L'issue du procès "Air Cocaïne" sera connue ce vendredi 5 avril aux Assises d'Aix-en-Provence. Les neufs accusés dont les pilotes du Falcon 50, l'Isérois Bruno Odos et le Lyonnais Pascal Fauret seront fixés sur leur sort. Lundi, l'avocat général a requis 7 ans de prison aux 2 pilotes.
Les juges rendront leur verdict ce vendredi 5 avril 2019, dans le procès de trafic international de cocaïne, aux Assises d'Aix-en-Provence, après sept semaines d'audience. Ce dossier hors normes a été scruté sous toutes ses coutures, de Saint-Tropez à la République dominicaine.À 9 heures ce matin, les neuf accusés, dont les deux pilotes de Falcon 50, l'Isérois Bruno Odos et le Lyonnais Pascal Fauret auront une dernière fois la parole. Puis les six juges professionnels de la Cour d'assises spéciale d'Aix-en-Provence, chargée de juger ce dossier de trafic international de cocaïne, se retireront pour la délibération.
En début de semaine, l'avocat général Marc Gouton avait livré un réquisitoire de dix heures, demandant de lourdes peines de prison ferme, jusqu'à 25 ans pour la peine maximale, à l'encontre des neuf accusés.
Le magistrat a assuré n'avoir pas "l'ombre d'un doute" sur l'existence d'un trafic. Tous nient pourtant leur participation et ont demandé l'acquittement, excepté Frank Colin, un acteur-clé qui prétend être un "agent infiltré" et contre qui 12 ans ont été requis.
"Ils savaient"
Les juges vont devoir faire le tri entre des centaines d'expertises, témoignages et interrogatoires examinés, sept ans après la première des trois rotations transatlantiques suspectes d'un Falcon 50.
La troisième de ces rotations sera celle qui déclenchera l'affaire : les pilotes Bruno Odos, 59 ans, et Pascal Fauret, 58 ans, ont été arrêtés en mars 2013 sur un tarmac de Punta Cana. Ils s'apprêtaient à prendre les commandes de l'appareil, à l'intérieur duquel les autorités dominicaines annoncent avoir saisi 700 kilos de cocaïne.
Les deux hommes y ont été condamnés à 20 ans de prison mais sont parvenus à s'enfuir clandestinement vers la France.
"Ils savaient" que l'avion qu'ils allaient piloter transportaient de la drogue, a inisté le représentant du ministère public. Il convient toutefois que ces anciens pilotes militaires, décorés, n'étaient "certainement pas (...) des mercenaires au service du crime organisé". Mais "ils ont été littéralement confits dans un système dont ils n'ont pas voulu sortir, ce postulat selon lequel le client est roi, qu'on ne peut rien savoir, qu'on ne doit rien savoir."
L'avocat général estime que tous les accusés avaient conscience de participer à un trafic de drogue, prenant des précautions pour brouiller les pistes en changeant constamment les plans de vols par exemple, et ont continué de le faire après le premier vol suspect.
La défense quant à elle pointe l'absence de preuves matérielles, malgré les moyens d'enquête déployés, ou les conteste.
"Vous n'avez même pas la certitude que de la cocaïne a été saisie."
L'enquête "empile des évènements tout à fait anodins de façon à ce qu'ils deviennent extraordinaires", a clamé l'avocat des pilotes Me Antoine Vey, quand son confrère Eric Dupond-Moretti a dénoncé une "justice détestable qui fonctionne à vide".
Pour les avocats d'Ali Bouchareb, présenté comme le commanditaire des trois rotations suspectes entre Saint-Tropez, Punta Cana ou encore Quito, le seul à comparaître détenu, l'accusation n'est qu'une "construction intellectuelle" pour faire condamner leur client, mis en cause dans d'autres affaires de drogue.
"C'est très particulier la République dominicaine... C'est un peu Tintin chez les Picaros", a ironisé Me Philippe Screve, l'un de ses avocats. "Vous n'aurez jamais de certitude sur ce qui a pu s'y passer, vous n'avez même pas de certitude que de la cocaïne a été saisie. Une juridiction française ne peut pas condamner comme cela".
Sept ans de prison ont également été requis à l'encontre d'un collègue et du patron des pilotes, Fabrice Alcaud et Pierre-Marc Dreyfus, pour leurs "rôles complémentaires", et quatre ans contre un douanier présumé complice, François-Xavier Manchet.