"Alerte aux polluants éternels", 4 mots qui disent tout. Ce jeudi 12 mai au soir, Envoyé spécial diffuse une enquête tournée à proximité de l'usine Arkéma à Pierre-Bénite au sud de Lyon. Elle lève le voile sur une vaste contamination aux polluants chimiques, les perfluorés. Hier soir, mardi, à la maison de l'environnement le reportage était diffusé devant des riverains. Ils sont abasourdis.

Alors qu'il n'a pas encore été diffusé au grand public, le reportage de Martin Boudot et Manon de Couët fait déjà réagir.

A l'image des scandales sanitaires qui ont eu lieu aux Etats-Unis avec le Téflon, c’est au tour des Français et des Italiens d’alerter sur les dangers des rejets industriels à la durée de vie illimitée et surtout de leurs effets sur la santé des riverains. 

L'enquête porte sur un composant chimique omniprésent dans notre vie quotidienne : les perfluorés.

 Une alerte nécessaire 

Dans la salle de réunion de la maison de l'environnement, les chaises ont été disposées pour accueillir les riverains. Rapidement entre 80 et 100 personnes sont là, impatientes d'en savoir plus sur la contamination aux perfluorés dans la vallée de la chimie.

Aux côtés du journaliste qui a mené l'enquête, Martin Boudot, le professeur Jacob de Boer, président du département chimie environnementale et toxicologie de l'université d'Amsterdam, l’un des meilleurs spécialistes européens sur la question.    

« Les composants fluorés sont persistants, ils ne se décomposent pas, et aucune bactérie n’est intéressée pour les détruire. Par conséquent, ces molécules s’accumulent et se révèlent très toxiques, à chaque fois, elles sont plus nombreuses elles ne disparaissent jamais » précise-t-il. 

Martin Boudot a travaillé des mois sur ce scandale environnemental. "Vous voyez, dit-il, il y a 4 500 composés chimiques dans la famille des perfluorés, et il y a autant d’effets possibles, des problèmes de thyroïde de cholestérol…"

Des prélèvements aux résultats préoccupants

C’est sur le terrain de football, proche de l’usine Arkema que le journaliste a effectué certains prélèvements. Contrairement à ses voisins, la France n’impose aucune réglementation sur ces molécules. 

"Même s'il y a aujourd’hui des normes européennes, la France n'en a aucune.  Nous avons essayé de savoir où nous en étions à Pierre-Bénite par rapport à ces normes européennes, explique -t-il. Et on s’est rendu compte que quasiment tous les prélèvements étaient au-dessus de cette norme européenne" .

Des riverains bouleversés

Riverains, associations et anciens salariés d'Arkema sont sous le choc. Roger Tarrago, est l'ancien secrétaire du CHSCT Arkema Pierre-Bénite. L'enquête l'a secoué. "Je suis bouleversé par l’ampleur des dégâts qui sont constatés dans l’environnement de Pierre-Bénite." 

La présence de perfluorés a été constatée jusque dans le lait maternel d'une douzaine de mamans, dont Capucine. «Pour moi, l’allaitement, c’était quelque chose de très simple à la base, et là ça m’inquiète si j’ai un deuxième enfant. Ça m’inquiète aussi pour ma fille à qui j’ai transmis tout ça, déplore Capucine Ovize, d'autant que moi j'avais un taux assez haut.»  

À Pierre-Bénite, les taux relevés dans les eaux de rejet et au robinet sont très élevés. Les habitants constatent avec effroi qu'ils vivent au quotidien avec cette pollution depuis des dizaines d’années.

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