Attentat à Arras : si les portiques de sécurité à l'entrée des lycées rassurent, sont-ils efficaces ?

La région Auvergne Rhône-Alpes a installé depuis plusieurs années des portiques de sécurité, tourniquets et sas, dans ses lycées publics afin de mieux contrôler les entrées et sorties. Après le drame d'Arras, c'est une des pistes envisagées par le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Éducation nationale pour renforcer la sécurité de tous les établissements. Un dispositif "rassurant", mais pas forcément "infaillible".

" Depuis 2016, nous avons sécurisé les lycées d'Auvergne-Rhône-Alpes : portiques d'accès, caméras de vidéo-protection, alarmes anti-intrusion, dispositifs anti-bélier, mais aussi des équipes mobiles d’accueil renforcé. La sécurité de nos enfants est notre priorité et un combat quotidien", a réaffirmé par écrit  le 16 octobre, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes, dans un message publié sur le réseau social X. Un message posté quelques jours après l'attentat d'Arras.

Sur les 305 établissements publics d'Auvergne Rhône-Alpes, la majorité est aujourd’hui équipée de portiques ou de sas surveillés par un gardien, mais aussi de vidéo protection. La Région a investi 110 millions d’euros depuis 2016 pour renforcer la sécurité dans ses lycées et empêcher les intrusions extérieures. Des mesures efficaces ? 

Pas de 100% sécurité 

Près de Villefranche-sur-Saône, le lycée Louis Armand est l’un des premiers de la Région à avoir été équipé de portiques de sécurité, des tourniquets qui se déclenchent avec des badges, voilà plus de cinq ans. Les flux d'élèves sont canalisés, les entrées et sorties contrôlées. "Il y a des personnels qui surveillent, c'est fait pour que seuls les élèves du lycée entrent", explique l'un d'eux. "C'est bien, on est plus indépendant, on peut entrer et sortir comme on veut avec notre badge", explique une autre. Le dispositif est surtout utile pour éviter les intrusions extérieures, même s'il n'est pas infaillible. 

Ces portiques, sas et autres tourniquets activés à l'aide de badges "rassurent". Ils sont "relativement efficaces", selon Marc Flecher, le proviseur. "On rentre difficilement dans l'établissement. On a du personnel de loge qui vérifie les entrées et sorties. On a déjà eu par le passé des alertes, au regard des caméras extérieures qui indiquent des présences d'individus pouvant apparaître suspect', explique-t-il. Pour le proviseur de cet établissement du Rhône, il n'y a pas de sécurité absolue possible. Et le chef d'établissement insiste aussi sur la notion "d'éducation au risque".   

"On a des caméras de surveillance de l'établissement et des abords de l'établissement, mais il y a surtout une éducation au risque faite auprès de nos élèves en leur faisant prendre conscience de la situation, actuelle et passée. En leur disant d'être vigilants aux abords de l'établissement et de nous indiquer tout ce qui pourrait leur paraître suspect", explique le proviseur. "Rien n'est infaillible, d'où la nécessité d'être très vigilant, collectivement et individuellement, au fait de voir entrer des personnes inconnues à l'établissement", assure Marc Flecher.

Des lycées ou des bunkers ?

À Meyzieu, dans l’est lyonnais, le tout nouveau lycée Colonel Arnaud Beltrame inauguré à la rentrée, semble barricadé. Présenté comme un modèle en matière de sécurité, l'établissement coche toutes les cases : bornes anti voitures-béliers, alarmes anti-intrusion, vidéo protection. Sans oublier les fameux portiques de la Région qui équipent aujourd’hui la plupart des lycées de la région. Un équipement qui a pu faire grincer des dents. 

"C'est vrai qu'il y a eu des réactions un peu épidermiques, en disant, il ne faut pas que nos lycées deviennent des prisons. En réalité, ce ne sont pas des prisons, c'est de la protection des élèves, des équipes éducatives par des moyens de sécurité', explique Renaud Pfeffer, vice-président Conseil Régional délégué à la sécurité.

"Là, on est typiquement dans un cas où tous les moyens sont mis en œuvre pour assurer la sécurité des lycéens et des enseignants. Ce n'est pas une question de prison. Un établissement comme celui-là doit être sanctuarisé et sacralisé. Ce qui se passe à l'intérieur, c'est de l'apprentissage, de la transmission, du savoir, de la vie sociale. Ce n'est pas de la violence, du trafic ou du harcèlement", argumente Renaud Pfeffer.

Concilier sécurité et sérénité

"Les portiques apparaissent comme des solutions sécurisantes, ils servent à fluidifier l'entrée, éviter qu'un assaillant se cache au milieu d'un groupe. Mais lorsque les élèves arrivent en nombre, ils s'agglutinent devant les portes". Si la présence de portiques semble rassurante, elle n'est cependant pas non plus la panacée en matière de sécurité.

Pour les parents d'élèves, ces équipements paraissent toutefois faire consensus, faute d'une meilleure alternative. "Si les parents doivent choisir entre des portiques et des murs totalement étanches, je pense qu'ils prendront les portiques," assure Olivier Toutain, Président de la Fédération PEEP. "Dans les remontées que nous avons, il y a bien une demande de sécurisation, mais pas une demande de sécurisation à outrance", précise le président de la Fédération des Parents d'Élèves de l'Enseignement Public.

Ces dispositifs de sécurité devant l'entrée des lycées pourraient bientôt être généralisés en France. Le Ministre de l’Éducation doit sonder les syndicats de l’enseignement dans les prochains jours.

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