Le vélo est le nouveau roi de la ville. Mais depuis près d'un siècle, l'histoire de la ville et du vélo a connu bien des cycles.
En ville, l'histoire du vélo est un peu compliquée. A la fin de la guerre, on manque de voitures, le vélo tient logiquement le haut du pavé. Triporteurs et biclous à remorque pullulent, tout le monde ou presque se déplace à vélo. L'engin est tellement omniprésent que même les couturiers s'y intéressent. La jupe-culotte fait un carton dans des concours d'élégance pour les belles à vélo.
Même pour les femmes
Déjà les médecins lui trouvent des tas de vertus pour la santé, y compris pour les femmes "dès lors qu'elles sont en bon état et qu'elles n'ont pas de problèmes gynécologiques" affirme la faculté. Même constat pour les personnes âgées, des octogénaires aux pattes musclées vantent les mérites de la pratique régulière du vélo.
Les inventeurs s'y mettent aussi, en ajoutant 4 places supplémentaires au classique tandem. Le vélo a aussi ses ambassadeurs de prestige. Michel Audiard, dialoguiste de génie, explique que la nuit, il range son vélo dans sa chambre pour que personne n'y touche. En selle, jamais de casque pour Audiard mais son inséparable casquette «Je porte une casquette parce que je ne peux pas faire du vélo avec un casque à pointe...»
Un guidon dans la tête
Si dans les rues, les années 60 avaient tout sacrifié à la voiture, les chocs pétroliers de 1973 et 74 remettent le vélo en selle. Les soixante-huitards, déjà nostalgiques des barricades, en font leur nouvel emblème de contestation.
En ville, les problèmes sont bien identifiés. Manque de pistes cyclables, pas de stationnement dédié, vitesse excessive, les rapports vélo-voiture sont déjà tendus. Du coup, au début des années 80, la création de bandes cyclables le long des grands axes à Givors est vu comme un happening d'avant-garde. Quant à la création à Grenoble d'une (seule) piste cyclable d'un tout petit kilomètre, c'est une révolution.
Mais il faudra attendre le 21e siècle pour que la ville rende toute sa place au vélo. Au tour des automobilistes de ronger leur frein...
Avec l'INA