Agressions sexuelles au Canada: à Lyon, la congrégation du père Rivoire enclenche son exclusion

Ce mercredi 14 septembre, la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) a annoncé à Lyon qu'elle entamait une procédure de "renvoi" d'un de ses membres, le père Rivoire. Ce dernier, âgé de 92 ans, est accusé d'agressions sexuelles sur de jeunes Inuits au Canada dans les années 1960. Le père Gruber avait réservé la primeur de cette annonce à cette délégation qu'il a rencontrée ce mercredi après-midi.

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"Nous avons entamé une procédure de renvoi canonique, car le père Rivoire refuse obstinément d'obéir à notre ordre et de se présenter à la justice" canadienne, a annoncé ce mercredi 13 septembre à la presse le père Gruber, provincial des Oblats de France, en marge de la visite d'une délégation d'Inuits venus soutenir une demande d'extradition déposée par Ottawa contre le religieux franco-canadien. 

Alors que le ministère de la Justice a indiqué mardi qu'il n'extraderait pas un ressortissant français, "conformément à sa tradition constitutionnelle". La délégation Inuit n'a plus qu'un espoir : que le nonagénaire accepte de prendre l'avion vendredi pour le Canada de son plein gré. Le père Rivoire s'y refuse.

La position du père Rivoire, la congrégation des Oblats la déplore : "il faut qu'il y ait une justice pour les victimes, on ne peut pas oublier les victimes présumées. Nous-même, nous sommes engagés depuis longtemps. J'ai voté pour la commission indépendante, pour la commission de reconnaissance et de réparations. J'ai voté pour ça ! Je faisait partie des 16 administrateurs nationaux. Le cri des victimes ne peut pas rester sans réponse", a martelé Vincent Gruber, Provincial des Oblats de Marie Immaculée.

Double rencontre à Lyon

Ce mercredi 13 septembre, la délégation canadienne a rencontré, au siège de la congrégation à Lyon, le responsable des OMI. Concernant l'exclusion de Joannes Rivoire, le père Gruber avait réservé la primeur de l'annonce à cette délégation qu'il a rencontrée dans l'après-midi.

La délégation inuit a également rencontré le père Rivoire dans l'après-midi. 

Cette double réunion était organisée au siège de la congrégation à Lyon, dans le quartier Saint-Just, d'abord avec la direction de l'OMI puis avec le père Rivoire. La rencontre a eu lieu à l'abri des caméras. 

Le père Rivoire a finalement accepté la rencontre après de longues négociations. Mais jusqu'au dernier moment, la rencontre était incertaine. Un soulagement pour les victimes présumées du père Rivoire et leurs enfants. 

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La délégation Inuit reçue ce mercredi 13 septembre 2022 au siège de la congrégation à Lyon, par le responsable des OMI. ©France tv

A l'issue de la rencontre, la représentante inuite Kilikvak Kabloona a regretté que l'intéressé eut comme auparavant "complétement nié toutes les allégations". "Il ne s'est rappelé de personne au Nunavut". "A certains moments, il prétend qu'il a tout oublié qu'il ne se souvient de rien. Mais 10 secondes plus tôt il se souvenait et était content de ses souvenirs", a expliqué la représentante de l'organisation Nunavut Tunngavik.

Les Inuits doivent s'exprimer plus en détails lors d'une conférence de presse prévue ce jeudi matin à Lyon.

Accusations d'agressions sexuelles

Joannes Rivoire, 92 ans, qui réside à Lyon, mais a aussi la nationalité canadienne, est visé par une demande d'extradition déposée début août par Ottawa. Le missionnaire de la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée est accusé d'agressions sexuelles sur de jeunes Inuits dans les années 1960 lors qu'il était en mission dans le Grand Nord canadien. Le nonagénaire conteste ces accusations. 


Le prêtre, qui a quitté le Canada en 1993 après 33 ans de terrain, n'a jamais été inquiété. Après un premier mandat d'arrêt entre 1998 et 2017 pour agressions sexuelles sur trois mineurs, il fait l'objet d'un second mandat d'arrêt au Canada depuis février, après le dépôt d'une nouvelle plainte en septembre 2021 pour une agression sexuelle survenue il y a environ 47 ans. Joannes Rivoire qui a toujours contesté ses accusations, réside désormais à Lyon.

Une délégation Inuit réclame l'extradition 

Lundi 12 septembre à Paris, une délégation inuite est venue réclamer l'extradition du religieux, de retour en France depuis 1993. La délégation est notamment composée d'une victime présumée et de deux enfants d'une autre victime présumée du religieux. Steve Mapsalak, inuit du Grand nord canadien, est présent en France. Devant la presse, il n'a pas pu contenir son émotion : "Rivoire sait ce qu'il a fait et ce qu'il a fait de mal. J'ai toujours cru être la seule victime au Nunavut mais j'ai appris qu'il y en avait d'autres", a déclaré Steve Mapsalak. "Le public en France doit savoir. L'église abrite un fugitif ici, un prédateur sexuel, on doit l'expulser, l'envoyer au Canada pour qu'il soit traduit en justice," a déclaré Tanya Tungilik, la fille d'une victime présumée, qui a également fait le déplacement en France.



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