Un ex-mandataire judiciaire a écopé de quatre ans de prison ferme, le 6 octobre 2020, par le tribunal correctionnel de Lyon. Jean-Philippe Reverdy a détourné plus de 12 millions d'euros en l'espace de dix ans.
C'est trois ans de moins que la peine requise par le procureur. Le Tribunal correctionnel de Lyon a condamné, mardi 6 octobre, un ancien mandataire judiciaire à quatre ans de prison ferme, et dix ans d'interdiction professionnelle.
Jugé pour abus de confiance aggravé, faux et usage de faux, Jean-Philippe Reverdy, âgé de 61 ans, a été reconnu coupable d'un détournement de fonds, évalué à plus de 12 millions d'euros.
D'abord quelques milliers, puis une centaine de milliers d'euros
Il "a monté tout un stratagème. Cette ingéniosité, cette permanence dans la fraude, ce ne sont pas le fait d'un homme faible, écrasé par la dépression", a dit du prévenu à l'audience, la procureure Charlotte Trabut, évoquant "un système maîtrisé et réfléchi".
Selon l'instruction judiciaire ouverte en juin 2018, Jean-Philippe Reverdy a encaissé sur un compte personnel ouvert auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations, des centaines de chèques de créanciers des procédures collectives qu'il traitait. Le mandataire a commencé par des chèques de quelques milliers d'euros. Puis, constatant la faille du système, le montant était de plus de 100.000 euros.
En juin 2018, un dépôt de plus de 195.000 euros attire l'attention, et la banque signale l'affaire à la Justice.
Les victimes les plus récurrentes de l'ancien mandataire judiciaire sont des créanciers publics (URSSAF, Trésor Public, Apicil, Coface...). Une vingtaine d'organismes et banques se sont constitués parties civiles à l'audience, dont le Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires, pour qui, "un délinquant a porté atteinte à l'image de toute une profession".
Condamné pour avoir détourné plus de 12 millions d'euros entre 2008 et 2018, Jean-Philippe Reverdy était l'un des six professionnels de la place à Lyon. L'ex-mandataire judiciaire dépensait l'argent en objets de luxe, acquisitions immobilières et travaux domestiques, "dans une fuite en avant permanente", selon les experts psychiatres qui n'ont toutefois pas reconnu d'altération du discernement.
Radié de la profession, le prévenu a déjà effectué huit mois de détention provisoire depuis sa mise en examen à l'été 2018.