkéma de Pierre-Bénite)."
210 000 personnes directement concernées
Le journaliste poursuit, "Et dans tous les robinets, on a retrouvé des niveaux de perfluorés au-dessus des niveaux des normes européennes, qui ne sont pas encore appliquées en France, mais elles existent déjà en Europe. C’est 210 000 personnes qui sont concernés."
L'impact de cette pollution sur la santé des riverains laisse de moins en moins de doute. Martin Boudot les explicite :"Les perfluorés, c’est une famille de composés chimiques. Il y en a plus de 4500, ils ont tous des effets différents sur la santé. Ils peuvent être cancérigène, ils peuvent avoir des effets sur le développement neurologique, perturber les hormones, le foie, les reins...Certains sont interdits depuis quelques années mais ils sont toujours présents dans l’environnement."
C'est un scandale environnemental, sanitaire et politique.
Martin Boudot
Les italiens, les belges, les hollandais et les Américains ont d'ores et déjà établis des normes, des seuils de pollution. Pas la France.
"C’est un scandale environnemental, sanitaire et politique. On est très en retard sur la réglementation donc il y a une pression à mettre sur les politiques. On a travaillé avec un des meilleurs spécialistes des perfluorés en Europe, il nous a aiguillé."
Le journaliste souligne "C’est la première fois que l’on parle d’un scandale sur les perfluorés en France alors qu’il y en a déjà eu aux États-Unis, en Belgique, en Hollande ou en Italie, il y en avait partout sauf en France."
Le journaliste espère que les citoyens et les élus s'emparent du dossier.
Le ministère de l’environnement a reçu les journalistes, la ministre a annoncé qu'une enquête sur le site de Pierre-Bénite allait être menée.